Caresse photographiée sur ma peau, sensible -poulet, piment d'Espelette et potimarron-
Ma peau se souvient du soleil qui brûle un peu et des crèmes qui sentent bon après. Elle se souvient aussi de la fraîcheur de l'eau et de son mouvement entêtant. Du sable qui colle et du sel qui laisse des traces. Des gouttes de sorbet au citron qui dégoulinent. D'une main qui passe dans mes cheveux.
Mais là, automne difficile, qui va bien avec une chanson de Beth Gibbons, rassurante et triste.
En fait, rien n'est vraiment grave. Ni le fait d'avoir cassé une lunch box japonaise en descendant du bus bondé, ni d'avoir perdu une écharpe adorée, ni de devoir finir un roman super nul bêtement acheté juste parce que la couverture était jolie, ni l'idée définitive qu'on ne sera jamais Maurizio Pollini (même quand il se trompe), Martha Argerich ou Glenn Gould. Le moment le plus difficile fut peut-être quand, un dimanche à l'hôpital, j'ai reçu un message qui disait "Docteur Patoumi vous êtes là? J'ai besoin de vous. J'ai peur."
Un petit peu difficile.
Mille envies pressantes pour avoir d'autres souvenirs de cet automne: relire dans un désordre brouillon Freud, Nigella Lawson et la biographie de François Truffaut, écouter Deleuze parler du désir, téléphoner à des gens qu'on aime bien (en fait j'ai très envie d'appeler quelqu'un en particulier, quelqu'un qui m'avait dit un jour "Tiens ta voix a changé, j'aime bien" mais je n'ose pas, j'ai peur de décevoir), photographier le ciel ou le reflet de mon sac et de mes pieds dans le miroir qu'il y a à côté du chauffeur de bus, dévorer les soirs où elle est à la carte la soupe au chocolat du Tire-Bouchon (un dessert décadent avec de la glace à la vanille au milieu d'un chocolat chaud extra avec deux madeleines au beurre salé), recommencer à écrire un journal.
Et puis un mercredi après-midi préparer de la mousse au chocolat et une cocotte de poulet au piment d'Espelette avec dans un coin de la cuisine un concert qui défile sur l'ordi (et si jamais vous le regardez, vous m'y verrez de profil).
Pour le poulet, c'est assez simple, ça plaira à toutes les filles qui ont séduit autrefois des garçons en leur offrant des biscuits et qui inventaient des mensonges fumeux pour ne pas aller à la piscine.
Il faut bien mélanger dans une cocotte un petit potimarron épluché et coupé en morceaux, quatre petites pommes de terre coupées en deux, quatre gousses d'ail écrasées mais pas épluchées, un oignon en quartier, une tranche de lard rôti en lamelles, un peu de sel, du sirop d'érable et de l'huile d'olive. Après, on recouvre tout ça de cuisses de poulet bien élevé massées d'une goutte d'huile d'olive, d'un peu de sel et plein de piment d'Espelette. On couvre et on oublie au four le temps d'aller voir si l'on est au moins capable de jouer North Avenue au piano. On découvre un peu à la fin pour griller le poulet, c'était bon et réconfortant (et ça nous a donné envie de regarder Mélo d'Alain Resnais, allez savoir pourquoi).
Mais là, automne difficile, qui va bien avec une chanson de Beth Gibbons, rassurante et triste.
En fait, rien n'est vraiment grave. Ni le fait d'avoir cassé une lunch box japonaise en descendant du bus bondé, ni d'avoir perdu une écharpe adorée, ni de devoir finir un roman super nul bêtement acheté juste parce que la couverture était jolie, ni l'idée définitive qu'on ne sera jamais Maurizio Pollini (même quand il se trompe), Martha Argerich ou Glenn Gould. Le moment le plus difficile fut peut-être quand, un dimanche à l'hôpital, j'ai reçu un message qui disait "Docteur Patoumi vous êtes là? J'ai besoin de vous. J'ai peur."
Un petit peu difficile.
