Du pingouin au lapin, une sauce verte, des courgettes farcies, des rêves
Ce samedi matin-là, à Londres, il faisait un temps terrible, à faire se retourner les parapluies, et nous fûmes bien contents d'arriver rapidement au musée. Le jeune homme à la billetterie était fort sympathique, il cherchait pour sa grille de mots croisés, un peintre français du XVIIIème, en cinq lettres, connu pour ses paysages. Nous n'avions pas pu l'aider et j'avoue que je ne vois toujours pas.
Après une expo sur les voitures de formule 1 où nos pas se sont faits rapides, il y avait une très chouette salle sur les livres de chez Penguin, avec de vieux exemplaires aux couvertures superbes. Une Japonaise très lookée, qui portait un joli béret, a pris de nombreuses photos.
Avant de quitter le Design Museum, nous sommes restés quelques temps à leur boutique. Ils avaient les jolies tasses que j'avais déjà vues au Conran Shop de la rue du Bac et que j'ai regrettées de ne pas avoir acheté (ce sont des mugs qui reprennent précisément des couvertures de romans de chez Penguin) mais ils n'avaient pas la seule que je convoitais, à savoir Wuthering Heights; j'ai lu deux fois les amours tourmentées de Catherine et Heathcliff, j'aime beaucoup l'ambiance de landes désolées qui règne dans le roman. Nous sommes cependant ressortis de la boutique avec cet autre joli livre d'où est tirée l'illustration du début de ce post.
Les rives de la Tamise n'étaient guère clémentes, nous avions les cheveux dans tous les sens, à cause du vent, et nous avons désespérément chercher un endroit où déjeuner. Lassés par de multiples déconvenues et commettant l'erreur de ne pas profiter une nouvelle fois d'un Prêt à manger, nous jetâmes notre dévolu sur une pizzeria déserte (oui, ça aurait dû nous paraître louche mais quand on a faim, on ne réfléchit plus beaucoup) et nous avons sans doute mangé les plus infâmes pizzas au prosciutto de notre existence. Tant pis, le but était alors de se nourrir. Je précise quand même que nous avons aussi très bien dîné à Londres, notammant à HK Dinner où nous étions rentrés par hasard et où j'ai découvert avec bonheur qu'on pouvait y déguster de délicieux zenzoo (comme ici, à Paris) parfait pour rafraîchir nos langues brûlées par un savoureux stir fried lamb with chili sauce.
Puis, après ces insipides pizzas, nous sommes allés voir des portraits de Modigliani à la Royal Academy of Arts, bondée en ce samedi après-midi, de Londoniens chics qui adorent pérorer et stagner des heures devant les tableaux sans se soucier des autres visiteurs. C'est très étrange de se retrouver au sein d'une foule extrêmement compacte tout en étant dévisagé par les regards obliques des personnages de Modigliani. Il est bon dans ces situations d'être deux et j'aime bien sentir la main de G. dans la mienne, et puis l'écouter murmurer ce qu'il imagine de la vie de ces femmes au visage allongé.
Tout ça pour dire qu'il y a une semaine et pour la première fois de ma vie, j'ai mangé du lapin. Ceci est arrivé après un élan spontané de G. devant la vitrine de notre volailler (qui vend du lapin, je sais, c'est bizarre) devant l'argument qu'on ne peut pas aimer les bonnes choses et n'avoir jamais goûté de lapin dans son existence. J'avais toujours écarté cette éventualité à cause du lapin blanc d'Alice, de Buggs Bunny et de Peter the rabbit, mais celui du volailler a finit dans mon panier et j'étais désormais impatiente de voir comment G. allait me le faire découvrir.
Finalement, ce fut simple et délicieux. Comme G. avait une certaine nostalgie de la façon dont sa grand-mère préparait la petite bête quand lui-même était petit garçon, il l'a simplement fait rôtir avec sel, poivre et huile d'olive avant de récupérer le jus de cuisson qu'il a mélangé avec du persil, du cerfeuil, de l'ail, du vinaigre balsamique et le foie du lapin coupé en minuscules morceaux. Pour m'appâter, il a servi le plat avec des grosses pâtes au beurre et au parmesan fraîchement râpé et je dois avouer que j'ai trouvé ça divin.
Le lendemain, j'ai pû exercer mes talents de chirurgienne contrariée (voyez-vous, j'aime beaucoup ça la petite chirurgie, ouvrir, résséquer, suturer et tout ça, mais je déteste l'ambiance qui règne dans les blocs opératoires et surtout, ce que je préfère en médecine, c'est écouter les gens me parler d'eux et ce n'est pas possible quand ils sont anesthésiés...) en récupérant tous les morceaux charnus restés sur la bête et comme deux courgettes s'ennuyaient dans la cuisine, je les en ai farcies.
Les courgettes farcies au lapin rôti de Patoumi
-2 courgettes
-un reste de lapin rôti coupés en minuscules morceaux
-un oignon rouge émincé
-de l'ail écrasé
-du persil
-une grosse cuillère à soupe de crème fraîche
-une grosse cuillère à soupe de parmesan
-un quart de boule de mozzarella di buffala en petits dés
-du jambon cru en tout petits morceaux
-de l'huile d'olive, du sel, du poivre
Couper les courgettes en deux dans le sens de la longueur, les vider, garder la chair.
Faire revenir dans un peu d'huile d'olive l'oignon et la chair des courgettes.
Ajouter cette préparations à tous les autres ingrédients dans un saladier.
Bien mélanger.
Farcir les courgettes et les laisser au four une demie heure à 180°.
Gracianne me demandait dans son dernier commentaire à quoi je pouvais bien rêver quand je m'ennuie (et cela arrive souvent à l'hôpital depuis lundi), cela dépend mais j'aime bien penser à des vacances à Biarritz, quand on dîne le soir de délicieux tapas sur le port, ou alors je revois le visage de Shu Qi qui se tourne vers nous au début de Millenium Mambo dont G. m'a offert le dvd il y a peu et que nous avons regardé avec plaisir, et parfois aussi, je pense aux réalisations des uns et des autres sur les blogs de cuisine et je suis impatiente que cette année se termine pour enfin faire le métier auquel j'aspire et avoir plus de temps à consacrer aux fourneaux!