vendredi 26 juin 2009

Books for cooks

Lors d'anciennes vacances londoniennes nous avions arpenté les rues de Notting Hill sous un soleil de plomb et j'étais restée sur le divan rouge de Books for cooks, feuilletant des livres dans une odeur de gâteau qui cuit, jusqu'à ce que ferme la librairie.
Déçue de ne pas pouvoir participer à une journée qui m'a mise en appétit (bouh!), je voulais parler de quelques livres de cuisine différents, précieux, audacieux, érudits et bien écrits, tellement chouettes que je les relis avant de dormir ou que je les emporte en voyage.
J'aime les livres de cuisine qui racontent une histoire, qui révèlent en creux la personnalité d'un auteur, qui donnent des connaissances pointues sans être ennuyeux, qui amusent, mettent en appétit, rappellent des souvenirs, intriguent, questionnent, donnent le sourire.
Sélection non exhaustive

La cuisine, c'est cool de Raphaël Fejtö
Acheté quand j'étais en classe troisième alors que je faisais un horrible stage dans une librairie horriblement commerciale. J'avais tout le temps de traîner dans les rayons et quand ma maman était venue me chercher le premier soir, je lui avais demandé ce livre qui me faisait beaucoup rire et me mettait étrangement en appétit alors que certaines recettes me font frissonner d'horreur (je pense à la salade d'endives au roquefort). C'est un livre pas sérieux du tout et qui s'adresse selon l'auteur "à ceux qui n'ont jamais fait le rapport entre les aliments naturels et les plats préparés, et pour qui la cuisine est une chose abstraite et effrayante", on sourit donc souvent quand on ne se sent pas concerné par cet avertissement. A l'époque, je ne me lassais pas de lire la recette du steack grillé et celle des foies de volaille au riz basmati et aux raisins secs.


Wagashi de Kazuya Takaoka, Mutsuo Takahashi, Hiroshi Yoda
En attendant d'aller au Japon (il faudrait que je dédie une tirelire à cette fin), je me délecte des très jolies photos de ce livre trouvé par hasard à la Cocotte et je rêve en découvrant les noms de ces délicates pâtisseries japonaises: Spring in the neighborhood, Midwinter crimson plum blossom, Streets of Rakuyo, A lovely autumn day...


Les bons ustensiles et les bons gestes de Frederick e. Grasser Hermé
J'ai toujours adoré le style enlevé de FeGH et sa curiosité insatiable concernant tout ce qui se mange; je me suis jetée sur son opus dédié au pâté Hénaff (qui me rappelle d'anciens goûters, avec ma maman) et ce livre, avec son bel épluche-pomme en couverture, est une mine d'idées et de détails très précis sur l'origine des objets de cuisine. Elle s'amuse avec tous les ustensiles possibles et imaginables et donne envie de posséder illico un bol Margrethe, la pelle à tarte de Matali Crasset ou une yaourtière Yalacta. Elle donne aussi quelques réponses pour ceux qui veulent des oeufs carrés, faire apparaître la Sainte Vierge sur leurs toasts ou faire cuire leur saucisses en faisant Paris-Deauville dans une Mini.


La cuisine du Cambodge avec les apprentis de Sala Baï
Ce livre m'émeut beaucoup, on devine pourquoi. Au début, je voulais être médecin pour faire de l'humanitaire au Cambodge mais, peut-être parce que je ne suis qu'une petite froussarde prétentieuse, j'ai l'impression d'avoir déjà remboursé une partie de la dette qui m'a permis de rester en vie alors tant pis, je suis super contente d'être une mini psychiatre (sans doute égoïste) qui travaillera ici.
Les recettes ne sont pas tout à fait celles de ma maman (et il n'y a pas ses fameuses galettes aux oeufs de poisson) mais j'en ai essayé plusieurs, en les adaptant un peu, et c'était délicieux. Ma maman quant à elle, était très contente de la recette des gaufres au lait de coco (très bon).


