Une mauvaise fille (qui n'a plus faim)
Dimanche matin, j'ai essayé d'appeler E. Je voulais lui parler de la sortie prochaine du film d'Emmanuel Bourdieu, de mon cake en forme de fleur mêlant myrtilles et groseilles dans une confusion ratée et nous aurions sûrement évoqué les dernières frasques de ma petite soeur. E. n'était pas là et je n'aime pas, c'est d'un commun mais bon, parler aux répondeurs.
Je n'ai pas de nouvelles de Gé. depuis plusieurs semaines, ça me râpe le coeur calibre gros trous. Je ne sais pas quoi faire, s'il faut insister ou si ce silence veut dire "Laisse-moi tranquille". Je me demande si j'ai commis un impair. Je passe nos dernières conversations au tamis. Mes cils se mouillent.
Un lendemain de garde lors de laquelle j'avais découvert avec circonspection la conception qu'a l'hôpital des tomates farcies (il s'agit, voyez-vous, d'une galette de vieux boeuf haché qui surmonte une pauvre tomate acidissime. Mon co interne du jour, peut-être déprimé par son retour de vacances, les a avalées bruyamment en disant "Ca fait longtemps que je n'avais pas aussi bien mangé à l'internat". Je dois être d'un naturel difficile, en fait), j'ai trouvé dans la boîte aux lettres une petite enveloppe rose avec un joli timbre. Je me retiens de l'ouvrir dans l'ascenseur. Puis, confortablement installée sur le canapé du bureau que j'ai déplié et recouvert d'une serviette de plage pour faire genre c'est les vacances, je bois un thé aux fleurs en lisant la lettre de J., que je n'ai pas vu depuis si longtemps, qui peut-être ne me reconnaîtrait pas, qui sans doute me connaît si bien, qui rattrape le temps perdu. Je suis étourdie par le ravissement. Alors pourquoi mets-je tant de temps à me résoudre à lui écrire à nouveau? Nul ne peut comprendre ce qui n'est pas dit. A savoir dans ce cas: je suis tellement contente que vous soyez là. Et que vous ayez fait la tarte au citron de Marguerite D.
Je n'ai jamais rappelé Sa. alors qu'il y a son numéro de téléphone sur un post it à côté de ma lampe de chevet et de vieux numéros des Cahiers du cinéma. J'avais promis à Sa. un goûter avec un gâteau tout moelleux et je ne tiens pas ma promesse. Je m'en veux. Et je ne fais rien. Boudez-moi, je ne mérite pas mieux.
C. a acheté une maison que j'ai déjà vue en photo et qu'elle m'a invitée à visiter mais je suis comme pétrifiée, je n'arrive pas à l'appeler.
R. m'a envoyé la plus jolie carte postale de l'été. Mais je ne sais pas comment lui dire, comme elle m'a fait plaisir. Alors je ne dis rien. Et sans doute me trouve-t-elle très impolie ou pire, inconséquente.
Dans le bus 64 de 8H45 désormais, j'ai été reconnue par I., une lectrice attentive des Lubies. Ce matin j'avais mille questions au bord des lèvres mais je n'ai pas osé. Du coup, elle a cru m'embarrasser alors que la voir me réjouissait... J'espère que nous nous rattraperons la semaine prochaine autour d'un thé.
J'ai dîné avec S. un mercredi dans un restaurant mauve et gris. Je ne sais pas si c'est la coupe de champagne mais ce soir-là, on s'est compris. Et même que ça fait beaucoup de bien. Et que j'aime bien les petites photos qu'il m'envoie, comme un album qui le dessine en creux. Sauf qu'il est de plus en plus probable (sauf intervention divine) que bientôt je quitte Rennes et j'ai peur que S. ne devienne aussi flou que certaines de ses photos.
Les bras de G. et ses baisers recollent les filles cassées avec délicatesse. On va dîner de foie gras à la pimprenelle et de naans au fromage brûlants, on partage en terrasse divers liquides colorés, on goûte à la mélisse et à la saucisse turque, on s'offre des livres qui s'empilent gracieusement dans les recoins du salon, je m'endors parfois aussi sur sa veste.
La vie est un peu moins compliquée au creux de ses bras.
Je n'ai pas de nouvelles de Gé. depuis plusieurs semaines, ça me râpe le coeur calibre gros trous. Je ne sais pas quoi faire, s'il faut insister ou si ce silence veut dire "Laisse-moi tranquille". Je me demande si j'ai commis un impair. Je passe nos dernières conversations au tamis. Mes cils se mouillent.
