samedi 3 février 2007

Les petits cakes à la banane et aux dattes contre la mélancolie de la répétition

Depuis une dizaine de jours, les journées se suivent et se ressemblent et j'ai l'impression de vivre dans une bulle, certes douillette (grâce à mon fidèle plaid en merinos rouge offert par ma maman quand j'ai commencé mes études et mes habits mous dont vous avez déjà entendu parler -à ce propos, il s'est passé un truc bizarre: ça faisait bien une semaine que je n'avais pas quitté mes fringues molles et mon ego devait sûrement commencer un peu à souffrir: tout à l'heure j'étais toute contente d'enfiler une chouette jupe avec une jolie tunique pour sortir, c'était tout revivifiant, je me suis dit :"Tiens, mon corps a une forme!"-) mais avec une grosse méduse d'angoisse qui flotte, comme dans On connaît la chanson (je ne vais pas ici ouvrir un débat sur Resnais et le fait que cet homme ait pu faire au cours d'une seule vie L'année dernière à Marienbad et Coeurs, un tel écart me perplexifie -G., lui, ça l'attriste-).
Depuis que j'ai appris que j'en avais définitivement terminé avec les examens de la fac et que seul l'internat en juin prochain me sépare de la fin de ces si longues et souvent ennuyeuses études de médecine, je suis enchaînée au bureau à ressasser et essayer de comprendre pour ne pas juste apprendre par coeur (quand j'étais au lycée, j'avais un prof d'histoire qui disait que pour vérifier le niveau de la mémorisation d'un cours, il fallait s'imaginer le réciter comme si l'on était le présentateur du journal télévisé. Bon, moi je l'ai jamais vraiment regardé, et j'ai pas envie de me prendre pour Madame Chazal, donc je m'astreins à réciter les choses par écrit d'où l'accumulation de feuilles un peu partout dans le bureau et la consommation du temps que je voudrais tant passer à autre chose. Mais c'est comme ça.)
Elles sont un peu longues ces journées, je crois que je n'ai jamais bu autant de thé de ma vie. Parfois j'en ai tellement assez d'être assise que je m'en vais déambuler dans l'appartement, je jette un oeil aux plantes (et même parfois, pour rompre le mutisme, je leur fais la conversation. Le plant de patate douce qui rampe à une vitesse effrénée n'est guère loquace), je regarde la foule pressée qui envahit la place de la République -les baies vitrées de l'appartement donnent sur elle-, je vais faire un petit tour dans le bureau de G., je jette un oeil à sa bibliothèque... Il m'arrive aussi de mettre un disque mais comme je suis un peu maso, je n'arrive pas à écouter autres choses que des choses tristes, genre Jeanne Balibar qui de sa voix langoureuse dit:"Je voudrais faire le tour du monde/Par les Indes ou le Pacifique/Le Bosphore ou les Amériques/Retrouver quelques personnages/Morts à mon âge.../
Le midi, je déjeune en écoutant Histoire de l'amour, c'est une compagnie agréable.
En fait, je n'attends qu'une seule chose, entendre l'ascenseur s'ébranler puis s'arrêter sur notre palier en fin de journée car je sais que G. va très vite apparaître et, même si je dois encore travailler, sa seule présence me rend le coeur plus léger.
Mercredi, jai feuilleté en buvant mon Poulain du matin le Elle à table spécial Fêtes qui traînait dans la cuisine et je me suis rappelée que G. avait manifesté beaucoup d'enthousiasme devant des petits cakes à la banane et aux dattes (en fait, la première image qui me vient à l'esprit quand je pense à des dattes, c'est cette image de Tintin quand il est au pays de l'or noir affamé, assoiffé, et qu'il tombe sur cet oasis avec de l'eau et des dattes). J'étais toute contente à l'idée de l'accueillir ce soir-là avec des petits cakes que j'imaginais parfumés et encore tièdes. Cette idée a eu sur moi l'effet d'un oasis dans le désert, je suis sortie juste avant Histoire de l'amour chercher quelques dattes (j'ai pris des Medjool, même si elles ont fini en gâteau, les autres étant vraiment trop faméliques) et j'ai pâtissé avec grand plaisir.



