mercredi 29 novembre 2006

Osso buco in bianco, gremolata, il est fini le temps des raviolis

Il fut un temps, qui me semble désormais fort lointain, où G. et moi n'habitions pas ensemble. Mon appartement se résumait alors à une seule pièce, certes très jolie avec ses poutres, son parquet et sa cheminée, certes très bien placée puisqu'en bas de la Place des Lices, mais quand même très exiguë et froide l'hiver. G., quant à lui, habitait au douzième étage un appartement bien plus grand et dont j'aimais beaucoup la vue du balcon, surtout le soir, avec toutes les lumières de la ville qui tremblotent doucement.
Souvent, pour nous retrouver en fin de journée, nous nous donnions rendez-vous dans une librairie; comme cela, si l'un avait du retard, l'autre avait de quoi s'occuper. Parfois aussi, je prenais le bus et traversais toute la ville pour le retrouver chez lui.
A cette époque, et bien que la cuisine m'interessât déjà beaucoup (quand j'étais petite, j'adorais jouer à la dînette et à la marchande. L'un de mes scénarii favoris était alors d'imaginer que je recevais le Président de la République à dîner et que je devais donc préparer le repas en conséquence, l'une de mes entrées fétiches étant alors "Le pâté de lapin au cerfeuil". Ne me demandez pas d'où je sors ça, il aurait alors été plus logique pour moi de mettre au menu des rouleaux de printemps mais bon), je n'osais pas trop mettre cela en avant, euh, j'en avais un peu honte parce qu'en ces temps reculés, je croyais que la cuisine était une discipline futile (j'ai bien revu mon jugement depuis...) et qu'il valait mieux maîtriser Gilles Deleuze que Pierre Hermé, du moins en société.
Ainsi, quand nous n'allions pas manger dehors, nous nous contentions de dîners quelque peu épurés: des salades (parfois même industrielles), des kebabs, des tartines, des raviolis chinois (à l'époque j'adorais ça les Dim Sum, nous les achetions congelés par paquets gigantesques et je les faisais consciencieusement cuire dans le petit panier vapeur en bambou. Malheureusement, comme il arrive souvent avec ce dont on abuse, ils ont fini par me dégoûter et rien que d'y penser... berk) et parfois, les dimanches soirs, divers currys et satays improvisés avec le contenu du placard puisque bien sûr, faire les courses, ce n'était pas vraiment dans nos habitudes.
J'aurais pu trouver inadmissible de faire passer les plaisirs oraux ainsi au second plan mais je n'étais pas assez sûre de mes capacités culinaires pour les mettre en avant et le peu de temps que nous passions à table (qui d'ailleurs n'existait pas) permettait une nette compensation scopique: je n'ai jamais vu autant de films qu'à cette époque. Barry Lindon, Le miroir, La honte, La forteresse cachée, c'était si beau que j'en oubliais le menu.
Quand nous avons déménagé, je me suis tout de suite sentie très bien dans le nouvel appartement. La cuisine est jolie et fonctionnelle, et peu à peu, j'ai osé mettre mes fantasmes culinaires à exécution. Pour mon plus grand soulagement, G. n'a pas du tout trouvé cela futile, bien au contraire, il a largement contribué à alimenter la bibliothèque en livres de cuisine, les placards en ustensiles et il passe souvent derrière les fourneaux, pour mon plus grand plaisir.
Jamais à l'époque des raviolis je n'aurais pensé faire un jour de l'osso buco, je croyais qu'il n'y avait que les mamans qui sachent bien faire cela, mais au vu du résultat, délicieux, je pense que j'en referai!
Je me suis largement inspirée de la recette de Laura Zavan; son livre Ma little Italy fait partie de mes préférés: il est joli, il y a des anecdotes et des informations très précises sur les produits, c'est très agréable à lire, on a l'impression d'être en vacances en Italie!

