lundi 29 janvier 2007

Cherry-almond loaf cake de Nigella et petites confidences sur Patoumi

Gracianne me demande gentiment de lever le voile sur cinq choses que vous ne savez pas encore de moi. Je suis un peu gênée, c'est penser que ma vie pourrait vous intéresser, mais en même temps, quand on a un blog, on ne fait que ça, révéler des choses sur soi, alors l'exercice n'est pas tellement plus difficile que d'habitude. Merci Gracianne d'avoir pensé à moi!
Quand j'avais environ six ans, j'aimais beaucoup les barres de chocolat Kinder et aussi le camembert un peu fait. Partant du principe que bon+bon=bonbon, un jour où personne n'était là pour me surveiller, j'ai décidé de me concocter pour le goûter du camembert au Kinder râpé. A la première bouchée, j'ai compris que trop de bon tue le bon.
Je ne sais pas conduire. Je vais apprendre bientôt, pour me faciliter la tâche par rapport au travail futur et puis aussi parce que j'ai toujours un peu mal au coeur quand nous faisons de longs voyages en voiture de ne jamais pouvoir relayer G. Je crois avoir tant tardé à apprendre parce que la conduite automobile représente une grande avancée vers le monde des adultes (et donc des responsabilités) et que c'est l'une des choses qui m'angoissent le plus.
Je ne porte jamais de bijoux, pas même une montre, et je ne sais pas me maquiller. Je trouve que tout un tas de filles ont une classe folle avec de belles boucles d'oreilles ou un joli bracelet ou une bague un peu originale mais moi, j'aurais l'impression de ne pas être moi, justement. Pareil pour le maquillage, même si j'adore lire les pages beauté de Elle. Peut-être un jour passerai-je à l'action.
Je ne me suis toujours pas remise d'avoir vu Ma nuit chez Maud.
J'aime bien les objets 100drine, j'ai toute une collection de boîtes, un sac, des mugs, un porte-monnaie, des petits carnets, et dernièrement, après avoir dégusté une tartine aux oeufs brouillés, à la courgette et à la pancetta au Petit Flore de Nantes (en dessert, il y avait du cheesecake au citron mais, de l'avis général, il ne rivalisait pas avec le citrobon!), G. m'a offert un très chouette jeu de cubes vu dans la vitrine du magasin de jouets, à côté du restaurant.


Eva, tu voudras bien nous dire cinq choses sur toi?

Gracianne a publié dernièrement une petite série de jolies recettes au délicieux parfum anglo-saxon et je suis contente de proposer avec mes réponses un nouveau gâteau nigellesque. C'est un peu un gâteau du placard avec tout le charme que cela comporte: tout est déjà dans la cuisine, peu de temps est nécessaire et le résultat est bluffant, ce cherry-almond loaf cake étant terriblement délicat et parfumé. J'ai utilisé des cerises pasteurisées de chez Marc Peyrey gentiment envoyées par la grand-mère de G. (avec des tomates séchées qui ont fini dans une belle tarte au beaufort, des mirabelles qui ont farci un filet mignon en croûte de speculoos et des abricot qui avaient tenu compagnie à une volaille rôtie). J'ai trouvé aussi que le cake était meilleur le lendemain mais bon, il faut parfois savoir céder à la tentation.

Cherry-almond loaf cake de Nigella
(une recette issue de How I try to be a domestic goddess, finalement je l'aurais bien rentabilisé)
Pour un moule à cake de 23cm
-200g de cerises (les miennes étaient donc mi-cuites et pasteurisées, Nigella utilise pour sa part des cerises glacées)
-250g de farine
-100g de poudre d'amandes
-225g de beurre mou
-175g de sucre roux
-3 oeufs battus
-2-3 gouttes d'essence d'amande
-6 cuillères à soupe de lait
-1 sachet de levure

Rouler les cerises dans un peu de farine pour une future répartition régulière.
Fouetter le beurre et le sucre jusqu'à obtenir un mélange aérien.
Ajouter les oeufs progressivement, bien mélanger.
Verser les 2-3 gouttes d'essence d'amandes.
Ajouter la farine, la poudre d'amande, la levure.
Incorporer le lait puis les cerises. Mélanger juste pour bien les répartir.
Verser dans le moule apprêté pour l'occasion et faire cuire environ cinquante minutes dans un four préchauffé à 170°.

