mardi 22 janvier 2008

Comment je me suis disputée... (Mrs Lawson's apple pie)

J'ai l'impression de semer mes amis en route, comme le Petit Poucet l'a fait avec ses cailloux, sauf que j'ai cette triste habitude de ne pas revenir sur mes pas.
Parfois, dans des boîtes à chaussures décorées ou des sacs en papier précieusement compilés, je trouve des lettres, quelques photos, un numéro de téléphone, la carte d'un restaurant où un anniversaire avait été fêté (j'avais offert un tablier rayé à la demoiselle concernée). Des images un peu floues de vacances en bord de mer, les applaudissements à la fin d'une pièce de théâtre, les lettres écrites ensemble pour un garçon qui ne vous connait pas, les rendez vous place de l'Opéra, les larmes au téléphone, les trajets dans des trains bondés, les parties de pendu; il y avait celle qui était accroc au basket et qui faisait un délicieux gâteau allemand à la crème, à la banane et au chocolat, celle qui connaissait les moindres recoins de la biographie de Marylin Monroe, celui qui lisait Le Petit Prince aux toilettes, celle qui avait pensé à une bouteille de vin et des verres en plastique pour le premier concert de Vincent Delerm, celle qui était une adepte des pizzas à l'oeuf après une nuit passée à danser, celui qui ne quittait pas son appareil photo, celle qui avait le chic pour tomber amoureuse de garçons qui portaient le même prénom, celle qui confondait joliment les concombres et les courgettes, celui qui désertait les opéras ennnuyeux pour aller déguster un millefeuille au café de la Paix, celle qui...
L'éloignement géographique n'arrange rien: il se passe parfois tellement de choses dans l'intervalle de temps qui sépare deux conversations téléphoniques (quand elles ont lieu, parce que parfois, les amis s'éloignent puis disparaissent; on ne sait même plus à quelle adresse leur écrire) que lorsqu'elles se produisent, les informations données sont parcellaires, réduites et hésitantes, on a l'impression de ne pas être soi-même.
Je n'aime pas du tout cet infiniment lent et douloureux processus qui fait que la rupture s'installe, à cause du temps, à cause du manque d'attention, de l'incompréhension mutuelle. A certains, j'avais parlé de L'alibi comme une façon de ne pas rater les épisodes mais, étrangement, les gens de mon entourage n'ont éprouvé aucun intérêt pour le blog ou alors c'était pour dire "Ah oui, c'est un peu comme Clea cuisine!" Hum.
Peut-être que chacun "vit sa vie" et que les affinités passées se délitent au fur et à mesure des nouveaux centres d'intérêt.
Peut-être que je ne suis pas assez attentive.
Peut-être que je suis un peu trop craintive (avec Gé., qui connaissait par coeur un très joli passage d'A l'ombre des jeunes filles en fleur, j'avais reculé en découvrant, lors d'une soirée pleine de mojitos et de jolies filles, qu'elle avait déjà plein d'amis très beaux et très intelligents alors bon, je ne voyais pas très bien comment je pouvais m'intégrer à tout ça. J'ai cette fâcheuse tendance qui exaspère G., de ne pas juste faire confiance aux gens qui me témoignent de l'affection ou de l'intérêt, prétextant qu'ils n'ont pas besoin de moi et me demandant sans fin ce qu'ils peuvent bien me trouver et ainsi angoisser à mort quant au moment où ils découvriront que je n'ai rien de particulier et qu'il vaut mieux qu'ils s'éloignent avant qu'il ne soit trop tard. Comme je veux m'épargner cette situation, je préfère m'éloigner la première. Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve, chantait Jane).
Parfois, je ne sais même plus ce qui a conduit à un tel éloignement.
Parfois ces amis me manquent.
J'aimerais bien les inviter à partager une part d'apple pie.


"Homey but not heavy" Nigella's apple pie
Délicieuse, simplissime et réconfortante. Nigella, qui rappelons le, peut prévoir 500g de spaghetti pour deux personnes, juge que cette pie convient très bien pour un couple d'amoureux mais ça ira très bien aussi pour une famille de cinq personnes.
Elle utilise deux plats de 13cm de diamètre à la base et 8cm de diamètre au sommet, leur hauteur étant de 3,5cm.
J'ai pris un moule de 20cm de diamètre et 4 cm de hauteur.