L'osso buco in bianco inspiré de celui de Laura Z
Pour deux personnes
2 tranches de jarret de veau
2 carottes
2 oignons rouges
3 champignons de Paris
12,5 cL de vin blanc sec d'Alsace
25 cL de bouillon de poule
5 anchois à l'huile coupés en petits morceaux
un peu de farine
un peu de beurre
un peu d'huile d'olive

Fariner la viande.
Faire chauffer le beurre et l'huile d'olive dans une grande poêle et y faire revenir les tranches de jarret.
Quand elles sont dorées, les sortir, les réserver au chaud et jeter le gras de la poêle.
Y verser un filet d'huile d'olive et faire revenir les légumes coupés en minuscules dés.
Au bout de quelques minutes ajouter les anchois et les faire fondre.
Verser le vin et gratter la poêle pour bien décoller les sucs.
Laisser bouillir quelques instants puis déposer la viande et verser le bouillon.
Couvrir et laisser sur minuscule feu pendant deux heures.

Je l'ai préparé à midi et je l'ai remis sur le feu pendant une demie heure avant de dîner, le temps de préparer les papardelles qui ont accompagné le plat et la gremolata qui a délicieusement parfumé l'osso buco.

La gremolata
une demie botte de persil
6 gousses d'ail
le zeste d'un demi citron
un peu de jus de citron

Hacher le tout très finement et servir à part.

vendredi 24 novembre 2006

Le marzipan fruit cake de Nigella, perhaps one day I'll be a domestic goddess

Quand j'aurai à passer l'internat en juin prochain (gloups, c'est une sorte de coming-out et aussi de tentative d'explications: ce blog est pour moi un alibi puisqu'il me permet de répondre aux gens qui me hurlent affolés: "Quoi? T'es pas en train de travailler???" "Ben non, c'est ma pause et même que je la passe à des choses utiles -le blog-" Et en plus, si je suis mal classée, j'aurais au moins fait autre chose cette année que des cas cliniques. Ouh, rien que d'y penser, à ce concours, j'ai l'estomac qui se noue), je serai obligée de passer deux nuits dans un hôtel brestois ce qui m'angoisse fortement, notamment parce que je sens que tous les "objets doudous" de mon bureau vont terriblement me manquer.
J'adore mon bureau, les livres, les photos, les affiches, les boîtes 100drine, les souvenirs de voyage; le côté agréable du lieu contribue largement à me faire tolérer toutes ces heures à apprendre toutes ces choses atrocement ennuyeuses au programme de l'internat (oh! je me plains beaucoup aujourd'hui, je suis désolée, c'est parce qu'en plus je dois aller en cours dans une vingtaine de minutes et cette semaine me semble horriblement longue).
J'aime bien aussi ma petite collection de livres de cuisine et il m'arrive fréquemment de les feuilleter quand mon cerveau bouillonne trop. La plupart m'ont été offerts par G., qui est un grand spécialiste des cadeaux, en plus d'être spécialiste des california makis, du cinéma scandinave et hongrois, de la littérature de partout et de tous les temps, de la musique baroque, des bandes dessinées, des enfants psychotiques, des croque-monsieur...
L'un des livres que je n'en finis pas de feuilleter, c'est celui de notre amie Nigella, je le trouve vraiment très joli et elle a le chic pour donner une irrésistible description de ses réalisations qui donne vraiment envie d'essayer. J'avais eu l'agréable surprise de découvrir son Store cupboard oarange-chocolate cake, et puis j'avais dû assûmer un énorme échec public à cause de son Coca Cola cake qui a faillit me mettre en coma hyperosmolaire tant il était sucré (je m'en excuse d'ailleurs auprès de E., qui a poliment mangé sa part jusqu'à la dernière miette, sans broncher).
Cette fois-ci, comme G. fantasmait depuis quelques temps sur le fruit cake de Mr. Thompson de son enfance (conditionné dans un emballage écossais vert, il me semble), et qu'il se souvenait parfaitement avoir vu une alléchante photo de fruit cake dans le livre de Nigella, j'ai voulu faire plaisir à cet adorable garçon (parce que moi, c'est pas trop mon truc, les fruit cakes). Il s'agit d'un marzipan fruit cake qui a pour particularité de contenir des poires séchées qui se marient divinement avec la pâte d'amandes. Nigella conseille de le déguster une semaine après sa confection (tout en avouant ne pas y avoir résisté plus de deux jours), et il se bonnifie effectivement avec le temps. Pour sa part, G. a adoré le déguster avec du Gervita.