Saveurs sacrées de Stéphanie Schwartzbrod
Pour découvrir, mois par mois, toutes les recettes rituelles de la religion catholique, juive et musulmane. Pour pouvoir enfin expliquer en quoi consiste le carême, pessah, pourim, kippour, chavouot et achoura. Pour avoir faim en lisant les recettes de la harira, des crêpes mhalbi à la fleur d'oranger ou des blintze aux framboises.


Les cuisines de l'amour de Blandine Vié, Walter Ego et Dominique Couvreur
Un livre rose et bleu, qu'on peut lire dans les deux sens, qui propose avec "malice, humour et esprit" des recettes adaptées à toutes les circonstances amoureuses. Pour séduire, se remettre d'une rupture ou entériner une rencontre, plein de menus affriolants et gourmands assortis de commentaires joyeux pour que les nourritures terrestres ne se séparent pas de nourritures spirituelles (et apprendre ainsi ce qu'est un oeuf jumbo ou comment faire une tarte à la recuite).


Tous les livres de la série Foood chez Tana
Sur la photo, les deux derniers.
Modernes, jolis, inventifs, écrits par des gens qui aiment manger, lire et s'amuser.
Dans Petites [ré]créations culinaires, on découvre une merveilleuse tapisserie comestible au fromage et à la confiture, on découpe des petits cochons dans des tranches de pain grillé et on les dispose dans un parcours de rillettes, on fait des sucettes aux parfums de sous-bois.
Dans Petits festins nomades, on voudrait partager les pique-niques délicats et précieux de Sonia Ezgulian, la pro des repas nomades, qui concocte par exemple des club sandwiches puzzle, des keftas à la sauce tomate qu'elle cuit dans des boîtes à sardines sur la braise ou un épatant gâteau d'omelettes.
Mais dans la série, celui que je préfère, c'est Petits larcins culinaires...


Le livre de la cuisine juive de Claudia Roden
Typo et mise en page vraiment jolies, une érudition qui me laisse chaque fois baba, une référence je crois. J'ai essayé les boulettes de poissons à la farine de metzo, délicieuses.


The kitchen diaries de Nigel Slater
J'ai passé un long moment un dimanche après midi à essayer d'élire ma photo préférée du livre. J'hésite entre le gâteau roulé au lemon curd et aux fruits de la passion, le poulet rôti avec la purée au fromage et la sauce à l'ail, le poulet sucré et collant, le cobbler pêches-myrtilles, le chèvre cendré dégusté sur un morceau de pain avec une pêche veloutée ( il faut croire que j'aime le poulet, et les pêches) ou l'exquise simplicité d'un riz sauté.


Feast de Nigella Lawson
Mon préféré de ma cuisinière anglaise préférée qui se lève la nuit pour finir le gâteau au chocolat et prépare la dinde de noël en pensant déjà aux sandwiches qu'elle pourra confectionner avec les restes. C'est souvent le livre que j'emporte quand il s'agit de partir loin pour des choses désagréables. Parce que c'est très réconfortant de penser qu'il est possible de faire à la maison un cheesecake aux pommes avec de la butterscotch sauce ou un gâteau au chocolat et au miel avec des petites abeilles en pâte d'amande sur le dessus. Le chapitre sur la cuisine géorgienne et Rosh Hashanah sont passionnants mais j'ai un faible pour celui intitulé "Midnight feast" et son "Back-from-the-bar snack", mélange revigorant de pommes de terre cuites, petits pois, bacon, oeufs et cheddar.


Italian country cooking, the secrets of cuccina povera de Loukie Werle
Je ne me lasse pas des photos qui mêlent faïence ancienne, couverts en corne, vieille marmites, cocottes en fonte, planches en bois éprouvées, nappes épaisses, torchons en lin froissés. J'ai appris grâce à ce livre à faire des petites paupiettes de chou farci super bonnes et du poulet all'arrabbiata qui arrache en douceur.

Et puis j'aime bien aussi Cantines, La table du thé, les petits livres de l'Epure, A platter of figs, Rose Bakery et Le livre de cuisine de Marguerite Duras.
Et puis 1080 recettes de Simone et Inès Ortega, à cause des dessins (et surtout celui du frigo...)