Une recette extraite de l'inépuisable et joli Feast

La pâte "a dream to roll out"
-275g de farine
-175g de beurre 1/2 sel froid en petits bouts
-2,5 cuillères à soupe de sucre
-65g de Carré frais bien froid en petits morceaux
-1 oeuf battu
-40mL de crème crue

Les pommes (ma version des faits)
-4 grosses pommes (des Cox orange) pelées, épépinées, coupées en morceaux
-30g de beurre
-2 cuillères à soupe de rapadura
-2 cuillères à soupe de jus d'orange

Pour la pâte, fouetter la crème avec les 2/3 de l'oeuf battu (garder le reste pour ultérieurement dorer la pie) et réserver.
Mélanger la farine et le sucre puis ajouter le beurre et le carré frais, amalgamer jusqu'à obtenir un mélange semblable à du sable humide (ah! on dirait les vacances). Creuser un puits et y verser le mélange crème/oeuf.
Mélanger (j'ai utlisé les crochets de mon batteur éléctrique) jusqu'à obtenir une belle pâte lisse.
Etaler la pâte sur un plan de traval recouvert de papier sulfurisé et découper deux disques épais, l'un un peu plus grand que l'autre, et les réserver au réfrigérateur pendant une heure.
Pour les pommes, mélanger tous les ingrédients dans une poêle posée sur un feu très doux et laisser cuire jusqu'à ce que les pommes soient tendres, dorées et caramélisées.
Sortir la pâte du réfrigérateur, l'étaler sur 5mm d'épaisseur et découper deux disques de telle sorte que l'un puisse recouvrir le fond et les bords de votre moule et l'autre servir de couvercle.
Répartir les pommes entre les deux couches de pâtes, dorer avec le tiers de jaune d'oeuf réservé mélangé à un peu de lait et faire cuire environ une demi-heure dans un four préchauffé à 180°.
Bien meilleur tiède que brûlant, apprécie la compagnie d'une très bonne glace à la vanille.