Le marzipan fruit cake de Nigella
150g de raisins secs
100g de cerises confites
150g de poires séchées, coupées en lamelles
100mL de rhum blanc
75g de pâte d'amandes réfrigérée puis râpée (Nigella en met 250g, après un premier essai, je suis en mesure de dire que c'est trop)
50g de poudre d'amandes
le zeste d'un citron
175g de farine (j'ai fait moitié T65, moitié farine normale)
100g de rapadura (Nigella met du sucre roux)
100g de beurre mou
2 gros oeufs bio
1 cuillère à café d'eau de fleur d'oranger

La veille, mettre les raisins et les poires dans un bol, les recouvrir de rhum et laisser reposer toute la nuit.
Le lendemain, mélanger dans l'ordre le beurre, le sucre, les oeufs, la farine, la poudre d'amandes et le zeste de citron.
Ajouter les raisins et les poires (égouttés), les cerises et la pâte d'amande râpée. Bien mélanger.
Ajouter l'eau de fleur d'oranger.
Chemiser votre moule de papier sulfurisé (qui vous servira ensuite pour conserver le cake pendant la semaine de patience).
Verser la pâte et faire cuire environ deux heures à 140°.
Le cake est prêt quand il est bien doré (et qu'un délicieux parfum s'est répandu dans votre cuisine).
Quand il est bien froid, l'emballer soigneusement et l'oublier jusqu'à ce que vous n'en puissiez plus d'attendre!

mercredi 22 novembre 2006

Conte d'été en automne et le maffé poulet de G.

Sans doute ne vous a-t-il pas échappé que depuis que nous sommes passés à l'heure d'hiver, il fait quasiment nuit dès dix-sept heures. Si cela n'a guère d'importance en semaine (la nécéssité du travail se moquant bien de la luminosité extérieure), le dimanche, cela nous pose un grave problème d'organisation: il n'est plus possible d'aller se balader en forêt en fin d'après-midi à moins de ne craindre les bruits étranges qui émanent d'une forêt enveloppée par l'obscurité. On peut bien sûr se rabattre sur le bord de mer, c'est joli aussi, d'ailleurs le dimanche d'avant, nous avons longé les remparts de Saint-Malo alors qu'il y avait déjà quelques étoiles; c'est chouette mais on a tendance à écourter la ballade, toujours à cause de l'obscurité. Pourquoi sortir si tard? me direz-vous, et bien c'est un peu triste, mais cette année, la sortie n'est autorisée que si la quantité de travail prévue a été effectuée et en général, ce n'est pas avant dix-sept heures. Soupirs.
Mais dimanche dernier, c'était un peu fête dans nos têtes, il faisait un temps splendide et nous avions vraiment envie d'en profiter. Ainsi à treize heures, au lieu de préparer le déjeuner en écoutant Les Papous, G. nous a concocté un petit pique-nique et nous avons filé vers la mer. Sur la route, je pensais aux vagues, aux grosses mouettes, au vent salé et aux délicieux sandwiches qui nous attendaient (des petits clubs en triangle, au pain complet, avec de l'avocat et du concombre rescapés des california makis de la veille, du bon jambon, un peu de fromage frais...).
Nous sommes allés à Dinard, pour la proximité, et aussi parce que la ville a un charme tout particulier en hiver. L'été, c'est exactement comme dans le Conte d'été d'Eric Rohmer, sauf qu'il n'y a pas Melvil Poupaud. J'aime beaucoup ce film (d'une manière générale, j'aime beaucoup Rohmer) , extrêmement sensuel alors que le marivaudage n'y est que verbal. Gaspard, étudiant en mathématiques, vient passer ses vacances dans une maison bourgeoise prêtée par l'un des amis. Il attend sa fiancé, Léna, qui voulait préparer l'ENA, et puis finalement pas. Il passe ses journée à la plage, à se baigner, manger des glaces; le soir, il va dîner d'une galette. Quand il ne sort pas, il joue doucement de la guitare dans sa chambre. Il est tellement dans l'attente de Léna qu'il ne remarque même pas les regards soutenus que lui adresse la serveuse de la crêperie. Il finit par la recroiser à la plage et il fait ainsi connaissance de Margot, étudiante en anthropologie de son état. Elle connaît bien la région, ils font de grandes ballades métaphysiques et elle lui présente Solène, une grande brune qui chante avec brio: Je suis une fille de corsaire/ On m'appelle la Flibustière/ J'aime le vent/ J'aime la houle/ Je fends la mer comme la foule... Mais un jour, Léna arrive...
Ce que j'aime bien, aussi, c'est que le film montre que l'indécision, la maladresse et le goût de la solitude peuvent avoir du charme.

