lundi 22 mars 2010

Ca change tout!

Il y a eu quelques nuits blanches et des matins difficiles (j'ai bu du Tonic Breakfast mais ça n'a pas eu beaucoup d'effets), des crackers danois trempés dans du café au lait avec pas mal de sucre, beaucoup de mauvaise humeur injuste de ma part, plein de vaisselle dans l'évier et des robes sales partout dans l'appartement mais tout s'est bien passé, il faut croire que je connais vraiment bien le sujet (alors que j'étais morte d'angoisse et que le mémoire a été relié une heure avant sa présentation).
Merci P. pour la conversation sur les robes et les biscuits, merci A/C pour les conseils bien sentis, merci C. pour la jolie photo, merci E. pour la carte impromptue, merci tout le monde pour les bonnes ondes, l'année prochaine ce sera mémoire ET thèse!
Merci G. pour la patience, et pour le week end surprise à Paris...
A L'ami Jean, les tables sont si serrées qu'on ne perd rien des conversations des voisins. Heureusement, à côté de nous, il y avait un couple de Marseillais adorable. Ils ont chaudement insisté pour qu'on finisse leur bouteille de bon vin basque, et puis aussi pour qu'on partage le riz au lait du monsieur, un riz au lait exceptionnel, crémeux, vanillé, la sensation que quelqu'un que vous aimez vous borde dans des draps doux. Après, suite à une demande timide, la dame au sourire maternel a noté trois adresses à Marseille sur mon agenda pour d'autres voyages, et puis elle nous a tendu des noix cacaotées. Si vous en doutiez encore, sachez que tout est délicieux à L'ami Jean (même sans Catherine Deneuve), j'aurais vraiment voulu dire à Stéphane Jégo que j'adore sa façon de cuisiner mais déjà que je ne sais pas y faire avec Vincent Delerm...
Ce fut un week end plein de volupté, avec des éclairs rose-framboise pour le goûter, des rencontres à la Cocotte dont je vous reparlerai, des spaghetti alla vongole et de la cassata siciliana à tomber. On a beaucoup marché, écouté de la musique à Gals rock (elles ont un canapé très confortable), on est resté longtemps devant les cascades végétales de Lucian Freud. J'avais un souvenir ému de la lumière des tableaux de Turner vus un été à Londres dans des salles désertes mais au Grand Palais j'ai préféré ceux des peintres qu'admirait Joseph Mallord William (j'adore ce nom!) en son temps. Je trouve qu'il a bon goût.
Dans le train, j'ai grignoté un macaron à la vanille, et puis je me suis endormie sur ses genoux.