Une pie salée et des idées cadeaux: Chicken pie for booklovers

mardi 15 janvier 2008

Ce n'est pas le moindre de mes défauts -deux soupes inspirées-

Manquer terriblement de sens pratique (oh non, l'évier est bouché. Hum, mes cheveux que je ne ramasse pas systématiquement peut-être?); pleurer parfois pour rien (oh non, je crois que j'ai perdu le timbre Tchang que je gardais bien précieusement pour l'envoyer à quelqu'un que j'aime beaucoup bouhouhouh. Je précise que nous habitons en face de la principale Poste rennaise); être incapable de s'atteler à un régime mais ne cesser de se trouver, comment dire, un peu trop en formes; être persuadée d'avoir une maladie rare devant le moindre bobo qui n'en est même pas un (tu vois mon hypertrophie gingivale, là? Je crois que si on articule ça avec mon eczéma, on peut penser que j'ai une maladie de système. Non?); trouver systématiquement un charme indéfinissable ou même très précis (une barrette en forme de fleur, des mollets au calibre parfait,un sac Jérôme Dreyfuss, une frange) aux filles croisées et se lamenter pendant un bon quart d'heure sur sa propre banalité (et le calibre de ses mollets); être indécise jusqu'à la moëlle; être incapable de jeter quoi que ce soit et accumuler ainsi des tas de cartes de restaurant (même pas bons), des tickets d'entrée à des expos (même nulles), les étiquettes qu'il y a sur les vêtements (même moches), les vieux magazines (même Télérama que je ne lis plus depuis des lustres), le bolduc des paquets cadeaux (on sait jamais, ça peut servir pour s'attacher les cheveux)...
Mais mille fois pire que tout cela, pire que la bouhbouterie capricieuse, pire que la dysmorphophobie maladive, pire que le collectionnisme quasi morbide, il y a la légendaire radinerie de patoumi. Tant et si bien que G., ce garçon attentionné, affectueux et plein d'égards, en vient parfois à m'appeler Radoumi voire Picsoumi (vous avez une préférence?).
Alors, je ne sais pas si c'est parce que j'ai très longtemps vu mes parents faire attention au contenu de leur porte monnaie (disons que j'ai eu très tôt conscience qu'il y avait des nécessités dans l'existence et qu'avoir une Barbie n'en était pas vraiment une. Cependant, mes parents, même lorsqu'ils faisaient preuve de beaucoup d'inventions pour varier les menus à partir du riz quotidien (très économique en méga sac de vingt cinq kilos), veillaient toujours à acheter un petit livre pour la petite patoumi qui, avec ses couettes, restait gentiment assise en tailleur au rayon librairie du supermarché pendant qu'ils faisaient le reste des courses. Même pas peur) mais il est vrai que j'ai un côté rappia qui n'est pas sans m'agacer moi-même.
Ainsi suis-je une grande adepte des cardigans portés jusqu'à ce que les coudes se trouent, des tee shirts élimés, des chaussures à la semelle crevée et des chaussettes, comment dire, on dirait parfois presque des mitaines pour pieds (mais je vous rassure: je ne porte, pour sortir, que des collants).
Il m'arrive aussi d'outrageusement recycler des petites choses périmées (ah les cheesecakes au fromage frais qui datent un peu!) et j'ai toujours le coeur qui se serre en devant admettre que non, il est impossible de ne pas perdre un micro cube de pâte à gâteau en la transvasant de son saladier présent au moule qui l'attend.
Tout cela n'est pas très glamour, c'est même limite abject.
Pour me racheter, il faut quand même préciser que cette tendance à l'économie n'atteint pas tous les domaines (c'est là que réside une partie du mystère de ma pingrerie): j'adore faire des cadeaux, je peux dépenser des sommes inconsidérées pour de la très bonne confiture, du très bon fromage, du très bon jambon cru, que sais-je encore du même acabit, et puis il y a les livres mais ça, c'est à cause de la petite fille avec des couettes.
Ce n'est même pas le fantasme d'un plongeon dans une piscine de pièces d'or qui m'habite, la richesse ne m'excite guère, ce qui m'embête, je crois, c'est de dépenser de l'argent pour quelque chose que je ne juge pas nécessaire. J'ai beaucoup de mal à céder aux tentations futiles. G., ne supportant plus de me voir hésiter devant un objet qui me plaît jusqu'à ce qu'il disparaisse de la circulation et que dès lors, je me mets à le regretter (mais souvent cela ne dure pas longtemps, ce n'est que l'aboutissement du processus d'oubli que je mets en oeuvre pour faire comme si l'objet n'existait pas et donc ne pas y penser et donc ne pas être tenté. Cela conduit bien évidemment à des situations ridicules. La dernière en date: je voulais faire comme si les soldes n'existaient pas. Genre, je n'ai absolument pas renouvelé la garde robe depuis un an mais je vais quand même ignorer qu'il y a en ce moment plein de jolis vêtements un peu moins chers que d'habitude. Je ne pense même pas à l'économie que je pourrais réaliser, ce qui m'importe alors, c'est de ne pas céder à la futilité. Bon. J'évite donc pendant quelques jours de passer devant les vitrines -ce qui est assez compliqué vu la localisation de l'appartement-. Un soir, la chair fut faible, et je risquai un oeil dans une boutique que j'aime bien -un truc où sur les publicités, on ne sait plus trop bien qui est la maman et qui est la fille-et là bim, je suis comme aimantée par une jupe prince de galles avec un noeud -j'ai un faible pour ce qui se noue-. Fidèle à mes propres principes, je ne l'achète pas tout de suite, mais bien sûr je n'arrête pas d'y penser, G. rendant la chose encore plus compliquée en la trouvant jolie. Je veux me sentir forte et ne pas céder, je me dis que cet argent pourrait être réinjecté dans des livres par exemple, ou envoyé à l'unicef, jusqu'au midi où, n'en pouvant plus et cédant à la pression de G. qui argue que je peux penser, pour me déculpabiliser, que c'est un achat pour lui faire plaisir, cette petite jupe me semble indispensable. Bien sûr ce jour-là, la tempête fait rage, inutile de préciser que je n'ai pas de parapluie digne de ce nom, depuis que j'ai perdu le mien et que je ne peux me résoudre à en racheter un neuf décent (voilà jusqu'où mène la picsoumanie) et c'est frissonnante et trempée jusqu'aux os que je peux contempler l'objet de ma convoitise dans le miroir de la salle de bains).
Eugène Green fait dire à l'un de ses héros quelque chose comme "Je n'ai pas l'ambition d'être riche. Je voudrais juste avoir assez d'argent pour ne pas y penser". Je ne me rêve pas en petite Picsou, mais j'aimerais bien arrêter de ruminer cent fois avant de me décider à acheter quelque chose.
Quel billet plein de nombrilisme!
Pour réchauffer ces journées pluvieuses, un mets que toute radine saura apprécier à sa juste valeur: la soupe. Ici deux exemplaires sucrés-salés-acidulés, des recettes extraites de ce livre, dont l'auteur a su tirer parti en ouvrant un bar à soupes rue de Charonne où les soupes sont délicieuses, mais sachez que le sourire reste en option (et la mauvaise foi est parfois de mise -cf cette cliente quasiment taxée de mensonge quand elle a réclamé la part de tarte de citron qu'elle avait réservée-)