Un banc face à la mer nous attendait et nous avons dégusté notre pique-nique avec un plaisir inouï. Nous avons marché, avec la chaleur du soleil dans le dos, nous avons foulé le sable et observé les cerfs-volants qui virevoltaient, chatoyants, dans un ciel sans nuages.
Et puis nous avons vu nos ombres s'allonger sur la plage, indiquant qu'il était temps de rentrer.De retour à la maison, nous avions le cerveau tout oxygéné pour nous remettre à travailler. Dans la voiture, G. a évoqué un livre de cuisine malienne feuilleté ensemble il y a quelques temps et cela nous a donné envie de manger du maffé poulet au dîner. J'ai retrouvé la recette griffonnée sur une feuille de papier (qui comportait au verso celle de la frangipane au chocolat pour ma tarte bourdaloue), nous avions fait un mélange de diverses recettes trouvées sur internet, elle n'est donc sûrement pas très orthodoxe mais elle présente un indéniable avantage (en plus d'être délicieuse), c'est qu'on peut tout mettre à cuire dans une cocotte, retourner à ses occupations, et revenir deux heures plus tard pour déguster: la viande est alors si tendre qu'on peut la manger à la cuillère!

Le maffé poulet de G.
2 cuisses de poulet fermier
un quart de chou émincé
1 grosse carotte coupée en tronçons
2 petites pommes de terre (ou une petite patate douce)
3 piments oiseau rouges
2 tomates coupées en morceaux
100g de pâte d'arachide
1 oignon coupé en quartiers
1 cube de bouillon de poule
3 à 4 cuillères à soupe de sauce Maggi
1 généreuse cuillère à soupe de curry en poudre
un peu de sucre, de sirop d'érable et de poivre

C'est très rapide à préparer à deux. Vous laissez le tout mijoter et vous corrigez l'assaisonnement quand vous vous apprêtez à passer à table.

mardi 14 novembre 2006

Le triffle d'amour, en pensant à Peau d'Âne


Dans le film de Jacques Demy, qui est une merveille à regarder avec son amoureux un dimanche après-midi bien gris quand on n'arrive plus à travailler et que la simple idée du laborieux lundi à venir suffit à donner des boutons alors que le tube de crème à masque anti-bouton est précisément vide, Catherine Deneuve superbe dans sa robe couleur de temps, s'apprête à préparer un cake d'amour pour séduire le Prince (Jacques Perrin) qui ne s'en remet pas de l'avoir surpris dans toute sa splendeur. J'adore la chanson qui accompagne la préparation du Cake d'amour, les paroles malicieuses et gourmandes, la grâce de Catherine D. pour allumer son four, verser le sucre, beurrer son moule, glisser sa bague dans la pâte et un souhait d'amour s'impose tandis que la pâte repose. C'est charmant. Et c'est très émouvant aussi de voir Jacques et Catherine, ivres de joie, chanter en choeur: Nous irons ensemble à la buvette/Nous fumerons la pipe en cachette/Nous nous gaverons de pâtisseries/ Mais qu'allons-nous faire de tant de bonheur?/Le montrer ou bien le taire?
Samedi soir pour clore un délicieux dîner de langoustines et de champagne, comme nous n'avions pas prévu de dessert à la hauteur, nous avons improvisé une petite bombe calorique délicieusement régressive. Et c'est si agréable de plonger ensemble sa petite cuillère dans le pot (qui à l'origine contenait un délicieux pâté -rassurez-vous, c'était il y a longtemps et il a parfaitement été lavé depuis!- offert par la propriétaire d'une très jolie chambre d'hôtes à Saint-Florent-le-vieil; elle nous avait servi au petit-déjeuner dans son jardin un inoubliable gâteau au yaourt, fait avec de la farine complète et parfumé à la fleur d'oranger).
Je donne la recette de ce triffle mais je sais que chacun aime les faire à sa façon, avec ses douceurs préférées, je ne sais comment dire le plaisir que j'ai eu à le déguster avec G.

