dimanche 24 août 2008

Le mercredi passé sans un projet spécial -l'addiction au caranut de Clo-

Le foie de veau-pomme de terre du petit-déjeuner de Madame Contraire, les soixante-six saucisses en sachet de Madame Dodue, la villa Sou-neuf de Madame Proprette, le dentifrice et la brosse à dent qui obéissaient "au doigt et à l'oeil" de Madame Magie.
La petite famille de Félicie la souris.
Les aventures du chien Okkelorreur (orthographe approximative).
Ping petit canard chinois.
La sorcière de la rue Mouffetard.
James et la grosse pêche, les pouvoirs magiques de Matilda, forcément Willy Wonka.
Beau minon et Bonne biche.
Delphine, Marinette et le jars qui aimait le mollet des petites filles.
La méchante de la gardeuse d'oie qui fut condamnée à être enfermée nue dans un tonneau planté de clous que l'on fit dévaler d'une colline.
La fumée au-dessus de la dinde rôtie que fantasme tragiquement la petite marchande d'allumettes.
L'héroïne de Sept baiser sans respirer qui aimait les pamplemousses avec une cerise dessus au petit déjeuner.
Le jour où les enfants Tillerman ont mangé des crabes qu'ils avaient ramassés eux-mêmes avec leur grand-mère.
Les peurs de Conception.
Le jour où Benett devait faire un numéro de ventriloque pour la fête de fin d'année (il devait dire "Une mouche bleue s'est posée sur du pain et du beurre").
La crème, le pain bis, les écrevisses, la pâte de fruit au cédrat, le raisin, le sel sur les poissons rouges mais aussi les soufflets et les coups de verge.
Le Bouillon et Marie-Edwige.
Les smoothies que sirotent avant l'heure Stéphanie (dont les parents viennent de divorcer), Alison (dont le chien sait parler) et Rachel (qui sait couvrir les livres en faisant des coins parfaits, joue de la flûte traversière dans l'orchestre de l'école et tombe amoureuse de Paul, l'étudiant thésard de son papa qui finira par succomber aux charmes de la cousine de Rachel, fraîchement mère célibataire).
Les Doc Martens de Serge T. et les crêpes au nutella qu'il achète au goûter avec ses copains.
La voisine d'autobus de Marigold qui déballe un sandwich décrit comme "Deux tranches de pain qui vomissaient une tranche de rosbeef".
Une histoire de jeune fille anorexique qui faisait carrière dans la danse classique.
La petite maison dans la prairie que je n'ai jamais fini malgré la scène du cochon qui se retrouve les mâchoires collées par le caramel mou fabriqué en l'absence des parents.
La lecture de L'étranger peut-être un peu trop tôt. La luxure qui me mettait mal à l'aise dans J'irai cracher sur vos tombes (clairement lu beaucoup trop tôt).
A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie dans la vitrine du libraire et le refus catégorique de ma mère de me l'acheter.
Le regard noir de la bibliothécaire quand j'ai voulu, par curiosité, emprunter l'Histoire de l'oeil.
Comme je descendais les fleuves impassibles/Je ne me sentis plus guider par les haleurs/Des peaux-rouges criards les avaient pris pour cible/Les ayant cloués nus aux poteaux de couleur.
Un livre qui s'appelait Les filles ne meurent jamais.
Il m'arrive encore souvent d'acheter des livres pour enfants, des romans pour adolescents et de finir à la cuillère le caranut de Clo, une pâte à tartiner au chocolat, au carambar et au beurre salé (avec un peu de noisettes) qui se défend aussi bien sur du pain frais qu'avec un yaourt nature bien froid. Merci Tambouille!

Le caranut de Clo
Pour trois pots de confiture (ça se garde bien au réfrigérateur, sinon on peut l'offrir -pour ma part à un type qui aime le champagne et Etienne Daho-)

-250g de beurre salé
-100g de chocolat noir (j'ai pris du corsé de Nestlé)
-12 carambars
-65g de poudre de noisettes
-une boîte (397g de lait concentré sucré)

On fait fondre dans une casserole à fond épais le beurre, le chocolat et les carambars.
On ajoute la poudre de noisettes et on mélange bien.
Hors du feu, on verse en filet le lait concentré, on mélange bien le tout et on peut goûter tout de suite. Si l'on est raisonnable ou qu'on a prévu de faire autre chose (à tout hasard aller acheter des livres et revenir aussi avec un tablier), on répartit dans des pots qu'on mettra au frigo quand la pâte aura refroidi (et je trouve que froid, c'est meilleur).

Après l'éprouvante lecture du Maire de Casterbridge, j'ai assoupli mes mâchoires avec cette histoire:

et puis j'ai commencé le dernier roman de Zoyâ Pirzâd. Après j'hésite: La vie mode d'emploi ou un joli livre d'Eugène Green ou un roman lu et approuvé par G.?

dimanche 17 août 2008

Quelle que soit l'impasse, qu'importe le détour si tu m'embrasses -des carrés aux myrtilles-

