samedi 28 octobre 2006

Variations sur un clafoutis

Hier il y avait à nouveau un petit colis soigneusement emmailloté dans la boîte aux lettres: c'était vraiment un joli paquet, avec du papier kraft, des liens en raphia et l'adresse, calligraphiée avec application. Il était destiné à G., qui a brillamment soutenu sa thèse lundi dernier, et provenait de J., sa grand-mère. A l'intérieur de la boîte (destinée en réalité à contenir des chaussures et dont le design était délicieusement rétro), nous avons découvert du foie gras, des cous de canard farcis au foie gras et du confit de canard que l'on est autorisé à manger de bon coeur, convaincu par Anaïk que le confit, c'est pas gras.
J. et son mari habitent tous deux dans une petite ville du Sud-Ouest, non loin de Duras. De mi-juin à mi-septembre, ils migrent dans leur belle maison des Charentes, à deux pas de l'Océan. C'est là-bàs que j'ai fait leur connaissance pour la première fois. J. est octogénaire mais elle continue d'aller au marché à bicyclette, elle connaît le poissonnier qui aura les moules les plus charnues, les langoustines les plus dodues, et le boucher qui vend l'agneau le plus fondant, le veau le plus goûteux, et le maraîcher aux fraises goûteuses qui ne manque pas de lui offrir un bouquet de persil. J. sait que le secret des excellentes cuisinières, celles qui savent réjouir ceux qu'elles aiment, réside avant tout dans l'organisation: il faut la voir s'activer en cuisine, avec précision, sans tout mettre sans dessus-dessous.
J'ai un souvenir imperissable de certains plats très simples mais absolument déconcertants par leur saveur: dès la première bouchée, on est conquis et l'on se dit que la cuisine, partout, devrait avoir ce goût-là. Je me souviens en particulier de ses tomates farcies, petites mais bien replètes, en rang serré dans le plat, la farce est parfumée et a ce goût si rassurant de lard, d'oignons, de persil, je ne sais, tout ce qui fait la cuisine des grands-mères. J. fait aussi divinement bien les crêpes: lorqu'une crêpe est prête, elle la dépose dans une assiette et R. s'empresse de la saupoudrer de sucre avant de la rouler du bout des doigts (c'est si chaud!) en un cigare serré qui agrandit la petite pyramide de crêpes ainsi apprêtées et conservées au chaud sur une assiette reposant sur une casserole d'eau bouillante. Le sucre forme un sirop au coeur du cigare: quand on a commencé, on ne peut plus s'arrêter!
Je me souviens aussi du bonheur des petits-déjeuners, le chocolat fumant, les tartines, les viennoiseries, le parfum des fruits dans le compotier, et sa confiture de fraises, une sorte de compotée juste sucrée comme il faut, avec de beaux morceaux de fraise.
J. sait aussi apprécier la cuisine des autres et c'est un réel plaisir de la voir parcourir avec appétit les menus de restaurant et son regard est tout brillant quand le serveur soulève la petite cloche argentée, lui faisant découvrir un beau plat de poisson et de saint-jacques. Elle s'étonne parfois de certaines associations qui nous sont familières: "Tiens, ils servent du foie gras avec de la figue?" mais ne rechigne jamais à goûter même ce qui lui semble étrange.
J. fait un délicieux clafoutis aux cerises avec de grosses cerises noires, sucrées et acidulées à la fois. Elle m'avait envoyé la recette et j'adore le décliner avec les envies du moment: des figues fraîches, des pêches,des abricots, des bananes (en remplaçant le lait par du lait de coco... miam), substituer le lait par du lait ribot; c'est très pratique, très rapide à faire et toujours délicieux. La dernière fois, je l'ai fait aux pommes et mmmm, je n'ai pas été déçue!

Le clafoutis de J.
Les proportions sont pour 6 personnes, environ. Je divise souvent par 2 ou par 3.
150g de farine
150g de sucre roux
3 oeufs
2 verres de lait
10cl de crème fraîche
un peu de vanille liquide
un peu de beurre demi-sel
environ 10 pommes (c'était des toutes petites reines des reinettes) épluchées et coupées en petits morceaux

Fouetter le sucre et les oeufs.
Ajouter la farine, bien mélanger.
Ajouter le lait, puis la crème fraîche et la vanille.
Vous obtenez une sorte de pâte à crêpe un peu épaisse.
Beurrez un plat genre plat à gratin.
Répartir les pommes.
Verser la pâte.
Saupoudrer d'un voile de sucre roux.
Répartir des copeaux de beurre.
Enfourner environ une heure à 140° (le dessus doit être bien doré)

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Ce billet sent bon le marché du samedi matin, et de délicieuses odeurs de la cuisine de ma grand-mère me reviennent en mémoire. Souvenirs d'enfance qui semblent si lointains et qui sont pourtant encore si présents.
La simplicité a du bon, le goût des choses vraies !

28 octobre, 2006 12:48  
Blogger Cléo said...

Super, la recette de J.!

06 juin, 2011 15:49  
Blogger Marie said...

Je hante toujours ce blog au gré des recettes réalisées pour satisfaire les envies sucrées de l'homme de la maison (depuis l'upside down aux pommes, patoumi est LA référence es pâtisserie chez nous). Ce clafoutis est non seulement d'une simplicité d'exécution rassurante pour la néophyte en clafoutis que je suis mais une pure merveille à la dégustation. Alors merci à la grand mère de G.! Et merci pour ce blog, c'est un vrai plaisir de découvrir ou redécouvrir les anciens billets au fil des recettes !

29 janvier, 2012 20:24  

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