Entre autres confidences, je voulais juste en profiter aussi pour remercier Léna pour ses commentaires toujours élégants et bienveillants. Merci Léna!

mardi 23 janvier 2007

Patoumi's special muffinburger et autres délices inavouables

Bon, je trouve que la photo ne rend pas tout à fait justice au caractère absolument succulent de ce burger dégusté samedi soir après avoir regardé Tristana mais il était tellement appétissant que je n'ai pu me résoudre à faire une jolie mise en scène (et à enlever ce petit bout de muffin qui dépasse, là à droite) tant j'étais impatiente de le déguster. Ce n'est pas très glamour les burgers et quand on est une fille distinguée, il est visiblement appréciable de leur préférer des nourritures plus légères ou moins dégoulinantes. Il y a quelque chose dans le burger qui le rend incompatible avec une certaine idée de la féminité. Souvenez-vous du regard discrètement étonné que Woody Allen glisse vers Annie Hall quand elle commande son pastrami au pain blanc avec de la mayonnaise, des tomates et de la laitue. Il a l'air de trouver étrange qu'une fille puisse désirer cela, mais bien des années plus tard, quand il tentera désespérément de faire revenir Annie à Manhattan, elle lui donnera rendez-vous à la terrasse d'un restaurant californien où il doit se résigner à commander des pousses de luzerne et une assiette de purée de levure. Annie a changé et j'aime à penser qu'il la préférait quand elle choisissait un sandwich au pastrami avec de la mayonnaise.
Comme nous n'aimons que très modérément les pains à burger du commerce, atrocement sucrés, comme je n'ai pas eu le courage de faire moi-même des petits pains, nous avons choisi d'utiliser des muffins complets et c'était une très bonne idée (de G. Décidément, ce garçon a vraiment beaucoup de qualités). L'autre atout goût de ce burger, c'est sa petite sauce maison, un peu acidulée, un peu épicée, elle est si bonne qu'on s'en lèche les doigts (parce qu'il est très difficile de déguster ce genre de plat absolument proprement, ah mais les jeunes filles distinguées ne se lèchent pas les doigts voyons... eh bien elles ne savent pas ce qu'elles perdent).
J'arrive mieux depuis quelques années à ne pas culpabiliser d'aimer des choses qui peuvent paraître incongrues aux non initiés ou qui ne correspondent pas à une représentation imaginaire de ce que je crois être acceptable pour être perçue comme une fille de goût (par exemple, j'ai longtemps pensé stupidement que ce n'était pas très féminin de commander de la viande au restaurant ou qu'on a l'air d'être une goulue si on choisi un dessert avec de la chantilly -même si je prends rarement un dessert au restaurant, parce qu'ils sont souvent moins bons qu'à la maison-) Le coup de l'éviction de la viande comme comble de féminité m'a paru encore plus ridicule quand j'ai vu Maggie Cheung déguster ce qui est visiblement une pièce de boeuf saignante dans In the mood for love.
Ce temps est désormais révolu et je ne ressentirai pas le besoin de me cacher s'il me prend l'envie soudaine d'une tartine de vache qui s'amuse surmontée de rondelles de banane (un classique de mon enfance). J'aime bien l'andouille aussi (et surtout avec une fondue de légumes dans une galette de sarrazin) et je ne conçois pas d'étaler du nutella sur une tranche de pain qui n'aurait pas été recouverte au préalable de beurre demi-sel. Le pire peut-être: j'adore les knacks (quand elles viennent de chez le boucher bien sûr mais aussi celles du supermarché, celles qui "ont le goût des choses simples". Une amie croisée un jour par hasard à une caisse avait jeté un regard dégoûté vers mes knacks adorées avant de me lancer d'une voix haut perchée: "Tu manges ça toi?"), je les aime beaucoup avec juste de la moutarde bien forte ou alors coupées en morceaux dans une sauce maison à la tomate qui va très bien avec des grosses pâtes et du parmesan fraîchement râpé.
J'espère que vous n'êtes pas écoeurés par tous ces aveux; en tout cas le muffinburger était délicieux, nous avons passé un très bon moment à le préparer puis à le déguster.