Mille envies pressantes pour avoir d'autres souvenirs de cet automne: relire dans un désordre brouillon Freud, Nigella Lawson et la biographie de François Truffaut, écouter Deleuze parler du désir, téléphoner à des gens qu'on aime bien (en fait j'ai très envie d'appeler quelqu'un en particulier, quelqu'un qui m'avait dit un jour "Tiens ta voix a changé, j'aime bien" mais je n'ose pas, j'ai peur de décevoir), photographier le ciel ou le reflet de mon sac et de mes pieds dans le miroir qu'il y a à côté du chauffeur de bus, dévorer les soirs où elle est à la carte la soupe au chocolat du Tire-Bouchon (un dessert décadent avec de la glace à la vanille au milieu d'un chocolat chaud extra avec deux madeleines au beurre salé), recommencer à écrire un journal.
Et puis un mercredi après-midi préparer de la mousse au chocolat et une cocotte de poulet au piment d'Espelette avec dans un coin de la cuisine un concert qui défile sur l'ordi (et si jamais vous le regardez, vous m'y verrez de profil).
Pour le poulet, c'est assez simple, ça plaira à toutes les filles qui ont séduit autrefois des garçons en leur offrant des biscuits et qui inventaient des mensonges fumeux pour ne pas aller à la piscine.
Il faut bien mélanger dans une cocotte un petit potimarron épluché et coupé en morceaux, quatre petites pommes de terre coupées en deux, quatre gousses d'ail écrasées mais pas épluchées, un oignon en quartier, une tranche de lard rôti en lamelles, un peu de sel, du sirop d'érable et de l'huile d'olive. Après, on recouvre tout ça de cuisses de poulet bien élevé massées d'une goutte d'huile d'olive, d'un peu de sel et plein de piment d'Espelette. On couvre et on oublie au four le temps d'aller voir si l'on est au moins capable de jouer North Avenue au piano. On découvre un peu à la fin pour griller le poulet, c'était bon et réconfortant (et ça nous a donné envie de regarder Mélo d'Alain Resnais, allez savoir pourquoi).
17 Comments:
Ton billet délicieux me réconforte énormément; dans cette photo, j'entends les vagues, je sens le vent dans mes cheveux et tes mots si poétiques me donnent l'impression d'être là. J'ai si envie de la mer maintenant ou de venir chez toi, regarder ce concert ensemble et essayer tes plats magnifiques. Il y a deux ans, j'ai lu un beau roman de Thomas Bernhard (obsédée, moi?) qui s'appelle Le Naufragé en français où le personnage décrit le sentiment d'étudier avec Glenn Gould et de ne pas être à la hauteur. Je me sens si petite quand j'essaie d'écrire mais il faut être courageux.
P.S Je t'envoie deux paquet mais dans le premier, il n'y a pas de lettre!
la photo est très belle.
Mince: je n'ai jamais inventé d'excuses fumeuses pour ne pas aller à la piscine!
Pour l'automne il est un peu tard, mais pour l'hiver, peut être qu'il y aura quelques souvenirs strasbourgeois? Je crois que Mingou va céder à l'appel des fleischschnaka ;)
Ta première photo est très belle mais elle me rappelle que je ne pourais pas venir en Normandie ou en Bretagne entre noel et nouvel an... et j'aurai préféré qu'il en soit autrement!
Hier en me promenant sur la corniche,le vent me caressant le visage, je regardais la mer se briser sur les rochers. Ce matin je lis tes vagues et ton vents qui font joliment échos à ma vie...
J'étais une fille vraiment douée pour les excuses fumantes : j'étais dispensés des trimestre entiers!!
(Moi si, je me suis déjà inventé des excuses fumeuses pour ne pas aller à la piscine, héhé)
J'aimerais tellement partager mon bonheur actuel avec tous les gens que j'aime, un peu comme on partagerait un gâteau, tu vois. En plus, le gâteau est énorme en ce moment.
J'espère que les souvenirs parisiens de cet automne contrebalanceront un peu les moins agréables...
