samedi 21 juillet 2007

Prendre soin de soi

La vie ne peut pas s'arrêter comme ça, aussi mauvaises que soient les nouvelles qui s'abattent.
"Lay your head down/In my arms/In my arms" chante doucement Keren Ann, et c'est ce que G. pourrait chuchoter en passant la main dans mes cheveux emmêlés. Hier, pour une journée particulière que je voulais ordinaire, il a insisté pour que j'en garde d'autres souvenirs que le goût amer de la rancoeur.
A mon retour de l'hôpital, après avoir coursé un patient qui tentait de s'échapper par le toit, j'ai trouvé sur un plateau du thé des amours bien chaud avec une assiette de petits gâteaux que je n'avais pas mangés depuis mes dix ans. Et puis j'ai senti mon coeur s'ouvrir comme une fleur en ouvrant les paquets soigneusement emballés par G. (et vous remarquerez l'étrange coïncidence de la couverture du Sophie Calle).
Alors je me souviendrai que nous sommes allés au Vidéorama chercher un film de Woody Allen, que j'avais les yeux qui brillaient après une coupe de champagne et que les sashimi du Fuji étaient tendres et délicats.
Après de tels moments de bonheur, on se demande pourquoi tous les aspects de la vie ne peuvent pas être aussi heureux. J'étais en train de me poser cette question en faisant ma valise pour Lisbonne alors que G. était chez le coiffeur quand la sonnette de l'appartement a retenti et que j'ai ouvert au facteur qui m'a tendu un paquet qui m'a fait sourire, sourire... A l'intérieur, entre mille jolies choses choisies avec soin par une personne très attentionnée, cette boîte de thé qui me plaît beaucoup. Je pense que je vais en mettre quelques sachets dans la valise.
A très vite.

mardi 17 juillet 2007

Le mouvement des marées et cashew ginger poulet

Le weekend dernier, pour ne pas sombrer dans les abimes d'angoisse apparus violemment suite à une très mauvaise nouvelle, nous avons fui vers la mer. Cela s'était déjà produit lors d'un triste hiver, la nouvelle était moins grave mais peu de temps après son annonce, nous avions entassé trois pulls et deux jeans dans un sac, recouvert le tout de quelques livres et magazines et, l'écharpe autour du cou, nous avions foncé vers la mer, le temps de quelques jours. Nous avions dû écourter ce petit voyage, une mini tempête de neige nous ayant contraint à rentrer plus tôt que prévu. Je me souviens, nous étions allés dîner dans un très joli restaurant coréen où la cuisinière, adorable avec son petit foulard sur la tête, a l'habitude de venir nous embrasser quand nous arrivons. Je prends souvent du bibimbab: dans une petite cocotte ronde et profonde en fonte, des légumes fraîchement sautés au piment côtoient du riz frit creusé en petit puits destiné à recueillir un jaune d'oeuf. La cocotte est servie brûlante, il s'agit de remuer le tout avec ses baguettes pour obtenir un mélange savoureux et réconfortant.
Samedi dernier nous avions envie de nous éloigner du téléphone, d'enterrer la tristesse, d'avoir le coeur en fête malgré tout, alors on a décidé de partir au bord de l'eau.
Après le rituel passage au marché ( des tomates de toutes les couleurs, une jolie botte de carottes, des aubergines lisses et rebondies, des petites courgettes bien fermes, un poivron bien dessiné, des petites fraises de jardin, de la crème, de la terrine de volaille aux poireaux...), nous avons rapidement plié bagages sans oublier de mettre les maillots de bain dans une petite pochette jaune soleil pleine de promesses. Et dans un sac en papier des petits sandwiches et des serviettes colorées. C'est étrange la force qu'il faut déployer pour repousser de son esprit les mauvaises pensées, tant d'énergie pour quelque chose d'absolument immatériel. Je ne suis pas une grande sportive.
Sur la route il a beaucoup plu, la campagne avait des couleurs un peu délavées mais, alors que la côte se rapprochait, la lumière a changé et dans certains virages, nous apercevions la confusion des flots et du ciel dans un même joli bleu.
Sur la plage, personne d'autre qu'une maman et ses trois enfants en train de gonfler plusieurs bouées. Les balançoires du Club Mickey grinçaient sans excès. Confortablement installés sur des serviettes qui ont beaucoup voyagé, nous avons déjeuné en regardant passer quelques voiliers. Nous avons fait une longue ballade les pieds dans l'eau, j'ai observé un petit banc de poissons. Un pêcheur installait ses lignes. Le soleil était doux et l'eau était bonne.
Nous avons feuilleté un magazine de cuisine où une tarte aux pêches et aux amandes avait l'air terriblement appétissante, et puis on s'est allongé et on n'a plus rien dit. J'écoutais les vagues. En tournant la tête à droite, je pouvais observer une maman qui apprenait patiemment à une petite fille barette sur le côté à jouer à la marelle.
La chambre de l'hôtel était rose et verte, toute pimpante. Dans un vieux magazine que j'avais subtilisé dans le hall, il y avait en photos les recettes du livre de Fegh que je venais juste de recevoir. Etrange coïncidence; tout à coup son pain d'épices à la mayonnaise et au ketchup se matérialisait et en devenait presque désirable. Ce soir-là, au dîner, il y avait une soupe de poissons très réconfortante (tout ce qu'on peut attendre d'une telle perspective: une soupe d'une belle couleur, riche en saveurs, bien assaisonnée, servie dans la petite soupière en terre cuite de rigueur avec les inévitables croûtons, la sauce rouille et le fromage râpé) et puis des araignées de mer que nous avons mis un temps fou à décortiquer en parlant de lectures adolescentes. En dessert, la rafraîchissante simplicité d'un sorbet au citron.
Le front de mer était envahi par les spectateurs d'un feu d'artifice que nous n'avons pas attendu.
Le lendemain matin, après un petit déjeuner digne des pires lendemains de garde, nous sommes retournés sur cette plage, décidément notre préférée. J'ai regardé G. se baigner avec un plaisir évident. La mer était belle.
La vie parfois réserve d'étranges mauvaises surprises, on a l'impression d'être aspiré par le chagrin. Et puis il y a des instants où la vie reprend le dessus; mais un peu comme la marée, les larmes souvent remontent.