Le triffle d'amour
3 Granola finement écrasés (argh, c'est mon péché mignon, le petit goût salé du sablé avec le chocolat, je n'y résiste pas...)
1 banane coupée en rondelles et citronnée
50g de chocolat fondu
10cL de crème fraîche montée en chantilly avec un peu de sucre

Il suffit de superposer le tout, c'est très pratique.
Un vrai bonheur, comme quand Peau d'Âne prépare son Cake, pleine d'amour et de ferveur.

mercredi 8 novembre 2006

Vous en voulez? Bar rôti aux petits légumes et mousse au chocolat façon P.Hermé


Si je suis une fille compliquée dans de nombreux domaines, j'ai toujours eu une préférence en cuisine pour les plats les plus simples. Petite par exemple, j'ai sûrement facilité la vie de ma maman en plébiscitant les oeufs au plat avec du riz-maggi: ce que j'aime par-dessus tout, c'est mélanger le riz légèrement imbibé de sauce maggi (vous savez les petites bouteilles marrons avec l'étiquette jaune et le capuchon en plastique rouge; je sais, c'est pas très naturel tout ça, mais bon, avec du riz -cuit au rice-cooker bien entendu-, rien ne sert pour moi de tenter d'y résister) avec les jaunes d'oeufs coulants. C'est trop bon!
Sinon, j'aimais bien aussi le boeuf lok-lak de ma maman, pas très compliqué non plus: du boeuf émincé et sauté avec des oignons, un peu de sel, de poivre, de sauce huître, servi avec du riz, de la salade, des rondelles de tomates et du jus de citron salé et poivré. Bon, comme il fallait parfois lui donner du travail , j'adorais aussi me brûler les lèvres sur les nems que je la regardais frire et que je m'empressais de goûter dès qu'elle les sortait de leur bain.
Un autre plat dont je raffolais et qui a rapport avec notre sujet, c'était le riz au saumon, à la mangue verte et au nuoc-mam. Tout est dans l'intitulé: ma maman écrasait dans du riz chaud du saumon qu'elle avait simplement fait cuire au four, puis elle arrosait la préparation avec du nuoc-mam où elle avait prélablement fait mariner des longs filaments de mangue verte râpée. Cette sauce salée et acidulée (grâce à la mangue) se mariait à merveille avec le riz et le poisson. Quand j'ai grandi, ma maman a rajouté de la purée de piment dans la sauce, ceci pour mon plus grand ravissement.
Dimanche après-midi après une ballade à la pointe du Grouin (le ciel, bleu et rose, me faisait penser à de la guimauve, la mer était dorée, au loin on distinguait la silhouette du Mont Saint-Michel), nous avons préparé un bar rôti dont la chair délicate s'accommode aussi très bien du couple riz/nuoc-mam. Il arrivait à ma maman de faire cuire les poissons au four sur un lit de légumes râpés, j'ai gardé cette habitude pour les poissons qui s'y prêtent et le bar en fait partie.
G. a annoncé, à la fin de son assiette: "Une catastrophe se prépare: c'est ma dernière bouchée." C’est vous dire comme c’est bon.


