dimanche 17 août 2008

Quelle que soit l'impasse, qu'importe le détour si tu m'embrasses -des carrés aux myrtilles-

J'ai décroché le combiné en pestant contre les téléphones des bureaux d'en bas, tous cassés, et qui ne peuvent remplir leur fonction que si leur utilisateur leur imprime une subtile secousse au moment où la sonnerie retentit.
Elle a dit d'une toute petite voix "Ca ne va pas du tout. Je ne peux pas vivre ici. Vous ne vous rendez pas compte, c'est un taudis. Je me sens très très mal. Pourquoi je suis triste comme ça?"
Parfois en face de moi, ils disent aussi:
"J'ai toujours mes angoisses, surtout le soir. Ca me fait mal partout."
"J'entends des voix qui me disent que des personnes que j'aime sont en danger. Il faut absolument que j'aille vérifier."
"Je crois que je n'arriverai plus jamais à être heureuse."
Parfois ils pleurent.
Parfois ils s'énervent et partent en claquant la porte.
Parfois je me sens maladroite, désemparée, impuissante.
Parfois ils me remercient, il y en a qui veulent me revoir après la sortie.
Parfois ils offrent des dessins, des textes. Il y en a une qui me chante des chansons. Sa préférée: Le téléphone pleure.
J'ai eu un peu de mal, les temps derniers, à m'extraire de toutes ces histoires entendues au travail, les gens qui ne vont pas bien, les gens qui ont peur, les gens qui ont des demandes que je ne peux assouvir, les gens perdus.
Il faut être fort.
Madame C. est partie en vacances. Je l'imagine assez bien en pantalon retroussé et sandales en cuir tressé fouler les pavés romains et s'arrêter à une terrasse pour boire une citronnade. Peut-être qu'elle (re)lit Simone de Beauvoir.
Elle me manque.
Pour adoucir un été plein de doute et de métaphysique (des tubes), j'ai pu compter sur les caresses de G., ses paquets cadeaux déposés l'air de rien à côté de ma tasse de chocolat chaud (un sac ravissant, un livre rouge, un cahier...), la lecture que j'aurais voulu infinie d'un délicieux livre de Georges Perec, un colis parisien d'une fille qui travaille dans les arbres et lit dans mes pensées, quelques lignes d'une chanson de Barbara sous une photo floue, le sexe et la mode par Camille Laurens sur une musique de Philippe Mion, une tunique en velours grenat, des carrés aux myrtilles que j'ai été contente de trouver un soir de garde dans ma première bento box (envoyée par la fille des arbres).

Les carrés aux myrtilles de Smitten Kitchen
Pour un plat de 23x33cm (environ 36 petits carrés)

-130 + 65 g de sucre
-275g de farine
-230g de beurre salé froid
-1 cc de levure
-1 oeuf
-4 cc de maïzena
-le zeste et le jus d'un citron bio
-500g de myrtilles

Mélanger 130g de sucre avec la farine, la levure et le zeste de citron.
Incorporer le beurre et l'oeuf à la fourchette pour obtenir un mélange sablonneux.
Répartir la moitié de cette préparation dans le plat que vous aurez prélablement beurré (ou recouvert de papier sulfurisé). Réserver au frais.
Mélanger les myrtilles avec le jus de citron, le sucre restant et la maïzena. Répartir ce mélange sur la pâte puis recouvrir du reste de pâte.
Faire cuire environ 45 minutes dans un four préchauffé à 190°, jusqu'à ce que la surface soit bien dorée.
Laisser refroidir avant de découper en carrés.
Délicieux bien frais avec un thé et une pile de livres.

18 Comments:

Anonymous Anonyme said...

la fille qui passe du temps dans les arbres est une perle
celle qui fait des carrés aux myrtilles en anglais en est une aussi, dans un autre genre ...
Et la 3ème ? C'est ? Patoumi ? ;)

18 août, 2008 00:11  
Blogger Rosa's Yummy Yums said...

Des Carrés Aux Myrtilles qui sont incontestablement tentants! un délice...

Bises,

Rosa

18 août, 2008 07:41  
Blogger loukoum°°° said...

oui la fille qui travaille dans les arbres est une perle, oui tes carrées aux myrtilles sont très tentants (et elle ne les renierait pas je pense), oui j'ai la même tasse hors d'age que toi... Bisous!

18 août, 2008 07:59  
Blogger (les chéchés) said...

ton titre est drôlement joli...
comme la fille qui travaille dans les arbres, et ces carrés aux myrtilles...

18 août, 2008 08:25  
Anonymous Anonyme said...

Un jour quelqu'un m'a dit qu'écouter une personne c'était comme l'aider à porter sa bosse. Mieux vaut donc ne pas être doté d'une trop importance proéminence ... Sous peine de crouler sous le poids bossien. Je suis sure que la combinaison G + carrés aux myrtilles + Patoumi's wood team t'apportent toute la force nécessaire.