Le Patoumi's special muffinburger
Pour une personne:
-un muffin anglais complet coupé en deux, toasté et gardé au chaud
-une tranche de gouda
-un steack haché dont vous ne doutez pas de la provenance
-quelques rondelles de tomates
-quelques feuilles de salade émincées
-un oignon rouge émincé qui aura doré avec le petit steack haché

Pour la sauce, il suffit de mélanger dans un bol:
-4 cuillères à soupe de mayonnaise (pas de la maison, elle ne convient pas pour ça)
-1 grosse cuillère à café de moutarde
-3/4 de cuillère à soupe de vinaigre balsamique
-1 cuillère à café de sauce piment
-1/4 d'oignon en tout petits morceaux
-1 petite gousse d'ail pressée
-quelques têtes de persil ciselées

Il n'y a plus qu'à assembler votre burger comme bon vous semble!

La douce Eva me demandait récemment de me repencher sur les recettes que j'ai publiées depuis les débuts de ce blog (c'était il n'y a pas si longtemps que ça: à peine 5 mois!) et après petite réflexion, je crois que j'aime me souvenir du plaisir que j'ai eu à inventer la tarte aux fraises et au chocolat blanc qui fait s'évanouir G. de bonheur, et puis il y a l'osso bucco in bianco parfumé et fondant de Laura Zavan et enfin la recette qui m'a donné envie de commencer un blog de cuisine, à savoir le store cupboard chocolate orange cake de Nigella!
Tant de personnes ont déjà fait leur petite rétrospective que je passe le relais à qui veut!

vendredi 19 janvier 2007

Gomoku yakisoba

Quand je pense au Japon, je pense aussi:
-à Kyoko, ses cheveux lisses et ses bottes; c'est avec elle qu'Antoine D. trompe Christine dans Domicile conjugal mais il se rend vite compte des limites de l'exotisme. L'ennui l'étreint jusqu'à la moëlle et j'adore quand il finit par lâcher lors d'un dîner dans une brasserie parisienne: "Si elle prend un dessert, je me tue".
The taste of tea que nous avons revu hier soir, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu sur un écran une retranscription aussi juste du sentiment amoureux, quand on est adolescent. Et les scènes de repas familiaux sont très appétissantes.
-aux pâtisseries de Sadaharu Aoki et tout particulièrement l'éclair au matcha, la tarte au yuzu, le fraisier et puis le millefeuille, terriblement aérien, que nous avions dégusté avec G. après avoir été forts déçus par l'expo Dada à Beaubourg.
-aux Quatre soeurs de Tanizaki que j'étais en train de lire jusqu'à ce que les exams arrivent puis que je commence l'un des cadeaux que j'ai offerts à G. pour Noël. Je ne suis pas une grande fan de bd mais celle-là, elle est vraiment bien, comme l'opus précédent d'ailleurs. Mais le Tanizaki est bien aussi, je vais le reprendre dès ce soir.
-aux dames du Fuji, le restaurant japonais qu'il y a à côté de la maison, juste derrière l'église Saint-Germain. Elles sont gentilles, prévenantes, on mange chez elles de délicieux takoyakis et autres california makis dans une atmosphère relaxante et décontractée.
La femme de Seisaku et aux petits frissons d'effroi que cette histoire diffuse.
-à des volcans, des montagnes, des cerisiers en fleurs, des temples impériaux.
-à du shabu-shabu, de l'umeboshi, des okonomyakis, du katsudon, du natto, des azukis...
Azabu, où non contents d'avoir les plus jolies toilettes jamais vues par ici, ils font aussi une cuisine délicate et parfumée qui nous avait enchantés lors d'une journée de printemps parisienne où il avait fait terriblement chaud (mais un zenzoo nous avait bien rafraîchis par la suite).
-aux gomoku yakisoba que G. a cuisinés gentiment pendant que j'étais en révisions. La recette vient de , G. envisage déjà d'acheter tous les livres de cette Sallie Morris.

