A very special cup of tea -mousse chocolathé(e) aux agrumes-
Il a plu pendant toute la première après-midi parisienne. Ce n'était pas un voyage d'agrément, il s'agissait de remplir des formalités peu réjouissantes qui consistaient, entre autres choses, à prendre le RER ligne A4 à sept heures du matin pour retrouver, dans une salle grise de banlieue glauque, de jeunes personnes au visage triste parfois accompagnées de leurs parents aux traits tirés. Certains avaient leurs valises à la main. J'ai reconnu dans la foule un couple dont la fille, habituellement très apprêtée, avait le cheveu emmêlé et les yeux bouffis d'un manque de sommeil ou d'un excès de larmes. J'aurais voulu leur dire un mot, mais je n'aurais pas trop su lequel, dans ces circonstances-là. Bref, maintenant c'est fini (ou presque...) et j'ai essayé d'oublier cette cuisante humiliation en feuilletant avec joie la très jolie et pertinente sélection de livres réalisée par les propiétaires de La Cocotte dans leur belle librairie, rose, lumineuse et ludique. Pendant notre visite, il y avait aussi une démarcheuse de chez Marabout extrêmement autoritaire et ayant visiblement assimilé les grandes tendances culinaires du moment (et là, j'ai été ravie d'entendre la libraire lui dire que le livre sur les verrines, ça ne l'intéressait pas du tout, que le concept même de la verrine est ininteressant, qu'il est prétexte à servir tout et n'importe quoi. "Oui, mais il se vendra bien à Noël" a répliqué illico Madama Marabout. "Peut-être, mais dans ma librairie, je veux d'abord des livres que j'aime et de toute façon celui-là, on peut le trouver partout" a répondu Mademoiselle Cocotte). Allez-y, c'est vraiment chouette. Peut-être même que vous y croiserez Laura Zavan, en jean et perfecto violet, venant déposer les courses pour sa séance dédicace du lendemain.
Toujours est-il que la veille, pour ne pas se laisser dévorer par l'angoisse de l'attente, nous avons flâné de la librairie polonaise à la Hune et d'épiceries italiennes aux boutiques de vêtements scandinaves, jusqu'à ce qu'une petite pluie fine et tenace nous conduise dans le salon de thé Ladurée de la rue Bonaparte. A une table toute proche, un homme et une femme d'un certain âge ont pris place avec une élégance touchante. Ils ont contemplé la carte des pâtisseries et la dame a demandé au monsieur "Vous souvenez-vous la dernière fois? Vous aviez pris un millefeuille, avec un fruit rouge, je ne sais plus lequel..." Le monsieur a confirmé, a suggéré qu'il s'agissait sans doute de fraises. Elle lui a répondu "Alors si nous prenions un millefeuille aux framboises, en souvenir de la dernière fois? Qu'en dites-vous? Et puis une religieuse au chocolat... Elles sont délicieuses ici." Ce vouvoiement tendre, affectueux et gourmand me plaît terriblement.
Pour notre part, nous avons choisi de partager un éclair à la vanille et un impressionnant Saint-Honoré fraise-coco en buvant un thé Marie-Antoinette, aux parfums très subtils. Un moment apaisant et plein de volupté, qui m'a aussi rappelé l'éclair au chocolat et la tarte framboise-pistache partagés dans un petit salon du Café de la Paix lors d'une nuit parisienne en bonne compagnie. J'avais bu un délicieux Lapsang Souchong.
Ce soir-là, aux Jardins de Mandchourie, en sirotant un thé au jasmin pendant que les nuages s'écartaient et dévoilaient la symétrie parfaite de la lune, nous avons découvert l'agréable sensation de mordre dans une petite croquette brûlante à la farine de riz renfermant un délicieux coeur de glace au lait. Le contraste des textures et des températures était bluffant.
Le lendemain midi, j'ai bu un très fin genmaïcha assise au comptoir d'Azabu, en observant le cuisinier réaliser de très beaux sushis pressés.