G. sait rendre la vie plus douce. Lors de périgrinations librairesques à la recherche d'une nouvelle lecture, il est tombé nez à nez avec un livre que j'avais offert à mes parents et qui n'était plus réédité, pour notre plus grand regret. Nous étions ravis de l'avoir à notre tour et j'ai expérimenté le soir même une délicieuse recette épicée.

Cashew ginger poulet
Pour deux personnes

-deux blancs de poulet élevé sainement
-un demi poivron vert
-une demie aubergine (ou si vous en trouvez, des petites aubergines thaïes)
-1 piment égrainé et émincé
-un gros pouce de gingembre en minuscules dés
-3 gousses d'ail passées au presse ail
-une poignée de noix de cajou
-2 cuillères à soupe de sauce huître
-1 cuillère à soupe de sauce soja
-un peu de maggi
-un peu de sucre
-un peu d'huile neutre
-de la coriandre fraîche

Emincer le poulet en fines lanières.
Couper le poivron en lanières également, l'aubergine en dés de taille moyenne.
Chauffer l'huile dans une grande poêle, faire revenir le piment, les noix de cajou, ajouter la volaille, l'ail, le gingembre et faire sauter jusqu'à ce que le poulet commence à dorer.
Ajouter le poivron et l'aubergine, poursuivre la cuisson pendant cinq minutes.
Ajouter les condiments et laisser réduire un peu la sauce.
Parsemer de coriandre ciselée et servir immédiatement, avec un peu de riz.