mardi 16 mars 2010

Charlotte sometimes -une salade thaïe, quand même-

Un vendredi soir, dans une minuscule salle de maison de quartier, à côté d’un aéroport, Marie Modiano, dans une robe bleue à pois, s’est installée au piano devant un public quelque peu épars, hétéroclite mais enthousiaste. Elle portait aussi des collant gris, épais et brillants, et des escarpins multicolores. Elle a chanté, et dansé, accompagnée par Peter von Poelh qui avait de très belles guitares. G. a trouvé que tout cela manquait de souffle, moi j’ai bien aimé mais je ne suis pas dupe des effets de mon imaginaire.
Vous voyez, j’ai du mal à rester concentrée sur le mémoire, ça ne me ressemble pas beaucoup de faire ce genre de chose à la dernière minute (c’est pour vendredi prochain !) mais alors là, j’ai du mal à m’y mettre, vraiment.
Comme j’ai reçu le bande originale du Darjeeling Limited, j’écoute à fond This time tomorrow et Play with fire et je revois le beau manteau que porte Nathalie Portman dans le court-métrage d’ouverture, je pense à autre chose trop souvent.
Ca craint, de penser à autre chose dans un moment aussi crucial.
Evènement rarissime mais nécessaire vu le contexte, je bois du café. Et puis j’essaie d’avoir une alimentation équilibrée à base de shortbreads, de petits pains grillés suédois, de brioche moelleuse tartinée de beurre et de la confiture de cerises que prépare sa grand-mère en plein mois d’août, de petits pains au chocolat, de cookies biologiques, de muffins anglais toastés, de biscottes beurre-miel, de pommes au four, de fromage blanc, de pamplemousse et de chokini qui me rappellent les goûters chez ma mamie.
Pour me soutenir dimanche soir, G. a très gentiment préparé du riz-beurre-curry (une de ses spécialités) avec du poulet en sauce tomate. Un vrai plat de garçon fait pour ravir les filles en détresse.
Il y a quelques temps déjà, c’était moi qui le réconfortai un mercredi soir en préparant une salade thaïe qu’il réclamait depuis plusieurs jours (il en avait goûté une un midi à Cojean et avait trouvé ça dément. La mienne est évidemment meilleure !)
Les proportions sont à adapter à votre goût.
La première étape consiste à râper des carottes, émincer de la salade et du chou chinois, trancher très finement quelques radis, couper en dés une mangue mûre à point et déchirer grossièrement un petit bouquet de menthe dans un saladier. On mélange et on laisse reposer au réfrigérateur.
En fait, la recette commence la veille, quand vous aurez mis à mariner deux tranches épaisses de filet de bœuf dans un mélange de sauce soja (5 CS), miel (1,5CS), ail et gingembre.
Le lendemain, vous épongez bien le bœuf et vous le poêlez pour qu’il soit comme sur la photo (je suppose que chacun à sa méthode personnelle. Mingou par exemple, elle lance son minuteur et ça marche à chaque fois mais je ne sais plus combien de minutes elle compte).
Vous laissez refroidir avant de trancher assez finement mais pas trop non plus.
Après, il faut préparer la sauce adaptée, qui est celle que prépare ma maman pour aller avec les fruits de mer (d’ailleurs la salade doit être très bonne aussi avec des crevettes) et comme toutes les recettes de ma maman c’est approximatif : écrasez une gousse d’ail, ajoutez du sucre en poudre pour faire une pâte, puis une grosse giclée de jus de citron et du nuoc mam. Il faut goûter pour ajuster.
Au final : les légumes puis le bœuf puis les cacahuètes et de la sauce à l’envi. On mélange et on se dit qu’on en refera.
Je retourne travailler. La (piètre) qualité de ce billet est proportionnelle au temps record de sa rédaction. L'auteur s'en excuse.

*Charlotte sometimes est le titre d'une chanson des Cure qu'avait repris Vincent Delerm pour une pièce de théâtre que je n'ai jamais vue mais j'ai toujours eu l'idée qu'elle avait un rapport avec sa chanson Charlotte Carrington qui parle d'une fille qui proscratine pas mal.

lundi 8 mars 2010

Les orecchiette alla barese de Guillaume Long

(L'assiette était super chaude -je les préchauffe toujours, je déteste manger froid. Surtout: le boeuf grillé, le magret de canard, les oeufs sur le plat et les pâtes -imaginer des carbonara dans des assiettes froides me donne des frissons. J'ai toujours peur que ça fige. C'est pour ça qu'il y a un doigt indiscipliné sur la photo).
J'aurais bien aimé vous parler d'un roman où le suspense est à son comble lorsqu' on servit aux convives une assiette de petit pois frais et qu'ils n'aperçurent qu'une fourchette à deux dents à côté de leur serviette, du rendez-vous compliqué avec ma prof de piano, de ma jupe préférée qui s'est déchirée (celle que P. a aussi!) et de la remplaçante retrouvée, de cette photo dont je ne me remets pas dans Les Cahiers du Cinéma (c'est celui avec le genou de Claire en couverture et Rohmer for ever!) mais il se trouve que j'ai un mini-mémoire à rendre dans dix jours et que je suis plus en retard que le lapin d'Alice (qui m'a l'air bien défigurée dans le Tim Burton).
Il faut donc faire vite. Je vous tairai la chanson de Vincent Delerm que je fredonne sans cesse mais vous ne pouvez pas partir sans prendre connaissance de la recette des orecchiette alla barese que m'a appris à faire Guillaume Long (merci Gracianne de m'avoir parlé de ce blog, G. m'avait offert il y a longtemps une bd de lui que j'adorais). Si vous ne connaissez pas encore A boire et à manger, il n'est pas trop tard pour aller y découvrir le brocolounge, le moulin à ail, les vacances en Italie de Guillaume et ses conseils en matière de poissonnerie. L'addiction est assez rapide!
Pour en revenir à la recette, il s'agit de faire cuire des orecchiette (chères copines qui se reconnaîtront et qui l'auront deviné, les de Cecco sont très bien) et, cinq minutes avant le temps imparti, ajouter dans leur casserole des fleurettes de brocoli (au marché place Saint Germain, outre des anémones superbes et du pain au levain à tomber, vous trouverez du brocoli tendre, frais et local). Pendant ce temps-là, une ou deux gousses d'ail en lamelle dans de la bonne huile d'olive et, hors du feu, quelques anchois à fondre dans la même poêle (pour une personne -G. était dubitatif et m'a désignée testeuse officielle, j'ai mis 5 anchois). Là, les pâtes et le brocoli sont prêts, on les verse dans la poêle, on mélange bien en écrasant un peu le légume puis on ajoute plein de parmesan (ou de pécorino) râpé, deux tours de moulin à poivre et hop, dans une assiette brûlante.
Bon, normalement c'est avec de la cime di rapa, mais déjà qu'il n'y a pas de cheddar au supermarché près de chez moi...
Sinon, vous me diriez quelles sont vos pâtes préférées?