Pour le voyage en train jusqu'à Bordeaux, où un autre moment difficile nous attendait, nous avions pris chez Sadaharu Aoki, un éclair et un millefeuille aux thé matcha et la dégustation de nos gâteaux martiens a largement contribué à égayer le trajet. Là-bas, dans un froid sibérien, il y avait le parfum entêtant des lys et des roses qui venait se mêler au goût des larmes. J'ai bu beaucoup de sencha brûlant en me sentant minuscule et impuissante à consoler le chagrin de G.
Nous avons repris tard un avion pour Rennes. Avant le décollage, j'ai été étonné par le goût délicieux du très simple thé au lait bu rapidement à la cafétéria de l'aéroport.
Le très gentil chauffeur de taxi qui nous a ramené à la maison nous a avoué qu'il prenait sa retraite dimanche.
Dans la boîte aux lettres, il y avait un petit paquet tout blanc que je me suis empressée d'ouvrir avant même d'avoir ôté mes chaussures et j'ai montré avec joie à G. un joli livre sur le thé envoyé par quelqu'un qui commence à vraiment bien me connaître... Merci.
Samedi soir, pendant que G. accrochait sur le mur de la cuisine une soupe Campbell dont la couleur nous avait beaucoup plu dans la vitrine de l'encadreur, j'ai préparé une mousse au chocolat au lait et au thé qui a rempli toutes ses promesses. La recette initiale recommande l'utilisation de chocolat amer et d'Earl grey mais G. voulait quelque chose de très doux et pour remplacer le thé à la bergamote, nous sommes allés demander conseil à la propriétaire d'une jolie boutique de porcelaine britannique, qui vend aussi du thé Betjeman & Barton, et qui, à l'évocation de la recette, a suggéré leur thé Summer blend, dont l'arôme délicat de pamplemousse a immédiatement séduit G. Le résultat est étonnant et très agréable: on a d'abord en bouche le goût doux et lacté du chocolat puis le parfum du thé envahit doucement le palais et appelle une deuxième cuillérée de mousse!
La mousse au chocolat au lait et au thé parfum d'été
Pour quatre personnes
-75g de chocolat au lait à pâtisser (ici, du Valrhona)
-15cL de crème fraîche liquide très froide (ici, de la crème crue)
-2 blancs d'oeuf
-une demie cuillère à café de thé moulu (ici du Summer Blend Betjeman et Barton patiemment et gentiment moulu par G., qui en avait fini avec la soupe Campbell )
Faire fondre le chocolat au bain-marie.
Pendant ce temps, battre d'une part les blancs en neige et d'autre part la crème en chantilly en ajoutant en fin de course le thé moulu. Mélanger délicatement le chocolat fondu et encore un peu chaud à la chantilly puis incorporer non moins délicatement les blancs en neige à la préparation. Répartir dans des petits bols et réfrigérer au moins pendant six heures (mais une nuit, c'est mieux).
Toujours est-il que la veille, pour ne pas se laisser dévorer par l'angoisse de l'attente, nous avons flâné de la librairie polonaise à la Hune et d'épiceries italiennes aux boutiques de vêtements scandinaves, jusqu'à ce qu'une petite pluie fine et tenace nous conduise dans le salon de thé Ladurée de la rue Bonaparte. A une table toute proche, un homme et une femme d'un certain âge ont pris place avec une élégance touchante. Ils ont contemplé la carte des pâtisseries et la dame a demandé au monsieur "Vous souvenez-vous la dernière fois? Vous aviez pris un millefeuille, avec un fruit rouge, je ne sais plus lequel..." Le monsieur a confirmé, a suggéré qu'il s'agissait sans doute de fraises. Elle lui a répondu "Alors si nous prenions un millefeuille aux framboises, en souvenir de la dernière fois? Qu'en dites-vous? Et puis une religieuse au chocolat... Elles sont délicieuses ici." Ce vouvoiement tendre, affectueux et gourmand me plaît terriblement.