mercredi 11 juillet 2007

La pitanalyse

Depuis trois ans, deux fois par semaine, je vais chez madame C. ( mais non, pas madame Claude voyons!).
Madame C. est une dame d'un certain âge, brune, avec les yeux en amandes. Je l'ai connue avec un carré de petite fille, quelques mèches étant alors retenues avec de précieux petits peignes, mais depuis plusieurs mois, elle a opté pour une coupe plus courte qui me fait penser à Audrey Hepburn bien que madame C. ne lui ressemble pas du tout. Elle porte de jolis vêtements, en tissus souples et souvent colorés. Elle a un blouson en cuir tressé et un autre que j'aime beaucoup, d'un beau rouge, dans une matière qui a l'air très douce. Elle aime bien aussi les petits hauts rayés. Elle a une imposante collection de chaussures, dont certaines ont l'air d'être fournies par la NASA, toutes argentées et qu'on dirait perforées selon des règles arithmétiques qui m'échappent. Au poignet, elle aligne plusieurs bracelets colorés et chics. Souvent dans les rues de Rennes, il nous arrive de croiser madame C. et son mari, monsieur C., qui exerce le même métier qu'elle. Je suis toujours un peu émue de voir madame C. écouter avec concentration les propos que lui tient monsieur C. avec un regard inspiré entre deux bouffées de cigare.
J'emporte toujours un livre quand je vais chez madame C. mais je finis souvent par feuilleter les magazines éparpillés sur la table de la salle d'attente: des vieux numéros des Cahiers du cinéma, Elle déco, Le Courrier international, Le Monde 2. Pour les enfants, il y a J'aime lire et Les belles histoires. L'attente est parfois longu, si je n'ai pas quelque chose d'urgent à faire ou si je ne suis pas écrasée de fatigue, ce n'est pas désagréable. J'observe discrètement mes voisins, j'imagine leurs vies, je rêvasse, je pense à ce que je vais dire. Une fois, je me suis endormie.
Le cabinet de madame C. est feutré, très peu éclairé. Elle est assise sur un fauteuil de Philippe Starck dont elle a tempéré l'accueil un peu spartiate en déposant un petit coussin noir, que j'imagine moelleux, sur l'assise. Je ne suis pas mal logée, ma place est sur le beau fauteuil de Charlotte Perriand que je n'aurais pas soupçonné être si confortable.
Entre les murs du cabinet de madame C. s'élèvent tous mes secrets, mes chagrins, mes peurs et mes désirs inavoués. Au fil des souvenirs et du rêve de la veille, se dénouent très lentement tout ce qui fait que je me sens parfois très empêchée dans les multiples sollicitations de la vie quotidienne. Les séances chez madame C. servent aussi à rendre la vie plus facile à vivre. A dire ce que nul autre ne pourrait entendre sans faire de commentaires qui forcément, seraient blessants. Parfois c'est un peu éprouvant, on aurait préféré rester à la maison à pâtisser plutôt que d'aller évoquer des choses pénibles à quelqu'un qui ne vous répond pas, ou peu, mais la gorge serrée au moment de redescendre les marches inégales du cabinet ou même la larme rageusement essuyée à l'issue de la séance ont finalement quelque chose d'apaisant. Quand madame C. lève la séance, on se redresse du divan l'esprit souvent hagard. Tout en sortant de mon porte monnaie 100drine les trois euros règlementaires, je jette toujours un oeil discret à ses lectures en cours, dernièrement, c'était une biographie de Hannah Arendt. La poignée de main qui clôt la séance est très importante pour moi, j'y vois un "Courage! Tenez bon."
En bas du cabinet de madame C., il y a un joli magasin de vêtements, je m'arrête parfois devant la vitrine et, quand la séance m'a allégée d'un lourd chagrin, je me dis en contemplant une robe en lin que c'est quand même chouette de ce que fait madame C.: sans me toucher, sans me donner de médicaments, sans me parler, en un quart d'heure, elle me fait me sentir mieux.
J'avais un peu pris mes distances avec les séances chez madame C. depuis le printemps dernier parce qu'avec l'internat, je n'avais plus le temps d'aller au cabinet (et surtout d'attendre que ce soit mon tour). Une dizaine de jours avant le concours, alors que j'étais allée à Monop avec une mine de deterrée, j'avais croisé madame C. en grande réflexion devant le rayon des produits laitiers biologiques. Je n'avais pas envie de la voir mais elle n'arrivait manifestement pas à faire son choix et il était impératif que j'achète des petits-suisses, je l'ai donc frôlée en silence. Quelques heures plus tard, alors que je peinais au bureau, le téléphone sonne et la voix très particulière de madame C. me demande "Ce que je deviens". "Le concours, c'est dans dix jours" ai-je dit en tremblant. "Alors il faut travailler. Bon courage." a-t-elle ajouté doucement. J'ai raccroché et j'ai pleuré, un peu.
Très bientôt, je vais apprendre, par des voies assez brutales, si je vais pouvoir faire mon internat de psychiatrie à Rennes ou s'il faudra partir dans une autre ville. J'ai très peur, peur de quitter madame C., peur de quitter le grand appartement où je me sens si bien, peur de ne plus croiser les visages familiers, peur de ne jamais retrouver des endroits comme ceux où j'aime flâner par ici. Je n'aime pas les départs forcés.
En ce moment, j'occupe pour l'été un poste vaquant d'interne dans un service de l'hôpital psychiatrique. Après le temps habituel toujours un peu pénible de l'adaptation, j'y vais maintenant avec une certaine sérénité. Parfois, j'ai le grand luxe d'avoir le temps de rentrer déjeuner à la maison. L'autre jour, je suis passée par l'alléchante boulangerie Hoche, rue Hoche, juste en face de l'Ecole des Beaux Arts et du Conservatoire. J'y ai acheté un beau pain pita, lisse et replet. Pendant qu'il goûtait à la chaleur du four, j'ai découpé une tomate en rondelles, j'ai effiloché un reste de pintade rôtie, j'ai lavé et séché quelques feuilles de roquette. J'ai tartiné le ventre de ma pita d'un mélange de moutarde forte et de fromage frais écrasé. J'y ai glissé les ingrédients réservés. J'ai pris vite fait la photo sur le bureau de G. puis j'ai dégusté ma petite pita toute tiède en essayant de ne pas m'en faire.