Les gomoku yakisoba
Pour deux personnes:
-environ 200g de yakisoba
-200g de porc maigre, coupé en lamelles plutôt fines
-un gros pouce de gingembre passé au presse-ail
-une gousse d'ail écrasée
-150g de chou vert émincé
-un peu de germes de soja, comme vous voulez
-un petit poivron rouge en lamelles
-du nori en petits morceaux

Pour l'assaisonnement, mélanger dans un bol:
-2 cuillérées à soupe de sauce Worcestershire
-1/2 cuillérée à soupe de sauce soja
-1/2 cuillérée à soupe de sauce huître
-1/2 cuillérée à soupe de sucre
-un peu de sel, un peu de poivre du moulin

Faire cuire les nouilles selon les instructions du paquet, les égoutter et les réserver.
Faire chauffer un peu d'huile dans une sauteuse (ou un wok si vos placards contiennent cela) et faire brièvement revenir les lamelles de cochon. Saler et poivrer très légèrement. La viande ne doit pas cuire, la retirer et la réserver.
Essuyer la sauteuse avec un papier absorbant. Y faire revenir le gingembre, l'ail et le chou.
Ajouter les germes de soja et les lamelles de poivron. La cuisson dépend de votre goût: préférez-vous des légumes croquants ou fondants?
Ajouter le cochon puis les nouilles puis l'assaisonnement. Bien mélanger. Laisser cuire juste un peu, que les saveurs se mêlent.
Servir sans attendre dans un bol, parsemer le plat de nori en petits morceaux.
Déguster avec des baguettes et sourire de bonheur.

Rien que d'y penser... Je demanderais bien à G. d'en refaire!