Et vous, vous aimez lesquels? (la prochaine fois, je raconte une vraie histoire)

lundi 8 juin 2009

Le cobbler fraise-rhubarbe d'Albertine et les questions des Booktravellers

Cette semaine:
-j'ai arrêté de porter des collants
-j'ai reçu plein de cartes postales et de petits mots (jeune fille en goguette dans un train entre les montagnes, vieille amie qui rentre d'un stage de voile, jeune femme à laquelle je pense en silence -que j'ai toujours su mal briser-)
-j'ai goûté l'éclair au chocolat de chez Cozic: crème délicieuse mais chou un peu trop sec. Par contre, guimauve à la fraise parfaitement moelleuse, parfumée et régressive
-j'ai visité un appartement en face de mon cinéma préféré
-au Tire-bouchon, vendredi soir, il y avait un monde fou, y compris en terrasse. Il n'y eut rapidement plus de gigot d'agneau puis d'asperges vertes (servies en entrée avec un oeuf mollet), puis de clafoutis aux fraises, puis de crumble aux pommes puis de riz au lait (un jour -quand j'aurais réussi à prendre des photos décentes de l'endroit en question-, il faudra que je vous reparle de la dame qui prépare les desserts, Marianne elle s'appelle)
-G. a fait son premier smoothie, fraise-banane-orange. Très bon siroté à la paille (rose) en grignotant quelques biscuits
-hier, il y eut des langoustines au dîner, délicieuses, charnues et iodées
-ce matin, pluie fraîche sur les pavés, j'ai fait un gâteau que j'apelle déjà le cobbler Albertine

Le cobbler fraise-rhubarbe d'Albertine d'après une recette de Simply Recipes
J'ai mis plus de fraises que de rhubarbe et sans doute moins que les quantités préconisées, ça marche aussi. Et puis j'ai mis de la vanille parce que je n'avais pas d'oranges à zester.

Dans un plat mélanger 200g de fraises coupées en morceaux, 400g de rhubarbe en tronçons, 60g de sucre, 2 CS de perles du Japon et les zestes de deux oranges (ou les graines d'une gousse de vanille et la gousse). Mélanger et réserver.
Préparer la pâte: mélanger 125g de farine, 2 CS de sucre, un demi sachet de levure puis incorporer rapidement 50g de beurre mou salé puis un oeuf puis 60mL de lait. Ce n'est pas grave s'il y a des grumeaux.
Déposer des grosses cuillères de pâte sur les fruits (si vous suivez les proportions initiales, il n'y aura pas assez de pâte, c'est normal), saupoudrer de sucre et enfourner une demi-heure à 180° (le dessus doit être doré).
Délicieux avec de la crème fraîche et j'essaierai sûrement une version pomme-mûre.
Merci Albertine!


Et puis aussi, comme le temps s'y prête, je réponds aux petites questions des Booktravellers.


Alors est-ce que je corne les pages ou est-ce que j'utilise des marque-pages?
Argh, des pages cornées, je crois que j'aurais du mal à supporter. En général, j'utilise en marque-page ce qui me tombe sous la main d'un peu joli, une carte postale, un petit mot sur un bout de papier arraché à un cahier, une carte de restaurant... En ce moment, c'est la carte d'un magasin parisien où j'étais allée en février avec deux copines, l'atelier d'une jeune femme qui utilise du papier washi pour fabriquer divers objets. J'avais acheté deux rouleaux de papier que je n'ose pas utiliser même si les idées ne manquent pas (couvrir juste un cahier, enrober ce qui était une boîte de chocolats chics, rendre unique un banal abat-jour).
Pour en revenir aux marque-pages, j'en avais un très beau, offert par G., un dessin de cerisier japonais, avec une petite cordelette bleue et je l'ai perdu probablement sur un quai de métro en rentrant de l'hôpital alors que je lisais par ailleurs un roman que j'avais trouvé ennuyeux (Middlemarch, pavé de George Eliott).

