Rayer mon nom de toutes les listes et m'effacer du paysage -la blanquette de veau à la vanille de Kéda-
A mesure que le temps passe... vous connaissez la suite.
On a beau aimer les gens, leurs histoires, leurs secrets, leur goût pour une grand-mère qui portait un chapeau vert, une tante qui faisait un gâteau de riz sans concurrence ou leur récit de vacances ennuyeuses comme un cours d'allemand tenu par une prof qui postillonne, parfois, je meurs d'envie de faire l'école buissonnière.
Il y a ainsi des jours où, plutôt que de prendre le bus au milieu d'adolescents survoltés sans égards pour mes pieds (toujours pas de choses vernies pour celles qui s'inquièteraient), je crois que j'aimerais mieux rester petit-déjeuner au lit avec un chocolat chaud, une tartine beurre salé-confiture de mûres et quelques magazines pas trop compliqués. Quand je consentirais à la verticalité, après une toilette en bonne et dûe forme, c'est les cheveux attachés que j'enfilerais un jean mou et mon nouveau pull rayé avec une poche qui rappelle un coeur (ça a l'air cucul dit comme ça mais en fait non). Je me préparerais un thé (un matcha yuzu grâce à une lectrice terriblement attentionnée ou un sakura impérial au parfum de bonbon mais au goût de fleur ou juste un thé très simple à la vanille) et j'irais lire des histoires de petits garçons qui ont peur des chevaux ou de jeunes hommes qui voient leur prétendante avec des crottes à la place des yeux. Ce serait tellement intrigant toutes ces choses que l'esprit construit malgré lui que je ne verrais pas l'heure du déjeuner passer.
Comme je n'aurais nulle envie de préparer quoi que ce soit, j'enfilerais rapidement des tennis pour aller chercher quelques sushis dans une échoppe dont I., forte de son expérience tokyoïte, m'avait dit beaucoup de bien. Je crois que je trouverais ça très bon et plutôt joli mais je serais un peu gênée par le fait que les gens qui y travaillent ne soient pas japonais et que le thé proposé soit d'une marque russe; même si je suis presque certaine que j'y reviendrais (c'est un endroit rigolo), je préfère décidément les dames du Fuji, leur accent et leurs petites attentions.
Je suppose que je passerais l'après-midi à lire allongée sur le lit , et une petite sieste serait sans conséquences. Je m'autoriserais un goûter, même si ce n'est pas raisonnable, et je jetterais mon dévolu sur les pains au chocolat encore tièdes de la boulangerie d'en bas (dont les viennoiseries sont d'une qualité très fluctuante, c'est assez étrange. Elles peuvent être délicatement fondantes et feuilletées tout comme sèches et insipides). Je le dégusterais en écoutant Raphaël Enthoven et en me félicitant d'avoir choisi de faire l'école buissonière.
Mais bien sûr, je n'oserai jamais.
Hum.
Mais si cela se présentait je crois que je choisirais de préparer pour le dîner une blanquette de veau à la vanille, l'esprit occupé par la blanquette d'une maman (la mienne ne faisait jamais ce genre de choses. Elle s'est essayée à la paëlla, au poulet basquaise, à la sauce bolognaise ou au pot au feu mais elle fait un blocage sur le fait de cuisiner avec de la crème). Quand j'étais (beaucoup) plus jeune, je me disais que c'était typiquement français (un peu comme le fait de manger un morceau de camembert sur son assiette retournée).
C'est Kéda B. qui m'a soufflé l'idée de la vanille et j'ai bien aimé la vision des petits grains sombres dans la sauce onctueuse ainsi que le subtil parfum qui se dégageait des assiettes (bien chaudes).
Une blanquette de veau à la vanille à la KB
Pour trois personnes
-600g de bon veau choisi chez votre boucher, coupé en morceaux (le veau)
-5 carottes
-2 beaux poireaux
-6 petits oignons
-1 gousse d'ail
-1 gousse de vanille
-30g de beurre
-1 cuillère à soupe de farine
-75g de crème fraîche
-1 cuillère à soupe de jus de citron
-sel
Dans une cocotte, rassembler les morceaux de viande, une carotte en tronçons, un demi poireau en tronçons, les oignons et la gousse d'ail.