Un lendemain de garde lors de laquelle j'avais découvert avec circonspection la conception qu'a l'hôpital des tomates farcies (il s'agit, voyez-vous, d'une galette de vieux boeuf haché qui surmonte une pauvre tomate acidissime. Mon co interne du jour, peut-être déprimé par son retour de vacances, les a avalées bruyamment en disant "Ca fait longtemps que je n'avais pas aussi bien mangé à l'internat". Je dois être d'un naturel difficile, en fait), j'ai trouvé dans la boîte aux lettres une petite enveloppe rose avec un joli timbre. Je me retiens de l'ouvrir dans l'ascenseur. Puis, confortablement installée sur le canapé du bureau que j'ai déplié et recouvert d'une serviette de plage pour faire genre c'est les vacances, je bois un thé aux fleurs en lisant la lettre de J., que je n'ai pas vu depuis si longtemps, qui peut-être ne me reconnaîtrait pas, qui sans doute me connaît si bien, qui rattrape le temps perdu. Je suis étourdie par le ravissement. Alors pourquoi mets-je tant de temps à me résoudre à lui écrire à nouveau? Nul ne peut comprendre ce qui n'est pas dit. A savoir dans ce cas: je suis tellement contente que vous soyez là. Et que vous ayez fait la tarte au citron de Marguerite D.
Je n'ai jamais rappelé Sa. alors qu'il y a son numéro de téléphone sur un post it à côté de ma lampe de chevet et de vieux numéros des Cahiers du cinéma. J'avais promis à Sa. un goûter avec un gâteau tout moelleux et je ne tiens pas ma promesse. Je m'en veux. Et je ne fais rien. Boudez-moi, je ne mérite pas mieux.
C. a acheté une maison que j'ai déjà vue en photo et qu'elle m'a invitée à visiter mais je suis comme pétrifiée, je n'arrive pas à l'appeler.
R. m'a envoyé la plus jolie carte postale de l'été. Mais je ne sais pas comment lui dire, comme elle m'a fait plaisir. Alors je ne dis rien. Et sans doute me trouve-t-elle très impolie ou pire, inconséquente.
Dans le bus 64 de 8H45 désormais, j'ai été reconnue par I., une lectrice attentive des Lubies. Ce matin j'avais mille questions au bord des lèvres mais je n'ai pas osé. Du coup, elle a cru m'embarrasser alors que la voir me réjouissait... J'espère que nous nous rattraperons la semaine prochaine autour d'un thé.
J'ai dîné avec S. un mercredi dans un restaurant mauve et gris. Je ne sais pas si c'est la coupe de champagne mais ce soir-là, on s'est compris. Et même que ça fait beaucoup de bien. Et que j'aime bien les petites photos qu'il m'envoie, comme un album qui le dessine en creux. Sauf qu'il est de plus en plus probable (sauf intervention divine) que bientôt je quitte Rennes et j'ai peur que S. ne devienne aussi flou que certaines de ses photos.
Les bras de G. et ses baisers recollent les filles cassées avec délicatesse. On va dîner de foie gras à la pimprenelle et de naans au fromage brûlants, on partage en terrasse divers liquides colorés, on goûte à la mélisse et à la saucisse turque, on s'offre des livres qui s'empilent gracieusement dans les recoins du salon, je m'endors parfois aussi sur sa veste.
La vie est un peu moins compliquée au creux de ses bras.
28 Comments:
Je suis pareil et çà me stresse tout autant...
ce pas facile de prendre soin de ceux qui nous sont précieux, ceux qui arrivent, avec si peu de choses et tellement de naturel, à nous faire plaisir, rire, chaud... lutter contre la timidité, la gène, l'angoisse, ne pas arriver à dire toutes ces douceurs, l'affection, les mercis, parce qu'on se sent bête et pas assez important pour qu'ils méritent d'être dits... moi j'aime cette fille qui écrit si bien ses manques, sa tendresse, celle qui prépare des tartes au citron délicieuses...
peut être que ceux qui passent ici savent, tout simplement. et puis, il n'est pas trop tard, pour un gros gâteau moelleux...
Ah mais non, vous ne pouvez pas quitter Rennes alors que nous venons tout juste de nous rencontrer !
elle est toute cassée patoumi :(
les amis comprendront, il y a des fois comme ça où on ne se sent la force de rien, et culpabiliser ne permet pas de se sentir mieux.
Allez, un petit sursaut de courage, un mail au lieu d'un message sur un répondeur, une jolie carte faite avec tes propres mains et le sourire reviendra, j'en suis sûre
Bonjour, est ce que tu pourrais me dire où tu as trouvé ton badge fesant référence à Lacan ?
Merci d'avance :)
j'ai l'impression de lire ma description et cela m'effraie et en même temps mes cils se mouillent comme dirait P.!
Tu écris très joliment ici tout ce que tu as l'impression de ne pas arriver à dire ou écrire ; plein de bises !
Faut-il que je prenne également le bus pour vous rencontrer petite Patoumi... ou suis-je comme vous sur la retenue car les choses sont douce quand on les attend... et puis la peur qui nous freine...
travaillez-vous en ce moment dans un lieu (douloureux ?) que je ne connais que trop bien ???
Il semble que les mails vous effraient moins que les lettres ou que les coups de téléphone, ou est ce l'intimité et est ce plus facile avec des (presque) inconnus? En tous cas moi je n'en veux jamais à mes amies qui ne m'ont pas donné de nouvelles depuis longtemps et je suis toujours aussi heureuses de les retrouver, en vrai ou en papier! Je suis sûre que les vôtres sont pareilles.
A bientôt.
comment ça tu n'as plus faim ? pas de problème pour le reste, je suis, tu es, nous sommes tous les mêmes ! m'enfin pourquoi n'as tu plus faim ? vive les bisous, aller demain et/ou ailleurs la vie sera belle !