dimanche 14 janvier 2007

Le cheesecake citrobon pour se sentir plus belle

Je ne sais pas si vous faites ça aussi mais moi j'aime bien porter des "vêtements du dedans" quand je reste à la maison et qu'il n'est pas prévu que je sorte. La garde-robe du dedans est variée, elle recycle souvent d'anciens habits un peu démodés, un peu décolorés, un peu fatigués d'avoir été cent fois portés mais qui présentent l'indéniable avantage d'être terriblement confortables. Parfois le costume du dedans peut être quelque chose de neuf, par exemple j'aime beaucoup une petite tunique asiatisante dénichée dans un H&M de South Kensington. Je fais des efforts depuis que G. et moi habitons ensemble pour que l'esthétique ne pâtisse pas de l'envie de moelleux puisque G. a longtemps décrié mes vêtements mous qu'il trouvait simplement moches (il faut dire pour être honnête qu'il y avait souvent quelques trous ou des boutons absents) . Pour sa part, il déteste dissocier son apparence du dehors de celle du dedans, même en vacances, même le dimanche, jamais il ne résoudra à porter des fringues molles ou défraîchies: il essaie parfois mais il trouve ça déprimant et soporifique. Moi, quand je reviens du travail, vite, je me lave les mains et je me glisse avec bonheur dans mes vêtements du dedans! Ils me rassurent.
Vendredi dernier, pour réviser à la maison, je me souviens, j'avais un jean avec un minuscule trou et un tee-shirt bleu avec des papillons acheté en soldes il y a deux ans au Comptoir des cotonniers. Ce midi-là, G. pouvait rentrer déjeuner avec moi (pour mon plus grand bonheur car mes déjeuners en tête à tête avec Arnaud Laporte me lassent un peu quand ils ne m'agacent pas) et j'avais pour mission d'aller chercher une salade végétarienne et une soupe au boui-boui bio à côté de chez nous. C'est une petite échoppe qui vient juste d'ouvrir, elle est tenue par un couple très gentil, elle est rousse et sourit tout le temps, il est brun et paraît être un grand angoissé (le genre à tout renverser quand vous l'observez d'un peu trop près). Ils font de la soupe de légumes au gingembre, des sandwiches délicieux (chèvre, magret fumé, pomme, salade dans un pain au pavot par exemple) et des belles salades fraîches agrémentées de sésame et de graines de courges. C'est très pratique quand on n'a pas le temps ou pas l'envie (ben oui, ça arrive) de faire la cuisine. Bon, comme c'est à deux pas de la maison, je n'ai pas eu le courage de me changer, j'ai juste enfilé un vieux gilet que ma maman m'a récemment reprisé (rassurez-vous je n'ai pas que des choses molles et trouées, il y a quelques belles jupes et jolis pulls dans le placard aussi), j'ai chaussé mes vieilles tennis Adidas rouges et bleues, j'ai mis mon manteau et hop, je suis sortie.
Pour mon plus grand désarroi, à l'une des deux minuscules tables du boui-boui (L'éventail, ça s'appelle), déjeunait une de mes camarades. Je me suis sentie un peu minable avec mes vieux trucs sur le dos, d'autant plus que je n'avais pas exactement une mine radieuse suite à un stupide changement de produit de toilette. En effet, j'utilisais depuis plusieurs années une solution micellaire de chez Vichy, une mousse délicate et délicatement parfumée pour le réveil matinal du visage. Or, il m'est venu la lubie de troquer ce produit, auquel je n'avais rien à reprocher, contre autre chose qui présenterait