Recouvrir d'eau froide et porter à ébullition. Quand elle est atteinte, baisser le feu et laisser cuire à petits bouillons pendant trente minutes. Penser à écumer.
Au bout de ce temps, rajouter le reste de carottes en rondelles et les poireaux en rondelles épaisses aussi. Laisser cuire 15 minutes.
Au bout de ce temps, verser le contenu de la cocotte à travers une passoire. Récupérer le bouillon dans une petite casserole à maintenir au chaud. Réserver la viande et les légumes.
Dans la cocotte désormais vide, faire fondre le beurre puis ajouter la farine. Laisser cuire un peu avant d'ajouter une louche de bouillon. Fouetter énergiquement. Rajouter trois bonnes louches de bouillon en fouettant bien entre chaque. Verser alors la crème fraîche.
Quand la sauce a la consistance désirée, ajouter les grains de vanille récupérés dans la gousse fendue en deux puis le jus de citron.
Sur un feu très doux, ajouter la viande ainsi que les oignons et les rondelles de carotte et de poireau. Saler, si vous voulez.
A servir avec du riz que vous aurez cuit avec le bouillon.
On a beau aimer les gens, leurs histoires, leurs secrets, leur goût pour une grand-mère qui portait un chapeau vert, une tante qui faisait un gâteau de riz sans concurrence ou leur récit de vacances ennuyeuses comme un cours d'allemand tenu par une prof qui postillonne, parfois, je meurs d'envie de faire l'école buissonnière.
Il y a ainsi des jours où, plutôt que de prendre le bus au milieu d'adolescents survoltés sans égards pour mes pieds (toujours pas de choses vernies pour celles qui s'inquièteraient), je crois que j'aimerais mieux rester petit-déjeuner au lit avec un chocolat chaud, une tartine beurre salé-confiture de mûres et quelques magazines pas trop compliqués. Quand je consentirais à la verticalité, après une toilette en bonne et dûe forme, c'est les cheveux attachés que j'enfilerais un jean mou et mon nouveau pull rayé avec une poche qui rappelle un coeur (ça a l'air cucul dit comme ça mais en fait non). Je me préparerais un thé (un matcha yuzu grâce à une lectrice terriblement attentionnée ou un sakura impérial au parfum de bonbon mais au goût de fleur ou juste un thé très simple à la vanille) et j'irais lire des histoires de petits garçons qui ont peur des chevaux ou de jeunes hommes qui voient leur prétendante avec des crottes à la place des yeux. Ce serait tellement intrigant toutes ces choses que l'esprit construit malgré lui que je ne verrais pas l'heure du déjeuner passer.
Comme je n'aurais nulle envie de préparer quoi que ce soit, j'enfilerais rapidement des tennis pour aller chercher quelques sushis dans une échoppe dont I., forte de son expérience tokyoïte, m'avait dit beaucoup de bien. Je crois que je trouverais ça très bon et plutôt joli mais je serais un peu gênée par le fait que les gens qui y travaillent ne soient pas japonais et que le thé proposé soit d'une marque russe; même si je suis presque certaine que j'y reviendrais (c'est un endroit rigolo), je préfère décidément les dames du Fuji, leur accent et leurs petites attentions.
Je suppose que je passerais l'après-midi à lire allongée sur le lit , et une petite sieste serait sans conséquences. Je m'autoriserais un goûter, même si ce n'est pas raisonnable, et je jetterais mon dévolu sur les pains au chocolat encore tièdes de la boulangerie d'en bas (dont les viennoiseries sont d'une qualité très fluctuante, c'est assez étrange. Elles peuvent être délicatement fondantes et feuilletées tout comme sèches et insipides). Je le dégusterais en écoutant Raphaël Enthoven et en me félicitant d'avoir choisi de faire l'école buissonière.
Mais bien sûr, je n'oserai jamais.
Hum.