Les petits cakes à la banane et aux dattes (inspirés d'une recette du Elle à table numéro 47)

Pour 4 petits cakes:
-115g de farine T65
-55g de beurre mou
-50g de rapadura
-1 oeuf
-75g de dattes (environ trois grosses medjool) émincées
-1 banane mûre écrasée et citronnée
-une demie cuillère à café de cannelle
-une demie cuillère à soupe de rhum
-un demi sachet de levure
-quelques amandes effilées

Fouetter ensemble l'oeuf et le beurre.
Ajouter le sucre.
Bien mélanger.
Ajouterla cannelle et la banane écrasée. Bien mélanger.
Ajouter la farine, la levure puis le rhum et finalement les dattes en mélangeant entre chaque nouvel ingrédient.
Verser dans vos moules à muffins préférés, répartir quelques amandes effilées sur chaque petit gâteau et faire cuire une vingtaine de minutes dans un four préchauffé à 180°.

Moi qui ne suis pas une grande fan des dattes, j'ai trouvé ces gâteaux délicieux, moelleux et parfumés à souhait. Avec un verre de lait froid, miam!
Quand G. est arrivé, il s'est précipité dans la cuisine pour voir l'origine du délicat parfum qui avait envahit l'appartement, il a été tout agréablement surpris par l'assiette de gâteaux ci-dessous (j'avais fait en plus des petits cakes orange-chocolat, une recette à venir).


Ouf, ça fait du bien de se mettre un peu à l'écart du travail (mais après argh c'est horrible: on culpabilise).

8 Comments:

Blogger leonine194 said...

miam ils sont magnifiques ces petits gateaux.

03 février, 2007 18:14  
Anonymous Anonyme said...

Il ne faut pas culpabiliser ! Il faut apprendre à faire l'école buissonnière, c'est très salutaire.
Ces petits cakes apporteraient de la douceur à la plus langoureuse des mélancolies.

PS : Je ne fais pas semblant d'avoir oublié la petite invitation des 5 choses ...

03 février, 2007 20:40  
Blogger Alhya said...

ahhh les heures passées à réviser et /ou écrire une thèse (au hasard ;-)) coincée dans son appartement, se lever de temps en temps et trouver que les heures s'écoulent si lentement alors qu'elles peuvent passer si vite lorsque je suis en cuisine.. que je connais tout ça! et la méduse, celle ci aussi, je la connaissais bien, d'où le bonheur de pouvoir de temps en temps ouvrir cette porte magique des blogs, rien de tel en ce qui me concerne pour m'aérer! ;-) mais je prendrais volontiers de ces petits cakes anti mélancolie

04 février, 2007 10:19  
Anonymous Anonyme said...

J'aime beaucoup ta façon de "raconter" tes recettes. J'ai l'impression de sentir la bonne et douce odeur de pâtisserie sortant juste du four et qui envahit l'appartement. Mmmm, ces petits cakes me plaisent bien. Tout à fait le genre de réconfort nécessaire à ces longues heures studieuses...

04 février, 2007 21:03  
Anonymous Anonyme said...

C'est quand ils sont volés qu'ils sont les meilleurs...

05 février, 2007 10:10  
Blogger Gracianne said...

Meduse d'angoisse, ca me fait penser a Boris Vian.
Demande a G. de te concocter une bande son un peu plus pechue, Jeanne Balibar, ca aide pas.
L'oasis, c'est dans les cigares du Pharaon non?

05 février, 2007 12:29  
Anonymous Anonyme said...

Ne culpabilise pas, tu as bien fait de te détendre en pâtissant!

05 février, 2007 22:13  
Blogger confituremaison said...

Patisser a un grand effet therapeutique chez moi. Tes petits cakes ont l'air vraiment, sincerement merveilleux.

07 février, 2007 04:58  

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