Le velouté potimarron-granny-curry
-800g de potimarron (environ un moyen) coupé en morceaux grossiers
-3 pommes acidulées (ici des granny smith dont personne ne voulait parce qu'elles brillaient un peu trop) pélées, épépinées et coupées en morceaux
-1 oignon rouge émincé
-1 gousse d'ail
-un gros pouce de gingembre râpé
-une cuillère à soupe de curry
-environ 75cL d'eau
-un peu d'huile d'olive

Faire revenir l'oignon, l'ail, le gingembre et le curry dans un peu d'huile d'olive.
Ajouter le potimarron et les pommes. Les laisser cuire un peu avant de rajouter l'eau et poursuivre la cuisson jusqu'à ce qu'ils soient tendres.
Retirer l'eau de cuisson, la conserver au chaud.
Mixer et rajouter la quantité de bouillon nécessaire à la consistance souhaitée.
Un goût et un parfum très subtils.


Le velouté de carottes aux agrumes et au gingembre

-500g de carottes épluchées et coupées en rondelles
-un gros oignon rouge émincé
-un gros pouce de gingembre râpé
-le jus de deux oranges
-le jus d'un pamplemousse rose
-le jus d'un citron vert
-un peu d'huile d'olive
-un peu de sirop d'érable
-1L d'eau

Faire revenir les oignons avec le gingembre dans un peu d'huile d'olive et de sirop d'érable.
Ajouter les carottes puis l'eau et les jus de pamplemousse et d'orange.
Laisser cuire jusqu'à attendrissement.
Retirer le bouillon, mixer, verser le jus de citron vert et rajouter du bouillon jusqu'à consistance désirée.
Une version très appréciée par G.

jeudi 10 janvier 2008

Rois et reines -une galette au chocolat et à la confiture de framboises-

De 2007, il ne me reste finalement que quelques images floues, des phrases tronquées, des mots hachés; mais quand même quelques persistances rétiniennes...
Je me souviens de Ludivine Sagnier dans un beau manteau blanc qui demande à Louis Garrel Pourquoi es-tu venu si tard? Et dans le même film, Chiara Mastroianni est plus belle que jamais. Les chansons d'amour vient de sortir en dvd, n'hésitez pas une seconde.


Je me souviens du premier coup de cuillère dans un soufflé à l'orange, révélant ainsi un intense et dégoulinant coeur chocolaté.
Je me souviens avoir oublié mes lunettes de soleil et les avoir cruellement regrettées quand on est arrivé à Lisbonne fin juillet.
Je me souviens qu'on a essayé de voir Les climats et La forêt de Mogari mais qu'on est parti bien avant la fin (quand on lit les critiques des Climats, on a l'impression que c'est un film patoumesque mais en fait non).
Je me souviens que je ne savais pas qui était Diane Kruger quand elle a présenté les cérémonies officielles cannoises. J'ai déjà oublié qui c'était.
Je me souviens du rouget aux petits légumes, de la tarte à la framboise et de la glace à la vanille dégustés à Miremont en regardant les flots.
Je me souviens que Benoït XVI s'est opposé très tôt dans l'année au mariage homosexuel.
Je me souviens d'avoir lamentablement peiné devant le dossier n°8 de l'internat, un dossier de pédia, magistralement raté. Un moment d'absence qui se paie à prix fort.
Je me souviens que je n'ai pas terminé certains livres que l'on m'avait offerts.
Je me souviens des fleurs de jasmin qui s'échappent du corsage de la mamie de Marjane Satrapi.