Mais si cela se présentait je crois que je choisirais de préparer pour le dîner une blanquette de veau à la vanille, l'esprit occupé par la blanquette d'une maman (la mienne ne faisait jamais ce genre de choses. Elle s'est essayée à la paëlla, au poulet basquaise, à la sauce bolognaise ou au pot au feu mais elle fait un blocage sur le fait de cuisiner avec de la crème). Quand j'étais (beaucoup) plus jeune, je me disais que c'était typiquement français (un peu comme le fait de manger un morceau de camembert sur son assiette retournée).
C'est Kéda B. qui m'a soufflé l'idée de la vanille et j'ai bien aimé la vision des petits grains sombres dans la sauce onctueuse ainsi que le subtil parfum qui se dégageait des assiettes (bien chaudes).
Une blanquette de veau à la vanille à la KB
Pour trois personnes
-600g de bon veau choisi chez votre boucher, coupé en morceaux (le veau)
-5 carottes
-2 beaux poireaux
-6 petits oignons
-1 gousse d'ail
-1 gousse de vanille
-30g de beurre
-1 cuillère à soupe de farine
-75g de crème fraîche
-1 cuillère à soupe de jus de citron
-sel
Dans une cocotte, rassembler les morceaux de viande, une carotte en tronçons, un demi poireau en tronçons, les oignons et la gousse d'ail.
Recouvrir d'eau froide et porter à ébullition. Quand elle est atteinte, baisser le feu et laisser cuire à petits bouillons pendant trente minutes. Penser à écumer.
Au bout de ce temps, rajouter le reste de carottes en rondelles et les poireaux en rondelles épaisses aussi. Laisser cuire 15 minutes.
Au bout de ce temps, verser le contenu de la cocotte à travers une passoire. Récupérer le bouillon dans une petite casserole à maintenir au chaud. Réserver la viande et les légumes.
Dans la cocotte désormais vide, faire fondre le beurre puis ajouter la farine. Laisser cuire un peu avant d'ajouter une louche de bouillon. Fouetter énergiquement. Rajouter trois bonnes louches de bouillon en fouettant bien entre chaque. Verser alors la crème fraîche.
Quand la sauce a la consistance désirée, ajouter les grains de vanille récupérés dans la gousse fendue en deux puis le jus de citron.
Sur un feu très doux, ajouter la viande ainsi que les oignons et les rondelles de carotte et de poireau. Saler, si vous voulez.
A servir avec du riz que vous aurez cuit avec le bouillon.
Une absence consentie lors d'une journée sans conséquence
22 Comments:
Comme je partage certains matins cette envie de trouver n'importe quel ...alibi... pour une journée volée. Bien sûr, il m'arrive d'avoir congé, mais ce n'est pas tout à fait pareil, le temps volé. Je ne suis pas très blanquette, un peu comme ta maman, mais à la vanille je serais curieuse de goûter.
les jours rêvés sans école seraient bien de longues matinées au lit avec des livres, du thé et de belles parts de cake maison, puis des heures à regarder les autres dans les cafés, sur les bancs des jardins... comme se vêtir du paysage pour ne pas etre vue... mais se régaler de ceux qui nous entourent...
bises vanillées...
Quel joli texte Patoumi!! Dommage que je ne puisse plus te lire aussi souvent que je le voudrais.
C'est tellement bien dit... mais cela ressemble honteusement à mes deux journées de jeudi et vendredi où, pour la première fois de ma vie professionnelle, j'ai osé "sécher" :-§
Je ne mange pas de viande, mais je suis sur qu'une version végétarienne de cette blanquette avec du seitan serait toute aussi fameuse ! A essayer dès que je récidive :-)
Je ne mange pas de viande non plus mais j'adore te lire :-)
Et j'adorais sécher aussi, l'impression délicieuse d'être en fraude :=)
Bisous,
Lisanka
C'est très joliment raconté et je me verrais bien faire la même chose certains jours ... surtout en ce moment. En attendant, je vais tester ta blanquette ... je ne me suis pas encore risquée (comme ta maman !!).
Bises
Un joli billet qui donne envie de se reposer et de ne rien faire de spécial à part se faire plaisir en lisant, faisant la sieste ou en grinotant de bonnes choses...
Une blanquette bien sympathique!