Ma soeur m'a offert Penser / Classer de Perec ... Voulant en poursuivre la lecture, j'ai feuilleté ses ouvrages et me suis un peu attardée sur Épuisement d'un lieu parisien. Interloquée par le concept. Cela m'a un peu fait penser à ses gens qui prennent une photo d'un lieu à toutes les heures. Finalement, j'ai opté pour la vie mode d'emploi.

Peut-etre que l'Agrume de Valerie Mréjen te plairait (?).

As-tu entendu l'émission consacrée à Camille Laurens dans "un été d'écrivain" sur France Inter ? C'était vraiment passionnant de l'entendre parler de son écriture. Il doit être possible de la ré-écouter...

Je vais tenter ces petits carrés (à la mûre ... on fait avec ce que l'on a !), je t'en dirai des nouvelles (m'ont-ils dotés de supers pouvoirs me permettant de rédiger ce papier en un temps record ?).

18 août, 2008 09:23  
Anonymous Anonyme said...

Tes carrés aux myrtilles ont l'air trop bon ! ;)

18 août, 2008 11:48  
Anonymous Anonyme said...

Toutes ces petites voix doivent résonner très fort. Heureusement qu'il y a des carrés aux myrtilles et des bento boxes (et des tasses hors d'âge vraiment jolies). Est-ce que tu écoutes "un été d'écrivains" comme conseillé par 7tourvercors ? j'adore moi aussi ces confidences et "secrets de fabrication".

18 août, 2008 12:37  
Blogger Gracianne said...

Je crois que je ne pourrais pas, meme avec des calins, la fille dans les arbres et des carres aux myrtilles. Tu fais un boulot formidable.

18 août, 2008 13:10  
Anonymous Anonyme said...

Je reviens de Haute-Savoie où j'ai fait une cure de myrtilles et tes carrés me donnent envie de prolonger le plaisir!

18 août, 2008 14:59  
Anonymous Anonyme said...

Il en reste ? (des carrés)

Pour les histoires que tu entends, elles font partie de la vie. Tu n'es pas là pour assouvir des désirs, juste:
-mettre des mots sur les maux
- guider les personnes sur le chemin de la guérison, ou du mieux-être.

Bisous et courage (je comprends, pour ces histoires qui te touchent... univers différent mais confrontation aux mêmes individus, à la différence près qu'ils sont en général passés à l'acte)

18 août, 2008 15:21  
Blogger stef said...

Je partage ton sentiment vis à vis de ces gens qui nous livrent leurs souffrances leurs ressentis,et je partagerais bien aussi un de ces carrés....

19 août, 2008 09:37  
Blogger Flo Bretzel said...

Parfait pour compléter ma collection de recettes aux myrtilles, un fruit dont je suis tombée raide dingue cette année!

19 août, 2008 11:38  
Blogger VanessaV said...

C'est toujours un extrème plaisir de passer par là. De l'intimité sans en avoir l'air, de l'atmosphère entre livres, modes et art et quelques petites doses de saveurs pour aiguiser mes papilles...tout mon corps en redemande.

19 août, 2008 14:49  
Anonymous Anonyme said...

Rien que les titre de tes billets me font rêver, ils sont évocateurs et gourmands, j'adore
et tes carrés aux myrtilles, je n'en parle même pas
Sinon, je passerais bien par Rennes un jour prochain si tu étais dans le coin, dis-moi

19 août, 2008 18:22  
Anonymous Anonyme said...

j'espère ne pas te mettre mal à l'aise en te disant cela mais, c'est bien, je trouve, que toi qui n'a pas beaucoup confiance en toi devienne l'oreille volontaire ou non de tous ces gens en détresse et c'est un test aussi car comme tu dis il faut être forte.

20 août, 2008 14:15  
Blogger Saperlipopote ! said...

écouter, ne pas porter et faire des carrés aux myrtilles (... et des ronds dans l'eau...)

21 août, 2008 13:53  
Blogger Léna said...

Il y avait plein de myrtilles samedi au marché... J'y ai tenté de croiser chaque regard pour peut-être intercepter celui de Mlle P... En vain, je crois...

Je ne perds pas espoir... un jour, la tomme de brebis, nous dégusterons ensemble ! :)

21 août, 2008 22:44  
Blogger Mingoumango (La Mangue) said...

Je dis pareil que Gracianne. C'est un métier admirable, qui permet de sauver des vies.
Je suis ravie que tu te sois décidée à utiliser la bento box, surtout pour de si jolis carrés aux myrtilles :-)
Bises ensoleillées !

24 août, 2008 21:42  

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