Je me souviens d'un jus de pamplemousse à l'hôtel Amour.
Je me souviens avoir eu atrocement mal aux pieds dans des Repetto en cuir verni rouge que je n'ai pas achetées.
Je me souviens qu'en plein été, Bergman et Antonioni sont morts.
Je me souviens que le soir du deuxième tour des élections présidentielles, pour couper court à la nausée, on est descendu rejoindre la foule qui manifestait son mécontentement, son dégoût, mais pas encore son abattement. Où sont partis tous ces gens maintenant qu'existent vraiment les franchises médicales, les tests adn, les fichiers informatisés des sans papiers, que l'on envoie la police charger contre ceux qui n'ont plus que la rue comme refuge? Il n'y a décidément pas que moi qui ai la mémoire courte.
Je me souviens du matin de janvier où je me suis réveillée de ma dernière garde d'externe.
Je me souviens que je me suis assoupie devant Inland empire (et même que j'ai été déçue par un revisionnage de Mulholland Drive. Qui l'eût cru?)
Je me souviens que j'ai essayé une très jolie robe qui ne m'allait pas du tout.
Je me souviens de la lecture de L'oeuvre au noir, et de La physique des catastrophes dans le bus en allant à l'hôpital psychiatrique. Je ne lis plus rien dans le métro en allant dans l'actuel atroce service: juste pas envie.
Je me souviens d'un Playmobil géant à la fenêtre du bistrot des Enfants terribles (et G. a ensuite regardé sur e bay combien pouvait coûter un tel personnage).
Je me souviens que Zhulan Chan n'avait que 51 ans quand elle s'est fatalement defenestrée parce qu'elle entendait la police arriver.
Je me souviens avoir entendu en direct à la radio que le prix Nobel de littérature était attribué à Doris Lessing.
Et vous, de quoi vous souvenez-vous? (question que nous avaient posée deux étudiants en cinéma au Père Lachaise et à qui je n'ai pas répondu, par timidité de la caméra).

Il peut y avoir nombreuses réticences quant à la confection d'une galette des rois (faire de la pâte feuilletée c'est super long, en plus c'est déjà super gras, alors avec la frangipane, ça va être super lourd...) mais au final, c'était super bon.
Alors oui, j'ai faillit abandonner cent vingt mille fois la pâte sur son plan de travail (une grande feuille de papier sulfurisée scotchée sur la table de la cuisine) mais, grâce au soutien moral (et surtout physique: c'est quand même pas facile à étaler ce truc, même avec un rouleau à pâtisserie violet) de G., il y a eu dimanche après-midi, un délicat parfum de pâte feuilletée au cacao dans la cuisine.
D'habitude, je trouve que les variations sur les classiques leur sont plutôt dommageables mais cette galette hérétique est vraiment irrésistible: la frangipane au chocolat est recouverte avant cuisson d'une très fine couche de confiture de framboises qui apporte une note fruitée et acidulée très subtile après fusion.
Et puis dimanche soir, comme il pleuvait en sortant de la séance d'Actrices, on s'est abrité sous le store d'un petit restaurant libanais. Les banquettes à l'intérieur avait l'air accueillantes et le serveur m'a fait un sourire plein de bonhommie alors nous sommes rentrés grignoter quelques bricoles délicieuses (ils sont quand même très forts pour ces petites galettes au fromage et ces petits chaussons à la viande épicée) avant de retrouver à la maison la jolie galette crousti fondante qui s'est doucement réchauffée pendant que le thé se préparait. Comme il n'en restait plus une miette, j'en conclu que la quantité de gras est tout à fait acceptable -ahem-.

La galette au chocolat et à la confiture de framboises (inspirée de ce livre)
Pour 4 à 6 personnes
Pour ne pas me décourager, j'ai fait la frangipane deux jours avant la cuisson de la galette et j'ai commencé la pâte la veille, ce qui fait que le jour j, il n'y avait plus qu'à donner deux tours de rouleau à la pâte)

La pâte feuilletée au cacao
La détrempe
-250g de farine
-30g de beurre demi-sel fondu
-12,5cL d'eau
Le beurre de tourage
-25g de cacao non sucré
-250g de beurre mou
-15g de sucre glace

La frangipane au chocolat (il en restera forcément mais elle se congèle très bien et le jour où vous aurez envie d'une tarte Bourdaloue au chocolat, hop, il suffira de faire une pâte sablée et de pocher des poires dans un sirop vanillé)
-80g de chocolat à pâtisser fondu
-80g de beurre mou (vous êtes priés de ne pas faire la somme totale de beurre nécessaire)
-80g de poudre d'amandes
-80g de sucre
-15g de maïzena
-1 oeuf
-100g de crème pâtissière préparée comme indiqué ci dessous

La crème pâtissière
-12,5 cL de lait
-30g de sucre
-1 jaune d'oeuf
-une cuillère à café très rase de maïzena
-12,5g de beurre froid en petits morceaux

et puis environ deux cuillères à soupe de confiture de framboises additionnée d'un peu de jus de citron et un jaune d'oeuf avec un peu de lait pour le dorage.