samedi 7 juillet 2007

Spaghetti alla carbonara de minuit ou l'art de séduire selon Mrs Lawson

Je ne pourrais pas vous révéler le menu du premier dîner avec G. mais je me souviens qu'après avoir longtemps hésité en examinant le bout de nos chaussures (des sandales pour ma part, sans doute des tennis pour G.) sur le trottoir en bas de mon ancien appartement, nous prîmes la direction d'une douteuse rue rennaise qui abrite pourtant une excellente pizzeria (choix pour le moins étrange car je n'aime les pizzas que faites maison -je trouve toujours qu'au restaurant elles sont démesurément grandes, ce qui, quand on mange comme moi plutôt lentement, présente le désagréable désavantage de vous infliger une pizza très vite tiède puis froide, et vous finissez par contempler avec dégoût ce truc plat dont les ingrédients finissent par se racornir. En plus, les pizzerias, quand elles ne sont pas en Italie, ont cette fâcheuse tendance à surcharger le truc plat en diverses garnitures parfois absolument incongrues et cette débauche de produits carnés ou fromagés... beurk. Mais, dans cette pizzeria du premier soir, les pizzas sont de taille décente et faites sous l'étonnant regard triste et attentionné d'une milanaise aux cheveux frisés). Je crois que ce choix avait été grandement accepté parce que son caractère consensuel peut être rassurant pour une première rencontre avec quelqu'un qu'on connait peu. Je me souviens de la méticulosité avec laquelle G. avait partagé d'un tendre et ferme coup de couteau le gâteau au chocolat et le tiramisu du dessert. Je me souviens d'avoir parlé de Roland Barthes et de François Truffaut.
Que raconte Nigella Lawson lors du dîner du premier soir? On ne le saura jamais, mais ce que l'on sait, grâce à son joli livre Feast, c'est qu'elle trouve qu'il n'y a rien de plus glamour que d'aspirer ensemble une énorme casserole de spaghetti alla carbonara comme ceux que prépare Meryl Streep pour Jack Nicholson dans Heartburn (si nous avons les mêmes goûts culinaires Nigella et moi, on ne peut pas en dire autant pour le cinéma; mais bon, on ne peut pas tout avoir, elle n'est pas journaliste aux Cahiers du cinéma quand même. Par contre, je connais un très gentil rédacteur des Cahiers très nul en cuisine dit-il, qui aimerait bien avoir quelques recettes simples et bonnes avant de partir pour une sorte de retraite solitaire dans les montagnes. Si vous avez des suggestions, n'hésitez-pas). Notre amie Nigella est audacieuse: elle prévoit 500g de spaghetti pour deux, elle trouve ça super chouette de débarquer dans la chambre avec une très grosse marmite dans laquelle on enfoncera sa fourchette avec une langoureuse sensualité.
La seule fois où j'ai mangé des pâtes au lit (je mange très rarement au lit, je trouve ça un peu bizarre quand même!), c'est lorsqu'à la lecture d'une page de Kitchen, G. voyant mon regard briller à l'évocation d'un plat de nouilles, s'est empressé d'aller en cuisine préparer un petit bol de pâtes au fromage.
Le weekend dernier, alors que nous étions en train de démonter puis remonter une bibliothèque de 4 mètres de long (ce qui implique de déplacer également les quelques centaines de livres qu'elle contenait), l'envie d'un plat chaud et réconfortant s'est imposée alors que la soirée était déjà très avancée (disons que nous étions presque rendus à la journée suivante) et la perspective d'un plat de pâtes remporta tous les suffrages. Il y a dans la cuisine un placard entier dévolu aux pâtes, les paquets s'alignent, mêlant toutes les formes et toutes les couleurs. La simplicité de spaghetti alla carbonara convenait parfaitement au contexte et ça tombait bien, la recette de Nigella figure dans le chapitre Midnight Feast.
Je sais que les vrais carbonara ne comportent pas de crème mais en cuisine comme en amour, la transgression a du bon!
Les proportions sont approximatives, j'ai surtout suivi la méthode nigellesque et puis, rappelle-t-elle, au milieu de la nuit, la cuisine est encore moins que d'habitude un laboratoire scientifique!