J'ai décroché le combiné en pestant contre les téléphones des bureaux d'en bas, tous cassés, et qui ne peuvent remplir leur fonction que si leur utilisateur leur imprime une subtile secousse au moment où la sonnerie retentit.
Elle a dit d'une toute petite voix "Ca ne va pas du tout. Je ne peux pas vivre ici. Vous ne vous rendez pas compte, c'est un taudis. Je me sens très très mal. Pourquoi je suis triste comme ça?"
Parfois en face de moi, ils disent aussi:
"J'ai toujours mes angoisses, surtout le soir. Ca me fait mal partout."
"J'entends des voix qui me disent que des personnes que j'aime sont en danger. Il faut absolument que j'aille vérifier."
"Je crois que je n'arriverai plus jamais à être heureuse."
Parfois ils pleurent.
Parfois ils s'énervent et partent en claquant la porte.
Parfois je me sens maladroite, désemparée, impuissante.
Parfois ils me remercient, il y en a qui veulent me revoir après la sortie.
Parfois ils offrent des dessins, des textes. Il y en a une qui me chante des chansons. Sa préférée: Le téléphone pleure.
J'ai eu un peu de mal, les temps derniers, à m'extraire de toutes ces histoires entendues au travail, les gens qui ne vont pas bien, les gens qui ont peur, les gens qui ont des demandes que je ne peux assouvir, les gens perdus.
Il faut être fort.
Madame C. est partie en vacances. Je l'imagine assez bien en pantalon retroussé et sandales en cuir tressé fouler les pavés romains et s'arrêter à une terrasse pour boire une citronnade. Peut-être qu'elle (re)lit Simone de Beauvoir.
Elle me manque.
Pour adoucir un été plein de doute et de métaphysique (des tubes), j'ai pu compter sur les caresses de G., ses paquets cadeaux déposés l'air de rien à côté de ma tasse de chocolat chaud (un sac ravissant, un livre rouge, un cahier...), la lecture que j'aurais voulu infinie d'un délicieux livre de Georges Perec, un colis parisien d'une fille qui travaille dans les arbres et lit dans mes pensées, quelques lignes d'une chanson de Barbara sous une photo floue, le sexe et la mode par Camille Laurens sur une musique de Philippe Mion, une tunique en velours grenat, des carrés aux myrtilles que j'ai été contente de trouver un soir de garde dans ma première bento box (envoyée par la fille des arbres).

Les carrés aux myrtilles de Smitten Kitchen
Pour un plat de 23x33cm (environ 36 petits carrés)

-130 + 65 g de sucre
-275g de farine
-230g de beurre salé froid
-1 cc de levure
-1 oeuf
-4 cc de maïzena
-le zeste et le jus d'un citron bio
-500g de myrtilles

Mélanger 130g de sucre avec la farine, la levure et le zeste de citron.
Incorporer le beurre et l'oeuf à la fourchette pour obtenir un mélange sablonneux.
Répartir la moitié de cette préparation dans le plat que vous aurez prélablement beurré (ou recouvert de papier sulfurisé). Réserver au frais.
Mélanger les myrtilles avec le jus de citron, le sucre restant et la maïzena. Répartir ce mélange sur la pâte puis recouvrir du reste de pâte.
Faire cuire environ 45 minutes dans un four préchauffé à 190°, jusqu'à ce que la surface soit bien dorée.
Laisser refroidir avant de découper en carrés.
Délicieux bien frais avec un thé et une pile de livres.

dimanche 10 août 2008

La tarte au citron de Marguerite D.

On arrive à rire devant Annie Hall en VF, ou pas.
On aime tremper ses tartines beurrées dans son chocolat, ou pas.
On supporte l'eau chlorée de la piscine (et son pédiluve et son bonnet de bain et les types qui font les malins en faisant beaucoup de bruit), ou pas.
On aime les grasses matinées, ou pas.
On aimes les chaussures compensées, ou pas.
On aime les longs voyages en train, ou pas.
On aime boire un verre de lait frais la nuit, ou pas.
On aime manger devant la télé, ou pas.
On a envie de se marier, ou pas.
On se lave les cheveux tous les jours, ou pas.
On aime le thé au lait, ou pas.
On aime dormir avec son chien, ou pas.
On aime les sacs à dos, ou pas.
On aime les nappes à carreaux, ou pas.
On met du riz dans les tomates farcies, ou pas.
On fête son anniversaire à grand bruit, ou pas.
On a un peignoir de bain, ou pas.
On mange de la dinde rôtie à Noël, ou pas.
On préfère les mouchoirs en tissus, ou pas.
On arrive à avoir plusieurs meilleurs amis, ou pas.
On aime l'omelette baveuse, ou pas.
On aime les aventures des supers héros, ou pas.
On aime les mots croisés, ou pas.
On met du sucre sur les petits-suisses, ou pas.
On préfère dormir sur le dos, ou pas.
On mange du pop corn au cinéma, ou pas.
On aime Marguerite Duras, sa langue, ses couples fous, ses histoires d'amour violentes pleines de larmes, de silences et de sang, ses plages désertes et son goût pour les pavés brûlants de Rome en été, ou pas. Mais si l'on aime la tarte au citron alors on aimera sa version, simple et bonne, griffonée sur un coin de papier et trouvée dans un livre rare, dégoté par G. dans de mystérieux endroits dont il a le secret.

La tarte au citron de Marguerite Duras
Sa pâte brisée
-200g de farine
-100g de beurre demi sel bien froid en lamelles
-5 cuillères à soupe d'eau glacée

Sa crème au citron
-2 oeufs
-le zeste et le jus d'un citron bio
-75g de sucre (sur son petit papier, il est noté 225g. Ca fait beaucoup quand même, non?)
-40g de beurre doux en petits morceaux

Pour la pâte, mêler la farine et le beurre demi sel en un sable fin. Ajouter l'eau glacée et rassembler rapidement en une boule que vous laissez une heure au frigo.
Au bout de ce temps, étaler la pâte, foncer le moule, faire cuire à blanc avec des haricots secs pendant un quart d'heure à 180° puis retirer les haricots et poursuivre un peu la cuisson, les bords sont à peine dorés.
Réserver.
Pour la crème, rassembler tous les ingrédients dans une petite casserole à fond épais.
Poser la casserole sur un feu très doux et laisser patiemment épaissir en mélangeant doucement et constamment.
Laisser refroidir avant de garnir le fond de tarte.
Meilleur bien froid.