l'avantage de ne pas nécessiter de rinçage. C'est bête mais je trouvais que ça prenait trop de temps et aussi que ce n'était guère pratique quand on se retrouve devant le lavabo d'une propreté douteuse lors des gardes. Pff, du coup, suite aux conseils d'une vendeuse esthéticienne qui a scruté ma peau sous un spot peu flatteur, j'ai troqué ma petite solution contre une lotion Clarins sensée me donner une sensation d'eau fraîche sur le visage et me permettre de réduire le temps passé à la toilette. Bon, en fait, rien ne remplace la fraîcheur de l'eau elle-même, le truc Clarins laisse la peau collante et en plus, ça sent pas bon (sauf si on aime les parfums synthétiques de pêche). J'étais un peu déçue, d'autant que j'ai eu par le passé un gommage de cette marque à la sève d'orange qui était très bien, et en plus je me retrouve avec de disgracieuses rougeurs sur les joues. C'est donc habillée comme un sac et couverte de boutons que j'ai croisé ma petite camarade, qui bien sûr comme toujours dans ces cas-là, avait choisi de mettre de très jolis vêtements, colorés, qui donnent bonne mine et tout et tout. Je suis rentrée à la maison avec ma soupe, ma salade et une certaine mélancolie post-humiliation (d'autant plus qu'elle m'a parlé de travail et moi j'aime pas trop ça, parler de l'internat avec des gens qui vont le passer) et comme G. ne devait rentrer que dans une demie heure je me suis dit qu'il valait mieux pour mon bien-être psychique que je fasse un cheesecake plutôt que de revoir les infections broncho-pulmonaires chez l'enfant. Cela tombait très bien car dans le réfrigérateur quelques produits laitiers se languissaient d'avoir été abandonnés et G. avait parlé la veille d'une envie de dessert citronné or il nous restait justement de la marmelade de citron et j'ai pensé que cela pourrait très bien remplacer le lemon curd que Keda B. met dans son Délice citron (je l'ai déjà fait et j'avais été un peu déçue: ce n'était pas assez citronné pour nos palais avides alors de douce acidité). Grand bien m'a pris, ce cheesecake improvisé était une absolue réussite, crémeux, parfumé, citronné; nous avons eu beaucoup de plaisir à le déguster le soir-même après visionnage d'un navet qu'il a largement contribué à faire digérer.

Le cheesecake citrobon (pour un moule carré de 22cm x 22cm)

Pour la base biscuitée:
150g de biscuits écrasés (j'ai fait moitié Sprits, moitié Speculoos)
60g de beurre fondu

Pour la crème citronnée:
300g de fromage frais (ici des Malo à 20%)
150g de crème crue
un fond de barquette de Nature à tartiner, disons 10g
1 cuillère à café de sucre
1 oeuf
170g de marmelade de citron (j'avais de la fine cut Tiptree)
le jus d'un demi citron

Mélanger les biscuits avec le beurre fondu.
Verser la préparation dans un moule, tasser un peu.
Faire cuire une douzaine de minutes à 200°, jusqu'à ce que les bords soient dorés.
Si vous avez le temps, laisser refroidir au réfrigérateur.
Pour la crème, mélanger les ingrédients dans l'ordre de la recette.
La verser sur le fond et faire cuire à 200° pendant dix minutes puis à 140° pendant une bonne heure.
Le cheesecake est encore tout tremblotant à la sortie du four, le laisser refroidir à température ambiante puis l'oublier au réfrigérateur pendant au moins six heures.

lundi 8 janvier 2007

Déguster une madeleine façon Pierre H. en pensant à Marcel P.