Cathy: en fait ça me rend triste. Ca craint à mort cet état-là. Mais tu ne devais pas venir à Rennes toi? Il faut se dépêcher avant que je quitte la ville!
Les chéchés: j'aimerais bien partager le gros gâteau moelleux avec vous...
I: si vous saviez comme ça me désole!
Marion: ah oui, le coup de la carte home made, c'est une grande idée! (et demain je vais aller m'acheter un éclair au choco, tu m'as trop donné envie:-))
Cher anonyme: à Beaubourg il y en avait plein
Stef: je suis rassurée de savoir que cet état est partagé!
Rose: merci! Des baisers aussi!
Rennette: mais oui, j'y travaille depuis mai et encore jusqu'en novembre. Tous les jours, le samedi matin et le dimanche parfois, la nuit de temps en temps... J'aime bien.
Florence: oh en fait j'adore écrire des vraies lettres mais je ne sais pas pourquoi en ce moment j'en commence et elles finissent toutes à la poubelle...
Gourmeline: d'accord, j'ai quand même parfois faim. Mais pas beaucoup. J'ai un peu peur de ce qui m'attend, même si la future ville est jolie et pas loin de Paris. J'ai les boules de quitter l'appartement, S., les petits verres à la terrasse du Café du Port, mon magasin de sacs pour enfants préférés et tout ça et tout ça. Et ça me déprime un peu de penser aux cartons qu'il va falloir faire...
et au fait Patoumi tu quittes Rennes pour où?
J'ai constamment ce genre d'actes manqués, c'est pénible !
J'en ai les larmes aux yeux... C'est si vrai et si bien écrit...
Courage Patoumi! Après l'averse, le soleil pointe le bout de ses rayons...
les premières fois où j'ai travaillé en hôpital j'ai cru que la restauration était faite pour rendre les gens malades mais quand j'ai compris que ce n'était pas le cas, j'ai trouvé alors que c'était encore plus grave !
tout ça pour dire que ça n'aide pas à retenir ses larmes et que tu pourrais t'enservir -des larmes- pour faire des caramels aux pleurs salés...
des bises et du courage
Bon alors, elle en est ou Patoumi? Dis nous, ne nous laisse pas dans le flou.
Bon courage et des bisous.
tu sais les vrais amis tu les retrouveras quand tu auras plus la forme..c'est comme ça les vrais amis, pas de nouvelles pendant tes longtemps et qund ca se fait c'est comme si on s'était vus la veille..enfin moi ca marche comme ça
-> Je suis contente de voir que je ne suis pas la seule à détester parler au répondeur!
En général je rachroche directement, (rire) <--
Tu écris merveilleusement bien, tu décris tellement bien les choses que tu penses et que tu vis..
J'adore ton blog ! (k)
Bizzzz
Patoumi, que deviens-tu ? Le moral est-il revenu ? La vie est elle plus ensoleillée ? Je t'envoie mes amitiés et j'espère que la faim revient.
Je comprends totalement ce que tu écris et j'espère que tu vas mieux...
Les chéchés ont dit qu'il n'est pas trop tard pour un gros gâteau.. et moi je dis qu'il ne sera jamais trop tard pour le goûter promis..
le temps passe et passe, les choix se font, tes cartons (moi aussi je déteste ça..) se feront pour se défaire ailleurs, mais toujours avec G. non loin, et tes amies aussi.. et la petite ville près de Paris n'est pas si loin.. serait-ce Rouen? moi j'y ai travaillé "dans ma vie d'avant", si tu fais ton internat là-bas, alors moi je te dis bon choix..
je suis patiente tu sais, et très très occupée aussi, alors pour le goûter, ça pourrait être maintenant, dans plusieurs mois ou plusieurs années, je crois que j'en tirerai un plaisir immense de toute façon..
emporte le post-it dans un carton..
bon courage à toi et dis-toi que tu vas faire de ta vie ce dont tu rêves. et ça, c'est chouette..
à bientôt
Tu reviens quand ? Tu me manques.
Bon, je veux pas dire, mais il est temps de revenir. Au moins pour annoncer la bonne nouvelle ;-)
Quelle bonne nouvelle ? Finalement la vie à Rennes va continuer ?
Hou la!!! Patoumi,
je n'avais pas fait attention,
ça y est, j'ai vu que l'alibi s'est transformé en lubies, très joli aussi!
Que les lubies les plus inattendues soient donc si magnifiquement offertes...et merci pour tous les billets si sensibles!
A bientôt!
Bientôt, quand il y aura moins de gardes, moins de courriers à dicter, moins de choses à ranger ou à retrouver, moins de coups de téléphone à passer, moins de temps à rattraper/retrouver, bientôt donc (et probablement dimanche), des nouvelles fraîches qui déménagent (en fait, pas vraiment...)
Merci pour tous les gentils messages, adorables et attentionnés.
alors, j'attends... avec impatience, de relire tes mots...
des bises
Vivement ton retour! J'espère que tout va bien. Bon courage et à bientôt.
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