Le bar rôti aux petits légumes
un bar (gentiment acheté par G. au marché samedi matin pendant que je discutais avec une petite fille hospitalisée de sept ans du restaurant des parents de Tom-Tom et Nana, La bonne fourchette)
une courgette
deux grosses carottes
un oignon rouge
quelques tranches de citron
une bonne cuillère à soupe de sirop d'érable
de l'huile d'olive
du sel, du poivre

Eplucher et râper la courgette et les carottes (ou, si votre râpe est cassée, les tailler en minuscules dés).
Eplucher et couper l'oignon en grossières lamelles.
Répartir les légumes dans le plat où va cuire le poisson, verser le sirop d'érable, de l'huile d'olive, du sel, du poivre, bien mélanger.
Faire cuire une bonne demi-heure à 200°.
Ce temps écoulé, déposer le bar sur les légumes, vous n'avez pas besoin de le saler si comme nous vous le dégustez avec du nuoc-mam. Répartir les tranches de citron sur le bar et dans son ventre.
Cuire une vingtaine de minutes à 180°.


Il y avait pas mal de monde sur la route du retour dimanche soir et, alors que nous nous étonnions de la taille de la lune, G. a évoqué une soudaine envie de mousse au chocolat.
Ma première mousse au chocolat était celle de Trish Deseine : un complet ratage, tellement lourde qu’elle laissait l’impression d’avoir ingurgité des briques (les cinq jaunes d’œufs sans doute…)
Et puis pendant des vacances, nous nous étions réchauffés dans le petit salon de thé qu’il y a en face du château de Langeais (par ailleurs très joli, avec du beau mobilier). Pendant que j’attendais mon thé, j’ai feuilleté Plaisirs sucrés de Pierre Hermé, l’un des livres de la pile qui décorait la pièce. Nous avions recopié la recette de sa mousse au chocolat sur l'un des désormais fameux carnets japonais de G., et après un premier essai, je ne fais plus que cette version. Elle est parfaite : légère, chocolatée, douce sans être écoeurante, dense et aérée à la fois. Elle est déjà prête à être dégustée après une heure et demie de réfrigération, ce qui nous a permis de la réaliser en rentrant et de la déguster au dessert.

La mousse au chocolat façon Pierre Hermé
Pour 6 personnes
170g de chocolat (j’ai fait avec ce qu’il y avait dans le placard : 120g de Nestlé kraft clair et 50g de Lindt à 70%)
80g de lait entier (j’ai mis 40g de lait demi-écrémé et 40g de crème fraîche)
1 jaune d’œuf
4 blancs d’œufs
2 cuillères à soupe de sucre (voire un peu moins)

Faire fondre le chocolat au bain-marie.
Faire bouillir le lait (et la crème si vous avez choisi cette option). Le verser sur le chocolat fondu.
Lisser et laisser un peu refroidir avant d’ajouter le jaune d’œuf. Mélanger.
Battre les blancs en neige en ajoutant le sucre à mi parcours.
Les mélanger délicatement à la préparation chocolatée.
Répartir la mousse dans vos petits verres préférés.
Réfrigérer pendant au moins une heure et demie.