Spaghetti alla carbonara de Nigella
Pour deux personnes

-environ 120g de spaghetti
-de la pancetta coupée en dés
-2 oeufs
-environ deux grosses cuillères à soupe de crème (crue ce soir-là)
-pas mal de parmesan fraîchement râpé
-un petit verre de vin blanc
-du poivre fraîchement moulu
-un peu de noix de muscade
-un peu d'huile d'olive

Cuire les spaghetti.
Pendant ce temps, faire revenir la pancetta dans un peu d'huile d'olive.
Quand elle est grillée, verser le vin blanc et laisser cuire jusqu'à ce qu'il se forme une sauce sirupeuse autour des morceaux de pancetta. Réserver.
Dans un grand bol, mélanger les oeufs, la crème, le parmesan, le poivre et la muscade.
Un peu avant la fin de la cuisson des spaghetti, remettre la pancetta sur le feu.
Prélever une louche de l'eau de cuisson des pâtes et l'incorporer à la crème aux oeufs et au fromage. Mélanger pour ne pas que les oeufs s'agglomèrent.
Verser les spaghetti une fois cuits sur la pancetta au vin blanc, bien mélanger.
Baisser le feu et verser le contenu du bol.
Mélanger sans discontinuer jusqu'à ce que le contenu de la casserole soit revenu à une température suffisament élevée pour vous brûler les lèvres.
Servir dans des assiettes bien chaudes (ou se servir directement dans la casserole mais si vous avez vu Persépolis, vous trouverez cela plus déprimant que glamour).