M'a-t-on déjà offert un livre?
G. a l'art d'offrir les livres (des introuvables ou le dernier Nigella alors que je ne savais même pas qu'il était sorti ou un livre aperçu il y a plusieurs mois dans une librairie et auquel j'avais résisté...)
J'adore qu'on m'offre des livres, c'est l'un de mes cadeaux préférés, parce que les gens qui le font ont parfois une connaissance intime de mes goûts même si cela ne concerne qu'un seul secteur d'intérêt.
Cette année, j'en ai eu de très chouettes: un Gombrowicz de la part de Rose, les merveilleux livres qui arrivent emballés de rouge choisis par Albertine, un roman japonais tendu par I. dans un salon de thé, Une part de ma vie donné par S., les beaux articles de Guibert expédié par E., un clin d'oeil à la blanquette par une fille qui l'aime bien citronnée...

Lire dans mon bain?
Je n'en prends jamais mais si je le faisais je crois que je préférerais un magazine.

Est-ce que j'ai déjà pensé à écrire un livre?
J'ai commencé plein d'histoires quand j'étais ado mais je crois que je n'ai ni la plume ni la trempe d'un écrivain. Quand je lis Proust, je me sens vraiment minuscule.

Que pense-je des séries?
Je ne dois pas aimer ça puisque je n'en lis jamais.

Mon livre culte?
Le livre que j'adore par dessus-tout, aussi parce que le l'ai lu l'été où j'attendais les résultats de l'internat, celui qui m'a épatée à chaque page, dont je relisais parfois immédiatement les chapitres, que je trouve vraiment brillant, c'est La vie mode d'emploi. J'aime tous les Perec que j'ai lu, j'adore le premier chapitre des Choses et l'album sur Ellis Island m'émeut aux larmes.
Sinon en ce moment, quand je suis un peu triste, j'aime bien lire Le journal d'adolescence de Virginia Woolf, délicieusement écrit, malicieux et profond.
J'ai beaucoup d'affection aussi pour mes romans d'ado (les Judy Blume, Je ne t'aime pas Paulus, Les peurs de Conception, Nos amours ne vont pa si mal) et puis un roman bizarre, dont le titre anglais est Bilgewater (Une éducation sentimentale en français), l'histoire d'une fille qui s'appelle Marigold, vit avec son père dans un pensionnat de garçons en Angleterre, est terriblement amoureuse de Jack Rose, le capitaine de l'équipe de foot tout en n'étant pas indifférente à Terrapin, garçon compliqué et elliptique, jusqu'à ce que débarque Grace Gathering qui vient d'être renvoyée de Darlington Hall et qui va séduire Jack grâce à sa quantité presque monstrueuse de cheveux (brillants et souples). Je dis que c'est un livre étrange parce que l'ambiance est très particulière, les relations ne sont parfois que suggérées entre les personnages et Marigold est pour le moins bizarre.


Bon sinon vous savez bien, j'aime Marguerite Duras, Valérie Mréjen, Shakespeare, Jane Austen et Lewis Caroll.
Et Simone de B., la classe et l'intelligence, tout en même temps.

Est-ce que j'aime relire?
Les passages que j'aime bien (à condition que, comme G., je prenne la peine de les noter au crayon gris sur la dernière page du livre).
Sinon, j'aime bien relire des BD, comme de Mal en pis.

Rencontrer des auteurs que j'aime bien?
Malheureusement Proust, Duras, Perec, Guibert, Simone de Beauvoir et Jane Austen sont morts (pourtant je suis sûre que J. Austen devait être de très bonne compagnie). D'une manière générale, je lis peu de littérature contemporaine, je ne me sens pas concernée. Bon, il y a l'exception Mréjen mais je ne sais pas si j'aimerais la rencontrer. Comment ne pas avoir l'air stupide dans ces occasions? Comment expliquer comme le livre nous a parfois aidé à vivre?
(G. me rappelle que j'ai bien aimé le Marisha Pessl, La physique des catastrophes. C'est vrai. J'aime bien appeler ce livre La catastrophe de mon physique).