Bises,
Rosa
J'ai très souvent cette envie irrépressible de faire l'école buissonnière. D'ailleurs, il m'est arrivé de passer à l'acte... avec plateau de sushis à la clé ! Mais la culpabilité m'a toujours un peu gâché ces journées "volées".
Bon, cette blanquette façon KB est chouette, même si, à la base, je ne suis pas très portée sur la blanquette. Avec la vanille, ça change un peu l'angle d'approche !
Elle me plaît bien ta journée buissonnière ... et ta blanquette aussi...
Olala, moi je l'ai souvent faite l'université buissonnière! Par contre pas encore fait de blanquette, la touche vanillée m'a convaincue!
Comme Natalia, le sentiment même vague, de culpabilité gâche un peu ces heures volées...
J'aime beaucoup la blanquette sur la tard (ma mère ne pratiquait pas non plus pour cause de crème superflue...), j'en mange de temps à autre, volontiers fruités, alors avec mla vanille !
J'ai eu un vrai coup de coeur pour celle aux fruits de mer. Je me régale plus de poisson et de crustacés que de viande en fait...
Moi aussi j'en rêve, d'une journée "off", de temps volé, sans les contraintes du quotidien, juste de petits plaisirs. Mais angoissée comme je suis, la culpabilité me rongerait si je me l'autorisais, alors tant pis!
Bises.
C'est amusant comme on a les mêmes obsessions gourmandes au même moment (marmalade cake, blanquette, pot-au-feu...). La blanquette de veau, c'est mon Graal à moi. D'ailleurs, je suis encore en pleine préparation psychologique, mais ça va venir bientôt, j'ai bon espoir...
Dommage pour les chaussures vernies. Les miennes sont souvent de sortie en ce moment. Par temps sec, natürlich :-)
Sinon, je sais que c'est mal, mais moi aussi, je suis déjà passée à l'acte...
Comme l'appel du large me tourmente moi aussi en ce moment (mais je reste rivée à mon bureau)... et quels jolis délices "coupables" :)
l'idée des petites graines noires dans la sauce me plait aussi beaucoup ,tout comme cette perspective d'une journée buissonnière, une journée rien qu'à moi, dans le douceur de mon chez moi... le rêve!
Des fois, il faut oser. Ca fait du bien, partout.
un billet qui se savoure comme un jour sans école!
je ne suis pas trop fan de la vanille dans la blanquette car ça un côté un peu doucereux qu'à déjà le veau sans que la vanille ne s'y mette.
Des mots qui donnent envie de prendre la clef des champs, d'essayer au moins une fois de ne plus être à sa place, de rester dans les coulisses du quotidien, derrière le décor de la journée, avec un thé bien choisi et une recette qui est presque une curiosité pour moi (...je n'en ai jamais mangé, l'erreur me saute aux yeux désormais).
Tiens c'est marrant, ma grand-mère, née en Indochine, ne cuisine jamais à la crème et prétend que la crème cuite la rend malade...
Mais moi j'ai hérité du côté de la grand-mère qui me faisait des tartines de crème quand je rentrais de l'école.
Merci pour la recette de blanquette de veau, je voulais essayer depuis un moment, justement.
Chère Patoumi, mon papa m'a acheté hier exprès des morceaux de veau pour que je puisse jouer à blanquette. Je ne l'ai pas faite à la vanille, parce que j'ai toujours envie pour découvrir un plat de commencer par une recette classique, mais je ne l'aurais pas faite du tout sans ton billet (j'avais oublié celle de Loukoum). C'était très chouette, merci.
Je ne t'ai pas rayé de mes listes, même si cela fait un moment que je n'ai pas laissé de comm, voire même lue depuis quelques semaines.
Je constate que cela me manquait, tu es toujours aussi fine, drôle et grave. Un peu comme la vanille dans la blanquette, c'est super!
Arrêter le temps pour mieux savourer ces moments perdus... ceux où feinter une toux pouvait nous faire accéder à la journée sans école. Aujourd'hui encore je rêve que l'on m'autorise à rester chez moi, camouflée, douceurs et autres gourmandises à la clé!
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