lundi 2 juillet 2007

Les shortbreads à la farine de riz de Rose Bakery

Ce qui m'avait décidée à lire Persépolis à l'époque de sa sortie, c'était un minuscule encart sur une page des InrocksBenjamin Biolay, dont j'aime beaucoup les chansons (et là je me souviens de "Dans la plaine/Il y a le temps qui nous enchaîne/A nos douleurs et à nos peines/ Déçu de nos desseins obscènes") racontait qu'il s'agissait alors de son livre de chevet, le lisant et le relisant avec un plaisir sans cesse renouvelé. En ces temps-là, si je lisais énormément, j'achetais peu de livres, par pur soucis d'économie. Je le regrette amèrement car j'empruntais alors beaucoup de choses à la médiathèque et cette façon de procéder présente le désavantage de ne pas avoir, par la suite, tous les livres qu'on a lus en sa possession. Alors bien sûr, on peut les racheter mais ce n'est pas pareil, ce n'est pas le livre que l'on a lu et, comme je ne reverrais pas spontanément plusieurs Bergman alors que je les ai beaucoup aimés, je n'ai pas très envie de relire tout ce qui m'est passé entre les mains à cette époque. Du coup, alors que je m'étais plongée avec délices dans toute l'oeuvre de Duras, de Shakespeare ou de Koltès je n'en ai pas forcément les exemplaires dans ma bibliothèque, ce que je trouve dommage. Ainsi avais-je emprunté les quatre volumes de Persépolis lors de vacances de Noël et, alors qu'il aurait été plus prudent de réviser pour les partiels, je me souviens très bien les avoir dévorés, enveloppée dans mon plaid en flanelle rouge, certainement en grignotant quelques biscuits à l'orange et au chocolat (j'ai un faible pour cette association. Lors de notre dernière virée parisienne, pour le trajet en train du retour, outre un délicieux cake au thé vert de chez Sadaharu Aoki, nous avions attrapé à la va-vite une boîte de biscuits britanniques biologiques au chocolat noir et à l'orange vraiment divins. Mais les choses divines semblent réservées aus Parisiens car il est impossible d'en trouver par ici). Et moi aussi j'avais eu un plaisir fou à suivre les aventures en noir et blanc de cette petite fille qui devient femme dans un pays qui se déchire puis qui opprime et condamne sans aucune lucidité. Mercredi dernier, après un dîner dégusté au comptoir de l'Arsouille (en dessert, quelque chose de très simple mais qui vient agréablement ponctuer le repas riche en saveurs: des quartiers de nectarine se perdent dans une crème au citron et le tout est surmonté de quelques perles croquantes de chocolat), nous avons patiemment fait la queue pour la séance de vingt-deux heures de Persépolis et j'ai retrouvé sur l'écran, le trait vif et le verbe enlevé de Marjane Satrapi. Cette histoire me touche beaucoup, parce qu'elle parle d'exil, de la culpabilité d'avoir survécu alors que des proches ont péri, de la difficulté d'accepter le monde tel qu'il est et de notre impuissance à le faire tel qu'on voudrait qu'il soit.

Ces petits encarts dans les Inrocks étaient vraiment très instructifs. C'est là que j'ai appris que Valérie Mréjen adore écouter Antonin Artaud dans sa voiture quand il fait très chaud l'été ou que Vincent Delerm fait la vaisselle en écoutant des bandes originales de films (parce que, dit-il, cela donne un petit côté grandiose à ce moment trivial).
Ce qui peut rendre grandiose un dimanche après-midi morose (je connais quelqu'un qui en avait vraiment assez d'être une petite Patchoumi ambulante et qui ne s'est donc pas privée d'avaler les anti histaminiques sensés reposer ses yeux et son nez au risque d'être quelque peu sédatée et irritable), c'est la pâtisserie. Après une sieste qu'elle aurait voulu plus courte, notre Patchoumirritable se mit fiévreusement à compulser quelques livres de cuisine et jeta son dévolu sur les simplissimes shortbreads de Rose Bakery. Les douceurs ont de mystérieuses vertus apaisantes: après avoir croqué dans un de ces délicieux sablés subtilement salés (grâce au beurre aux cristaux de sel), Patoumi fut de retour, guillerette et légère (malgré la quantité de beurre ainsi assimilée)!

Délicieux shortbreads à la farine de riz de Rose Bakery
Pour environ 25 shortbreads

-250g de farine T55
-60g de farine de riz
-100g de sucre (du rapadura, si vous voulez)
-125g de beurre salé froid coupé en petits morceaux
-une cuillère à café d'extrait naturel de vanille

Mélanger les farines et le sucre.
Ajouter le beurre et la vanille.
Pétrir rapidement pour obtenir une pâte homogène.
Sur du papier sulfurisé de la taille de votre plaque à four étaler cette pâte sur une épaisseur d'environ 5mm.
Découper les shortbreads à l'emporte-pièce.
Les entreposer au réfrigérateur au moins une heure.
Faire cuire environ quinze minutes dans un four préchauffé à 160° (surveiller: ils ne doivent bronzer que sur les bords).
Laisser refroidir avant de déguster, à tout hasard avec des fraises et un peu de chantilly...