Emprunter ou acheter des livres?
Jamais je ne reprendrai de carte de bibliothèque, je regrette trop tous ces livres lus jusqu'à ce que je quitte la maison de mes parents. J'avais emprunté à la bibli tous les Guibert, les Duras, les Koltès, les Shakespeare, et j'ai du mal à les racheter parce qu'ils n'ont pas d'histoire et que je n'ai pas toujours envie de les relire tout de suite.

Des choses un peu honteuses que j'ai lues?
Bon j'avoue, j'ai lu un Anna Gavalda (juste un bout, le premier. On me l'avait offert. D'ailleurs on me l'a offert trois fois. Genre j'ai une tête à aimer Anna Gavalda).

Comment je choisis mes livres?
Je crois que ce que je préfère c'est quand quelqu'un que j'aime beaucoup m'en conseille un mais l'une de mes activités favorites est de traîner dans les librairies alors c'est le hasard qui choisit. Ah, j'aime bien aussi quand j'entends quelque chose à la radio qui s'y réfère, un cinéaste qui cite un auteur, quelque chose comme ça.

Le livre idéal?
Difficile, quand je pense à idéal, je pense à La vie mode d'emploi mais aussi à Sister Carrie, Le destin de M Crump, Les Hauts de Hurlevent, Anna Karénine, Madame Bovary. Je ne sais pas ce qu'ils ont en commun mais je ne pouvais m'en séparer.

Lire au-dessus de l'épaule des gens?
Jamais avec insistance.

Lire en mangeant?
Un roman, c'est impossible: je ne peux pas me concentrer sur deux sources de plaisir à la fois mais quand je suis de garde, il m'arrive de manger des steacks hachés de veau à la portugaise (!) avec du riz en lisant le Elle ("Passez les fêtes sans prendre un kilo", "Trouvez le jean qui vous va" etc)

Lire avec de la musique, en silence?
A la maison j'aime le silence mais sinon, j'aime bien lire dans le brouhaha feutré des cafés ou en bord de mer.
(en fait, ça n'a rien à voir, mais j'adore lire dans une atmosphère qui sent le gâteau en train de cuire, avec une tasse de thé).



Les livres électroniques?
Jamais.

Le livre que je suis en train de lire? Le prochain?
Je viens juste de terminer (péniblement) le dernier recueil de nouvelles de Zoyâ Pirzâd, je vais commencer Les cahiers de jeunesse de Simone de Beauvoir mais G. m'a aussi parlé de Laura Kasischke et d'un petit roman de Jonathan Coe La femme de hasard.

Est-ce que j'ai déjà abandonné la lecture d'un livre?
Je n'aime pas faire ça mais c'est arrivé des tas de fois (il m'arrive d'acheter un livre juste parce que j'aime la couverture. C'est très mal).

Le premier livre que j'ai adoré?
Probablement Ping, petit canard chinois, sur lequel mes parents m'ont appris à lire.