J'ai commencé La recherche le printemps où j'ai rencontré G. Je l'avais acheté plusieurs années auparavant et chaque été je me promettais de le lire mais j'abandonnais immanquablement au bout d'une dizaine de pages, saisie par un ennui sans nom. Je trouvais alors absolument présomptueux de penser intéresser un lecteur en lui racontant ses insomnies fussent-elles causées par un baiser maternel manqué. Les étés se succédaient et le marque-page "spécial Proust" ne bougeait pas beaucoup.
Juste avant de rencontrer G., et je ne savais pas encore combien cette rencontre allait être décisive, j'ai repris Du côté de chez Swann; l'été n'était pas encore tout à fait là et je pensais ainsi conjurer le mauvais sort. Nous étions en juin, j'avais beaucoup de temps libre, et l'esprit particulièrement disponible. Je pique-niquais souvent dans les jardins du Thabor, près de la fontaine, en face de l'Orangeraie, je regardais pas mal de films, à divers moments de la journée, engraissant ainsi le propriétaire lunatique du Vidéorama, je flânais dans les boutiques et j'ai commencé à acheter des jupes pour la première fois de ma vie, dont une rose chez Petit Bateau, désormais élimée tant je l'ai portée.
J'ai passé une soirée entière à lire le premier tome de La Recherche, happée par le rythme de la syntaxe proustienne et retrouvant de temps en temps des grains de sable me rappelant l'ennui que j'avais éprouvé par le passé avec le même livre. Je ne sais comment expliquer ce retournement de situation, il faut croire que c'était pile le bon moment pour rencontrer Marcel.
Cet été-là, nous passions quasiment tous nos weekends en bord de mer et j'avais toujours les aventures de Marcel à portée de main. Je me souviens d'une longue après-midi sur une plage finistérienne où j'inaugurais une nouvelle serviette de plage toute rose, toute douce et qui n'aurait pas déplut à Albertine (oui je sais, il paraît qu'en fait c'était Albert, mais pour moi, elle reste Albertine, respirant le parfum d'un bouquet de roses). Ce soir-là, nous avions dîné dans un restaurant où j'ai dégusté un inoubliable carpaccio de Saint-Jacques à la mangue et au citron vert. Je me souviens aussi avoir contemplé le ciel se teindre de rose et de violet au dessus de Perros-Guirrec assise avec G. sur le rebord d'une fenêtre d'une très jolie chambre d'hôtel. Je me souviens encore des petits-déjeuners le dimanche matin, sur les places de village. On commence d'abord par choisir une boulangerie (et c'est étonnant comme elles peuvent parfois être nombreuses dans des villes minuscules), on achète quelques viennoiseries, celles qui font envie sur le moment, et puis on s'installe à une terrasse et on se laisse aller à une douce torpeur. Parfois on achète des magazines et on les feuillette distraitement, on regarde surtout les photos. Parfois il y a un marché et les parfums, les couleurs, les bruits et le ballet des gens qui le parcourent est presque vertigineux. Il arrive qu'on y achète le repas du futur pique-nique: un peu de fromage, du bon pain, des abricots... J'adore nos weekends à la mer.
Comme La Recherche représente un certain volume (mais je l'ai en format poche, c'est plus pratique et on peut lire autre chose entre chaque tome si l'envie nous vient -et elle est souvent venue-. Et puis, G. s'était décarcassé pour me trouver chez un bouquiniste une ancienne version chez Folio qui me dispensait des cathédrales marrons de Monet), j'avoue avoir mis un certain temps à le lire. Ainsi l'année suivante, sur la plage de Mirissa, au sud du Sri Lanka, j'ai lu ce qui se passait du côté de Guermantes pendant que G. plongeait avec délice dans des vagues dont la taille me faisait hurler. Nous étions logés dans une structure hôtelière au sein d'une cocoteraie où chacun disposait d'un petit bungalow. Bien que je ne sois pas une grande adepte des vacances dans ce climat et cet environnement (euh oui, ça peut paraître bizarre mais j'aime bien les villes où on a froid), c'était vraiment bien de se lever le matin, de pouvoir mettre les pieds dans l'eau si ça nous chante et face aux vagues de petit-déjeuner de fruits frais, de toasts grillés et d'une divine omelette sri-lankaise savamment épicée. Le soir, nous dînions de poissons grillés au bord de l'eau et de légumes fondants, en dessert, il y avait toujours du Honey and curd, un indescriptible fromage blanc terriblement onctueux arrosé de miel parfumé. Ces quelques jours à Mirissa étaient d'autant plus agréables que nous avions un peu baroudé à travers l'île la dizaine de jours précédents.
J'ai fini de lire les aventures de Marcel lors de vacances automnales en Normandie. Nous étions partis un dimanche midi, juste au moment du générique des Papous dans la tête. A l'intermède musical, Jacques D. et Françoise H. ont chanté "Puisque vous partez en voyage..." Au diagnostic littéraire, je savais que c'était Roland Barthes, mais je n'avais pas osé le dire. Nous nous étions arrêtés dans une petite crêperie et G. avait choisi une galette lard fumé-camembert-pommes au calvados, délicieuse à la première bouchée, un peu écoeurante à la dernière.
Le premier soir, nous avons découvert Etretat, nous avons dormi dans une jolie chambre d'hôte au sommet d'une falaise et au dîner, il y avait une très bonne charlotte orange-chocolat.
Nous avons beaucoup marché, en bord de mer, dans de superbes forêts, bravant parfois le vent et la pluie. Nous avons passés plusieurs jours chez madame P., qui tient une très belle chambre d'hôte au sein de sa ferme, et qui sert des petits-déjeuners pantagruéliques: yaourts maison, neufchâtel, viennoiseries, pain, céréales, fruits, confitures à foison...
Vivement les prochaines vacances...
Marcel aurait adoré les madeleines de Pierre (je sais qu'il paraît qu'il aimait en fait les biscottes dans le thé, mais bon, c'est tellement plus glamour les madeleines); j'ai essayé plusieurs recettes par le passé et celle-ci recueille vraiment tous les suffrages. Pierre les parfume au citron, j'avais des oranges et je ne regrette pas mon choix. Pour la deuxième fournée, la pâte avait eu le temps de reposer au réfrigérateur toute une nuit et j'ai obtenu des madeleines bien dodues avec une belle bosse. Ce n'est rien mais j'étais ravie!