J'espère aussi que la lunchbox n'est pas celle que je crois...
C'est un automne bien difficile pour moi aussi, même si les amis et le travail me réconfortent...
Se souvenir des doux moments aide parfois, d'autres fois, cela fait l'effet inverse.
Je viens juste de voir le coffret d'un certain chanteur :-) à la fnac, et j'ai tellement pensé à toi, c'est rigolo que tu en parles dans ce billet !
J'aime beaucoup la première photo, le temps est un peu gris, mais l'atmosphère normande et Belle Epoque de la plage est réconfortante. Belle occasion de te voir (presque) de profil pour qui n'a pas investi dans les oeuvres de VD...
Docteur Patoumi, ta mélancolie est contagieuse. je vais me concentrer sur le poulet.
Aujourd'hui le film de Wong Kar-wai, celui qui passe ici à ARTV en boucle, m'a fait penser à votre blog et à votre poulet à la mangue. Je compte le faire au cours de la semaine. Je vous en donnerai des nouvelles.
Sinon, passez de belles journées. Même si parfois il y a des mots qui transpercent l'audible et des moments qui nous écorchent le tout. Vous m'avez aidé à passer l'adolescence, j'espère un peu vous aider à être forte durant ces moments difficiles.
Du moins, sourire un peu.
Il ne faut pas regretter d'avoir acheté un mauvais roman à cause d'une couverture... je le fais tout le temps et je me sens toute bête quand je suis déçue, mais ça fait partie du jeu... Malgré les erreurs je serai toujours adepte de cette méthode de sélection.. qui parfois amène de bonnes surprises. c'est toujours un grand plaisir de te lire...
Vanessa: oh là là, je vais surveiller la boîte aux lettres, et me penchée sur Le naufragé!
Grégoire: merci (tu connais l'envers du décor)
Loukoum°°°: dès que vous me dites quand vous pouvez, je veille à ,e pas avoir de gardes ces jours-là et je prends les billets.
Ulije: des trimestres entiers, quelle chance! Je mens très mal...
Mingou: pour la lunchbox, si... mais j'espère qu'on partagera bientôt un gros gâteau!
Marie: j'ai un petit problème avec l'internat de Rennes en ce moment, ça me saoûle grave. Je suis contente que le travail soit source de réconfort pour toi.
Rose: on voit bien mon profil, et celui de G. aussi (sauf que maintenant il a les cheveux plus longs... un peu comme VD en fait^^), c'est rigolo!
Grcaianne: le poulet vaut le coup qu'on se concentre dessus!
Bordel opium: ce commentaire est l'une des choses les plus touchantes que l'on m'ait dites récemment, merci.
Pia: ah, tu me consoles pour le livre!
Patoumi, j'espère que ça va et que tu n'as pas la morale trop basse. Je pense à toi. La couverture du Naufragé ne peut que te plaire avec des statues de Giacommetti. Grosses bises!
Moi aussi j'aurais rêvé d'être Martha Argerich.
Sais-tu qu'elle passe à Lyon le 15 décembre prochain?
Bonne semaine, douce et sereine.
Je me suis trompée. Le concert a (malheureusement) déjà eu lieu. Le 15 déc., ce seront d'autres pianistes.Heureusement, il reste les enregistrements...
Quelle coïncidence, Joyeuse* adore Martha Argerich (elle est belle avec ses cheveux et joue du piano comme Nannerl, la soeur de Mozart Wolfgang) (eh ouais ma fille de trois ans sidère son monde bien comme il faut).
Et elle va adorer des cadeaux de Noël Madame Mo, merci pour le lien.
Bon début de semaine (je ne m'inquiète pas pour la fin) :-)
Vanessa: m-e-r-c-i! Mais tu en sauras plus bientôt!
Cécile: même si la date est passée, merci pour la délicate attention, et la sérénité.
GC: Joyeuse* a bon goût (je suis étonnée qu'elle aime le brocoli)
Mingou: j'ai hâââââte!
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