Pour notre part, nous avons choisi de partager un éclair à la vanille et un impressionnant Saint-Honoré fraise-coco en buvant un thé Marie-Antoinette, aux parfums très subtils. Un moment apaisant et plein de volupté, qui m'a aussi rappelé l'éclair au chocolat et la tarte framboise-pistache partagés dans un petit salon du Café de la Paix lors d'une nuit parisienne en bonne compagnie. J'avais bu un délicieux Lapsang Souchong.
Ce soir-là, aux Jardins de Mandchourie, en sirotant un thé au jasmin pendant que les nuages s'écartaient et dévoilaient la symétrie parfaite de la lune, nous avons découvert l'agréable sensation de mordre dans une petite croquette brûlante à la farine de riz renfermant un délicieux coeur de glace au lait. Le contraste des textures et des températures était bluffant.
Le lendemain midi, j'ai bu un très fin genmaïcha assise au comptoir d'Azabu, en observant le cuisinier réaliser de très beaux sushis pressés.
Pour le voyage en train jusqu'à Bordeaux, où un autre moment difficile nous attendait, nous avions pris chez Sadaharu Aoki, un éclair et un millefeuille aux thé matcha et la dégustation de nos gâteaux martiens a largement contribué à égayer le trajet. Là-bas, dans un froid sibérien, il y avait le parfum entêtant des lys et des roses qui venait se mêler au goût des larmes. J'ai bu beaucoup de sencha brûlant en me sentant minuscule et impuissante à consoler le chagrin de G.
Nous avons repris tard un avion pour Rennes. Avant le décollage, j'ai été étonné par le goût délicieux du très simple thé au lait bu rapidement à la cafétéria de l'aéroport.
Le très gentil chauffeur de taxi qui nous a ramené à la maison nous a avoué qu'il prenait sa retraite dimanche.
Dans la boîte aux lettres, il y avait un petit paquet tout blanc que je me suis empressée d'ouvrir avant même d'avoir ôté mes chaussures et j'ai montré avec joie à G. un joli livre sur le thé envoyé par quelqu'un qui commence à vraiment bien me connaître... Merci.
Samedi soir, pendant que G. accrochait sur le mur de la cuisine une soupe Campbell dont la couleur nous avait beaucoup plu dans la vitrine de l'encadreur, j'ai préparé une mousse au chocolat au lait et au thé qui a rempli toutes ses promesses. La recette initiale recommande l'utilisation de chocolat amer et d'Earl grey mais G. voulait quelque chose de très doux et pour remplacer le thé à la bergamote, nous sommes allés demander conseil à la propriétaire d'une jolie boutique de porcelaine britannique, qui vend aussi du thé Betjeman & Barton, et qui, à l'évocation de la recette, a suggéré leur thé Summer blend, dont l'arôme délicat de pamplemousse a immédiatement séduit G. Le résultat est étonnant et très agréable: on a d'abord en bouche le goût doux et lacté du chocolat puis le parfum du thé envahit doucement le palais et appelle une deuxième cuillérée de mousse!
La mousse au chocolat au lait et au thé parfum d'été
Pour quatre personnes
-75g de chocolat au lait à pâtisser (ici, du Valrhona)
-15cL de crème fraîche liquide très froide (ici, de la crème crue)
-2 blancs d'oeuf
-une demie cuillère à café de thé moulu (ici du Summer Blend Betjeman et Barton patiemment et gentiment moulu par G., qui en avait fini avec la soupe Campbell )
Faire fondre le chocolat au bain-marie.
Pendant ce temps, battre d'une part les blancs en neige et d'autre part la crème en chantilly en ajoutant en fin de course le thé moulu. Mélanger délicatement le chocolat fondu et encore un peu chaud à la chantilly puis incorporer non moins délicatement les blancs en neige à la préparation. Répartir dans des petits bols et réfrigérer au moins pendant six heures (mais une nuit, c'est mieux).
Bientôt, une autre recette à base de thé grâce à un autre joli livre acheté dans une sorte de frénésie consolatrice dans une librairie bordelaise.
Enfin, pour Léna, qui me souhaite gentiment de voir la vie en rose (bientôt, j'espère), des objets très roses que j'aime bien. C'est un début!
Merci pour tous vos mots qui en pansent quelques autres, des maux.