Les madeleines façon Pierre H.
Pour une vingtaine de madeleines
100g de farine
100g de beurre fondu
2 oeufs
120g de sucre
3g de levure
une grosse cuillère à soupe de zestes d'orange

Tamiser la farine et la levure.
Battre les oeufs avec le sucre.
Mélanger les deux préparations.
Ajouter progressivement le beurre fondu puis les zestes.
Laisser reposer la pâte au frais.
Faire cuire 5 minutes à 220° puis une dizaine de minutes à 200°.

jeudi 4 janvier 2007

Le riz qui ravit Patoumi quand la fête est finie

Le premier Janvier, E. est repartie à Nantes par le train de onze heures, c'était un peu tôt, je venais de me coucher à peine cinq heures plus tôt. Je me suis levée pour lui préparer un thé qu'elle a dégusté en reparlant de la soirée de la veille, infiniment délectable. Elle ne voulait pas que je l'accompagne à la gare, elle voulait profiter du soleil pour marcher un peu et ne pas emprunter le métro. Après lui avoir dit au revoir, j'ai contemplé un moment ce qu'elle nous avait apporté dans deux sacs en papier: des huiles d'olive parfumées (à la truffe, au citron, au basilic), des crackers au fenouil, de la confiture poires-figues au épices, du sablon de tomate, des perles de tapioca dénichées après lecture attentive des commentaires laissés chez Cathy, ce joli livre pour ma collection et puis des fromages: des pétons ardéchois, du stilton, un camembert fourrés d'un mélange de noisettes, de noix et d'amandes concassés, et un Pommeau qui dépotait. Puis je suis allée me reglisser au lit où j'ai longuement discuté avec G., c'était chouette.
Puis nous avons entendu Gé. se réveiller dans la pièce d'à-côté. Nous nous sommes retrouvés dans la cuisine et Gé. a préparé son chocolat quotidien: elle fait chauffer le lait patiemment à la casserole puis le verse sur du Van Houten avant de rajouter du sucre roux (je sais que chez elle, elle met du Rapadura, mais je n'en ai pas acheté la dernière fois que je suis allée à l'épicerie bio). Devant ce cérémonial, j'ai un peu honte de mon Poulain orange avec son lait vulgairement chauffé au micro-ondes, mais je n'y peux rien, je n'aurai pas le courage d'attendre et je trouve ça si bon! Il y avait du pain brioché, j'en ai mangé un peu avec du beurre salé et de la confiture de mûres.
Le ciel était devenu tout gris, dehors les gens déambulaient par petits groupes hagards et souriants à la fois. Gé. s'est mise à lire des bd, je me suis installée sur le canapé avec des cours pas trop compliqués et j'ai vaguement travaillé en rêvassant doucement. G. était un peu patraque, un peu fatigué, il feuilletait des livres de design à mes côtés. En allant me faire un thé, je lui ai préparé un bol de müesli avec du lait chaud et un voile de sucre, ça lui a fait du bien.
Gé. repartait à Bordeaux par le train de dix-sept heures vingt-neuf. Pendant qu'elle se préparait des petits sandwiches (jambon-moutarde et stilton), je me suis concoctée un petit bol de riz sauté dont les saveurs m'ont beaucoup rappelée ce qu'on mangeait à la maison quand j'étais petite. Il contient un ingrédient qui en dégoûte plus d'un et je sais bien moi-même que tout ça n'est pas très net mais vraiment j'adore ça. Il s'agit d'une préparation que son fabricant appelle Pâté vietnamien, mais je trouve que ça ressemble davantage à un gros cervelas qu'à du pâté. C'est le côté mystérieuse viande hachée qui peut paraître suspect mais je trouve que ça a bon goût et l'emballage n'est pas douteux du tout. Quand j'étais petite, ma maman m'en faisait des sandwiches pour les sorties scolaires: elle le coupait en longs bâtonnets et en garnissait une bonne baguette bien fraîche, le tout agrémenté de sauce Hoi-Sin, d'un peu de piment, de carottes râpées marinées ou de feuilles de salade bien croquantes et puis de la ciboulette. Malheureusement, suite à un mouvement de dégoût d'une petite camarade mal intentionnée à qui j'avais voulu faire goûter un morceau de mon sandwich préféré, j'ai été un peu traumatisée et j'ai longtemps eu honte d'aimer cela. Dans la recette, vous pouvez bien sûr le remplacer par du jambon ou la protéine de votre choix.

Le premier riz sauté de l'année
Pour une personne
-1 oignon rouge très finement émincé
-quelques feuilles de chou vert qui auraient subit le même sort
-un peu de riz déjà cuit
-3 tranches de pâté vietnamien en petits dés
-un morceau de bouillon de légumes Rapunzel de la taille d'un ongle dilué dans un demi mug d'eau bouillante
-de l'huile d'olive, du sirop d'érable, du nuoc-mam, de la sauce de piment
-un peu de graines de sésame toastées
-un peu de ciboulette hachée

Faire revenir à feu très doux l'oignon et le chou dans un peu d'huile d'olive avec du sirop d'érable.
Verser le bouillon, le laisser faire bloub bloub un instant puis ajouter le riz.
Laisser réduire avant d'ajouter les dés du fameux pâté.
Assaisonner avec le nuoc-mam et la sauce de piment.
Ajouter le sésame, bien mélanger. Parsemer de ciboulette une fois servi.


Je vous souhaite à tous une très belle année 2007.