mardi 2 mars 2010

Comme dans les films de Wes Anderson -un poulet rôti et un verre de cidre-

Dans les films de Wes Anderson, la famille c'est compliqué.
Alors on se retranche sans fin dans sa salle de bain et on regarde la télévision sur un poste minuscule ou alors on décide de faire un voyage iniatique en Inde (lors duquel à la question "Quel est ton problème?", on répond avec classe "Je vais y penser"). Les papas fortiches, roublards ou démissionnaires fréquentent des mamans aux lunettes étonnantes ou investies dans des causes inattendues.
Dans les films de Wes Anderson, on est souvent bien habillé.
La veste en velours y est un motif récurrent mais même en survet eighties rouge pétard on a l'air de quelque chose. Et puis les filles ont des gants roses. Et puis les garçons, en voyage, restent en costume.
Dans les films de Wes Anderson, l'amour c'est compliqué.
On ne sait jamais bien si l'on aime la bonne personne et si c'est le cas on se demande jusqu'à quand est-ce qu'on va être aimé.
Dans les films de Wes Anderson, être anxieux et déprimé, c'est presque glamour.
Vous savez déjà comme j'aime The Darjeeling Limited parce que je me reconnais assez dans l' hésitation à devenir adulte dont ça parle et j'étais aussi restée fascinée à l'époque par un article sur Wes Anderson illustrée d'une photo où il était archi classe dans sa propre veste en velours, bleue; du coup, je ne vous raconte pas dans quel état d'impatience fébrile j'étais à l'idée d'aller voir Fantastic Mr Fox.
Alors c'était dimanche soir à la séance de dix-neuf heures trente et je portais une robe précieuse à cause du moment où elle a été choisie dans une gracieuse boutique tout près de la station Saint-Georges.
Alors ce fut pour moi un grand moment de jubilation joyeuse.
J'ai adoré surtout le personnage de Ash à qui Jason Schwartzman a prêté sa voix et dans qui, bien que ce soit un renard et un garçon, je me suis reconnue avec plaisir. Peut-être est-ce dû au fait qu'il geigne beaucoup, se sente incompris, mal aimé et gauche avec son corps la moitié du temps! Et puis il est très jaloux de Kristofferson, le renard parfait, qui fait craquer les jolies filles pendant les TP de chimie. En tout cas, je m'imagine assez bien en bandit-héros avec une cagoule en chaussette sur la tête. J'aime bien les losers!
En plus, il y a un bonus, c'est le voix de Jarvis Cocker sur l'une des chansons du film.
Fantastic Mr Fox a été le support parfait pour la cuisson lente et sans surveillance d'un poulet rôti délicieux (il aurait été encore meilleur s'il s'était agit d'un poulet du marché et non pas l'un de ceux de la boucherie de la rue Vasselot, mais le dimanche on n'a pas le choix), ma technique de poulet-cinéma consistant à enfourner l'oiseau à très basse température après l'avoir patiemment massé à l'huile d'olive, au sel et au poivre puis entouré de petits oignons et d'ail en chemise également bien enduits du mélange précédent plus un peu de sirop d'érable. Un fond de bouillon dans le plat et normalement, quand on rentre du film, le temps de dresser la table, de laver la salade et d'ouvrir une bouteille de cidre, le poulet s'avère parfait.