dimanche 5 novembre 2006

Scoop et sablés menthe-chocolat


Avant de découvrir la blogosphère culinaire, je passais beaucoup de temps à écumer les librairies pour feuilleter les livres de cuisine. J'évite toujours d'acheter quoi que ce soit chez les grands distributeurs parce que je n'aime pas trop cette ambiance de supermarché où ce sont les gens à la mode qui sont promus et pas ceux qui font des choses de qualités. J'en ai déjà parlé en commentaire sur un blog mais ça me navre d'entendre un de leurs vendeurs répondre à un client: "Pasolini, vous écrivez ça comment?". Je trouve que c'est la moindre des choses d'avoir du personel un peu compétent dans le domaine où il officie. Ils n'ont souvent aucun scrupule non plus à vendre des livres tâchés ou cornés, c'est dommage. Ainsi, je préfère de bien loin aller chez un libraire ou un disquaire indépendant, où l'ambiance est souvent plus feutrée et où, si l'on a besoin d'un renseignement, les gens sont souvent adorables et bien informés.
Le seul avantage dont disposent les chaînes, ce sont leurs horaires d'ouverture et souvent, avant, j'y allais entre vingt heures et vingt et une heure, il n'y avait plus grand monde et je feuilletais à loisir les livres de cuisine, dont l'offre, la qualité et la diversité n'ont fait que s'améliorer depuis deux-trois ans. J'éprouve beaucoup moins le besoin de faire ce genre de sortie depuis que les blogs de cuisine se multiplient; ils sont bien plus vivants que tous ces livres, j'adore voir les réalisations des uns et des autres mais les blogs que je préfère sont ceux qui racontent un peu (beaucoup, c'est encore mieux) l'existence de leur auteur. Il est étonnant de constater que certains blogs développent des recettes bien plus originales que de nombreuses publications (d'autant plus que je trouve que les livres français n'ont souvent pas la qualité littéraire de leurs cousins anglo-saxons, Nigella illustre très bien cela: la lecture de ses recettes dégage un charme inégalé par ici).
L'autre jour, comme j'avais un peu de temps, je jetais un oeil aux dernières parutions. Il y avait Bistronomiques, pour savoir où bien manger à Paris dans un endroit un peu chouette pour pas trop cher, le tout très joliment illustré par Dupuy et Berbérian et puis un livre très drôle sur les classiques de nos cantines revisités par des chefs. J'allais partir mais j'ai quand même ouvert le dernier livre de Julie Andrieu, consacré au chocolat, et je tombe sur la recette des sablés menthe-chocolat qui ont l'air absolument appétissants. G. a ainsi sorti illico son petit carnet japonais et nous avons recopié la recette.
J'ai préparé la pâte mercredi midi en suivant les consignes à la lettre, j'ai obtenu un beau boudin de pâte, parfumé, avec plein de morceaux de chocolat. Nous avons passé l'après-midi en bord de mer, le climat était polaire mais la Manche était belle et soulevée de grosses vagues. Nous sommes rentrés affamés et avons dégusté un délicieux kebab (ne dites pas "Beurk! de la viande grasse qui tourne à l'air libre! Beurk beurk!" Là où nous allons, la viande est savoureuse, épicée, le blé concassé parfaitement cuit et assaisonné, la salade est bien fraîche et les gens qui y travaillent sont adorables) avant d'aller voir Scoop, le dernier Woody Allen, absolument trépidant et me faisant oublier la déception de Match Point. Il y a dans Scoop tous les stigmates habituels de W. Allen (sauf le jazz), l'intrigue se noue et se dénoue avec classe et Scarlett J. assume très bien ses grosses lunettes.
En rentrant, j'ai sorti mon boudin de pâte, j'ai allumé le four et j'ai mis à cuire cinq sablés, comme ça, pour voir.
Ils étaient absolument quelconques. Très loin d'être renversants, ils n'étaient pas du tout infects mais juste sans aucun intérêt. On ne sent pas du tout la menthe, qui était pourtant très parfumée. Plus ordinaire, tu meurs.
Une grosse déception.
Si vous voulez essayer et m'en parler:
Les sablés menthe-chocolat de Julie Andrieu.
Pour une vingtaine de sablés:
140g de farine
100g de sucre roux
100g de chocolat concassé
80g de beurre bien mou
un jaune d'oeuf
une cuillère à café de levure
les feuilles ciselées de deux grands brins de menthe

Mélanger le beurre et le jaune d'oeuf.
Ajouter le sucre, mélanger à la fourchette.
Ajouter la farine et la levure, progressivement, tout en les incorporant bien.
Ajouter la menthe et le chocolat.
Former un boudin de pâte.
Le laisser au moins une heure au réfrigérateur.
Débiter des tranches de boudins d'un demi cm d'épaisseur et les faire cuire une dizaine de minutes à 180° sur une plaque recouverte de papier cuisson. Ils sont prêts quand leur bord est à peine doré (ils durcissent en refroisissant).