Pour la crème pâtissière, porter à ébullition le lait avec la moitié du sucre.
Pendant qu'il bout, fouetter le jaune d'oeuf avec le sucre restant jusqu'à ce que le mélange blanchisse, ajouter la maïzena avant de verser le lait sucré bouillant. Ne pas arrêter de remuer puis remettre sur le feu jusqu'à épaississement. Quand celui ci est obtenu, éteindre le gaz et ajouter le beurre. Lisser et réserver.
Pour la frangipane, fouetter le beurre avec la poudre d'amandes puis ajouter le sucre puis l'oeuf. Bien mélanger puis incorporer un à un la maïzena, la crème pâtissière et le chocolat fondu.
Pour la pâte feuilletée, mélanger le beurre mou avec le cacao et le sucre. Reformer un parallélépipède plus plat que celui de départ, l'emprisonner dans du papier film et le laisser une heure au réfrigérateur.
Préparer la détrempe en mettant la farine dans un saladier, creuser un puits, y verser le beurre fondu et l'eau. Amalgamer rapidement pour former une boule de pâte à filmer et à laisser également une heure au réfrigérateur.
Sur un plan de travail recouvert de papier sulfurisé, étaler la détrempe en carré. Déposer le beurre en son centre et rabattre les bords.
Etaler cette ébauche de pâte en un rectangle de 50cm sur 20 cm. Plier en trois en rabattant une des extrémités vers le milieu et la deuxième sur le dessus (G. est à votre disposition pour fournir des schémas explicatifs).
Tourner la pâte d'un quart de tour et répéter l'opération.
Filmer et laisser une heure au réfrigérateur.
Renouveler la séance d'étalage pliage deux fois en laissant une heure de repos au frais entre chaque séance.
Au bout de tout ce temps (et de beaucoup d'acharnement), étaler la pâte sur une épaisseur d'environ 2mm.
Découper deux cercles de 20cm de diamètre. Sur l'un étaler la frangipane en laissant une marge de 2cm sur les bords. Répartir la confiture de framboises. A un moment, penser à déposer une fève, qu'elle soit ou non en forme de cafetière italienne.
Recouvrir le tout avec le deuxième cercle de pâte, bien souder les bords, faire le dessin qui vous plaît sur le dessus, dorer au jaune d'oeuf et au lait, enfourner environ trente minutes dans un four préchauffé à 180° (surveiller).
Tiède, c'est juste à se damner.