mercredi 3 juin 2009

La vie comme elle va -on était bien, bain de mer et draps de bain-

Que fait-on un lendemain de garde pendant laquelle on a couru un peu partout dans l'hôpital sous un soleil de plomb?
On dort un peu, on lit beaucoup (des nouvelles, des livres de cuisine), on va s'allonger sur le divan, on écoute Raphaël Enthoven lire Rainer Maria Rilke, on va boire un verre en terrasse avec son amoureux et on traverse la ville pour aller choisir une pâtisserie chez Cozic, adorable boulangerie où j'emmènerai certainement une fille très cool (qui a eu la classe de m'envoyer un colis que j'ai reçu aujourd'hui) que j'avais traînée à la boulangerie Hoche où le flan pâtissier s'était révélé "pas aussi bon que celui de Pauline quand même" (un jour je vous parlerai du flan pâtissier de G., plein de crème et délicieux, d'après une recette arrachée d'un magazine féminin pendant une garde justement).
J'ai un peu souffert le long du trajet jusque chez Cozic (ils ont un corner aux halles qui sont plus proches de la maison mais il n'y a pas de gâteaux, juste des viennoiseries et quelques pains) à cause d'une allergie saisonnière qui me donne parfois envie de m'arracher la tête, mais la vitrine des pâtisseries valait bien ce petit effort. Il y avait des tartelettes chocolat-framboise, chocolat-caramel, pomme-rapadura, citron-meringue, caramel au beurre salé, des petits cakes carotte-orange, un gâteau fromage blanc-coeur de fraise, un très épais carré aux myrtilles, des scones aux raisins, des lingots au citron, des croûtes à thé... J'en oublie. En fait je convoitais une tartelette aux fraises aperçue juste avant d'aller voir Sylvie Testud au TNB (pour les Rennais qui regrettent de n'avoir pas pris de billets: pas de regrets, c'est une pièce très ennuyeuse) mais il n'y en avait pas aujourd'hui. J'ai laissé la jeune fille qui me suivait dans la file faire son choix, j'avais besoin d'un peu de réflexion.
Je n'aurais pas pensé cela de moi mais j'ai choisi la tarte pomme-rapadura et je suis rentrée à la maison, mon petit paquet à la main, en essayant de ne pas trop éternuer.
Avec un verre de lait frais, j'ai croqué l'ovale de pâte feuilletée qui s'est révélée légère et discrètement salée ce qui allait très bien avec les grosses tranches de pommes, douces et charnues. Je sens que je vais essayer toutes les pâtisseries, les unes après les autres.
***
Sur la photo, un livre dont j'avais entendu parler chez Clotilde, et que je voulais absolument après l'avoir feuilleté dans une librairie culinaire viennoise (où il était vendu à un prix indécent). Dans A Platter of Figs and Other Recipes, David Tanis qui a un restaurant en Californie, élabore des menus qui, outre le fait de respecter les saisons et de préparer simplement de bons produits, reflètent ce que la cuisine peut avoir d'inspirant et de délicat, et donne envie d'inviter au plus vite des gens qu'on aime autour d'un repas pensé, ce qui le rend accessible et classe à la fois. Les photos sont vraiement chouette et j'ai testé des recette du Yellow menu, un poisson grillé après avoir mariné dans un mélange d'épices (curcuma, gingembre, coriandre, cumin, piment), servi avec une sauce au yaourt. Le tout s'est révélé délicieux.
***
Le week end avant la garde, il y eut une chambre vue sur mer.


La dame qui tenait cette chambre d'hôtes dans les côtes d'Armor s'est révélée être une excellente cuisinière (et au moment du départ, j'ai jeté un oeil discret dans sa cuisine, vaste pièce centrée sur une grande table en bois brut. Sur la gazinière, des artichauts étaient en train de s'attendrir dans une énorme cocotte rouge Le Creuset) et nous a servi, lors d'un dîner très doux, du gravlax de saumon fondant, un filet de bar avec des cocos de Paimpol et une sauce au citron que je n'aurais jamais imaginé finir et une tarte tatin déconcertante d'humilité. A la table d'un côté, un couple plus âgé ne perdait pas une miette de leur homard grillé.
Le lendemain, après un petit déjeuner parfait (pour aller sur les tartines beurrées il y avait une confiture de rhubarbe à l'orange et une autre, abricot et anis), nous avons pris un bateau parmi une foule que nous ne cesserons ensuite de fuir. Ma jupe grise a gonflé comme une mongolfière quand il fallut poser pied à terre.
Rentrés sur le continent, nous avons déambulé sur des sentiers côtiers qui croisaient des maisons peintes en blanc, des gros rochers et parfois même des petits lacs où défilaient des cygnes.
C'était bien. J'espère qu'on le refera.
***
Demain, une nouvelle garde, mais après, quelques jours loin de l'hôpital qui me donneront l'occasion de parler de livres et des façons de lire, sur l'invitation de booktravellers.
Et puis aussi, ça n'a rien à voir et ça fait midinette mais bon; sur le site du Fooding, il y a les restaurants préférés de Valérie Mréjen et Raphaël Enthoven, j'aime bien ce genre de chose.