mardi 1 janvier 2008

La mousse au chocolat des Barbies qui s'ignorent

Parfois en vacances, on fait des choses très étranges.
On découvre le plaisir simple de manger des petits pains au lait grillés généreusement tartinés de beurre salé et de nutella au milieu de la nuit, confortablement installés dans un lit qui ne nous appartient pas (mais on a bien fait attention de ne pas faire de miettes et on a consciencieusement fait le ménage avant de quitter l'appartement qui ne nous appartenait pas).
On fait d'interminables parties de Trivial Pursuit contre deux personnes obsessionnelles qui veulent votre peau depuis que vous les avez ruinées, l'air de rien, lors d'une partie de Monopoly (la première que vous gagnez de toute votre existence, difficile d'avoir la victoire discrète; surtout que les adversaires étaient coriaces et n'ont jamais cédé à vos supplications d'échanges de propriétés, bien que vous ayez avec eux des liens très forts). J'ai remporté humblement cette partie de Trivial.
On va déjeuner au Délicabar, quelle idée saugrenue. Serveurs qui font la tête comme s'ils avaient raté leur premier foie gras maison, soupe à peine tiède et insipide, incursion de Sébastien Gaudard himself qui n'a pas de quoi être fier si l'on en croit le chocolat qui accompagne le café et que G. a tout simplement recraché (avec classe) tellement le goût était désagréable. Dommage. Il vaut mieux aller grignoter un délicat sandwich chez Cojean (où la soupe petit pois et wasabi était volupteuse et bien chaude).
On accepte de faire la queue pour déjeuner à Rose Bakery un dimanche après être allé à la halle Saint Pierre rêver devant les petits personnages de Yolande Fièvre, que la cohabitation verticale, bien qu'elle soit étroite, empêche tout de même de se regarder dans les yeux.
Alors il faut bien admettre qu'à Rose Bakery, ils savent super bien faire la cuisine.
On erre dans les allées du Père Lachaise par un froid sibérien. On met longtemps à se remettre de l'instant de recueillement devant la tombe de Frédéric Chopin, qui croule sous les fleurs fraîches et devant laquelle les gens s'arrêtent, se taisent, et j'aime imaginer qu'ils ont en tête certains Nocturnes. Etre vivant et mort à la fois.
On peut commencer une journée en allant voir au Musée d'Art moderne les personnages étranges, terrifiants et familiers à la fois dessinés par Alfred Kubin dont l'esprit tourmenté nous confronte à nos propres démons, et puis finir la journée en sautillant de ravissement et d'excitation à la Cité de l'architecture devant l'exposition consacrée à la villa imaginaire de Mademoiselle B., qui n'est autre que la fine poupée blonde à la poitrine opulente qui ne quitte jamais ses talons et dont la beauté lisse retrouve grâce à nos yeux lors de la découverte de sa villa pensée par neuf femmes architectes, mêlant jardin secret, boudoir multi fonctions pour à la fois accueillir le psy et le coach particulier, salle de réception en rouge et noir où les invités, perchés sur les louches d'un "manège-à manger" attendent en contemplant le vide, l'ascension de la table chargée de victuailles et tout plein d'autres fantaisies séduisantes et colorées. L'accès à la pièce principale de l'exposition se fait par un couloir très gourmand qui s'achève sur une table de banquet hypnotisante et une photo qui retrace la composition d'un banana cake barbiesque que j'aurais bien emporté sous le bras. Autant dire que les petites filles qui se rendent à l'expo ne s'en remettent pas. A mon grand désespoir, je n'ai jamais eu de poupée Barbie et par réaction, je la trouvais terriblement lisse d'ennui et de futilité mais l'expo est vraiment chouette.



En parfaite adéquation avec l'univers gourmand, moelleux et sucré (bien que sans bourrelets) de Mademoiselle B., une mousse au chocolat concoctée par Nigella pour son dernier livre, source inépuisable d'idées pour les repas de tous les jours avec toujours de très jolies photos et des petits textes d'introduction vifs et inspirés (enfin, je trouve). La mousse en question, qu'elle appelle Instant chocolate mousse est sensée couper court à l'attente habituelle qui sépare le moment de sa confection à celui de sa dégustation et peut se déguster à peine refroidie mais, comme je suis un peu timorée, je l'ai quand même préparée une demie journée à l'avance et nous l'avons goûtée bien froide. Barbie, elle-même s'en serait léchée les babines (attention à ton gloss, mademoiselle B.!)
Faire fondre des marshmallows dans du chocolat a quelque chose d'intensément jouissif que j'aurais du mal à expliquer, c'est agréable comme d'aller visiter l'Enfer de la BNF, entre amoureux en goguette et vieux messieurs très bien comme il faut regardant les films porno des années 20 avec un certain émoi.


La mousse au chocolat et aux marshmallows de Nigella (oui eva, j'ai osé finalement!)
Pour deux à trois personnes

-125g de chocolat à pâtisser
-25g de beurre (ici salé)
J'ai utilisé du Nestlé kraft clair et du beurre salé, la mousse avait un petit goût de caramel au beurre salé très addictif, mais la prochaine fois, j'essaierai avec du chocolat à 70% qui devrait donner un goût plus "adulte" à tout ça. Barbie est quand même très femme.
-70g de marshmallows grossièrement coupés en deux
-30mL d'eau bouillante
-145g de crème fraîche bien froide

Faire fondre dans une casserole à feu doux le chocolat, le beurre, les marshmallows et l'eau bouillante.
Ne jamais arrêter de remuer. Retirer du feu quand le mélange est complètement fondu et homogène.
Pendant que le mélange chocolaté refroidit, monter la crème en chantilly.
Incorporer délicatement le chcolat à la crème.
Répartir la mousse dans les verres que vous aurez choisis.
Laisser au refrigérateur jusqu'à dégustation.


Bonne année à tous, que 2008 soit pleine de rêves éveillés!