vendredi 25 avril 2008

En aparté (3) -le plaisir est un secret, en période rose-

C'était un jeudi un peu humide. Je portais un pull col V, couleur framboise écrasée, et une jupe au tissu souple et doux. J'avais choisi de déjeuner à Histoire de thés.
La première fois que nous y étions allés, c'était l'été dernier, déjà. Un samedi midi, nous avions fait un détour après le marché, malgré la chaleur, le poids des cabas et le fait que nous habitons à l'exacte opposée. Je crois me souvenir que notre motivation à y déjeuner était le fruit d'une précédente frustration. En effet, quelques temps auparavant, nous avions voulu nous installer à la terrasse de ce salon de thé, en fin d'après-midi, mais nous avions été éconduits, parce qu'il était trop tard, selon la propriétaire. Pour ma part, je jugeais que 17h00 était une heure convenable pour boire un thé mais bon. En temps ordinaire, j'aurais renoncé à cet endroit, mais c'est aussi une librairie et il y avait du cheesecake à la carte.
Ce samedi-là, j'avais vraiment regretté de ne pas avoir pris d'appareil photo, car le lieu est très joli et saurait plaire à toutes les amatrices de Jane Austen. Tissus liberty, vaisselle dépareillée, théières fleuries, coussins dodus. Et pour ne rien gâcher, plein de livres, que l'on peut feuilleter ou acheter, des magazines de décoration et toute la presse culinaire supportable (c'est à dire pas des trucs moches, impersonnels et avec autant de fautes d'orthographe que de publicités).
Sur un petit comptoir, gâteaux et biscuits s'étalent en parfaite décadence sucrée.
Ce qui dépare un peu, c'est la maîtresse de maison. Dans ce cocon fleuri et hors du temps, on s'attendrait à voir surgir des cuisines une femme un peu ronde, aux joues aimables, une brune avec un chignon, des fossettes pourquoi pas, un tablier blanc festonné noué sur une robe avec des poches, d'une couleur subtile en tout cas, un ton profond. Elle aurait un sourire doux et gourmand. Bon, la dame qui vous acccueille est en fait un paradigme vivant de la parfaite bourgeoise rennaise. Elle est brune, d'accord, il y a un ruban un peu apprêté qui retient ses cheveux mais elle porte une robe de créateur et des chaussures pointues. Et surtout, il n'émane d'elle aucune chaleur gourmande, on dirait qu'il ne faut surtout pas qu'elle se tâche et elle fait le service avec une froide préciosité qui aurait dû m'alerter. Parfois je suis d'une naïveté confondante.
De ce déjeuner, je me souviens d'un gaspacho fraise-tomate, délicieux, servi dans une tasse en porcelaine fine, ajourée d'un filet d'or. Je ne me souviens plus vraiment de l'assiette estivale, si ce n'est qu'il y avait une terrine de fromage de chèvre aux herbes, rien de renversant. Je me souviens surtout du gâteau chocolat et caramel du dessert, absolument infect et que je n'aurais pas fini.
Si j'étais moins naïve et moins sensible aux tissus fleuris, je n'aurais peut-être pas renouvelé l'expérience.
Mais...
Ce jeudi était donc un peu humide et je frissonnais dans mon pull framboise écrasée.
Il y avait une petite table pour fille seule qui m'attendait, avec une vue plongeante sur le comptoir à gâteaux et j'ai reconnu les petits moelleux caramel et chocolat. La propriétaire avait toujours un ruban dans les cheveux et était en grande conversation avec une jeune femme rousse au regard de (mauvaise) tragédienne. Elle fut bientôt rejointe par un jeune homme en manteau noir, manteau qu'il jeta négligemment sur la petite banquette fleurie m'empêchant ainsi de prendre une discrète photo de ce joli meuble. Ce jeune homme, appelé Simon (je mets rarement des prénoms dans mes billets mais il se trouve que ça lui allait comme un gant), fut rapidement mis à contribution par sa jeune compagne:
"Euh Simon, j'ai lancé une machine de pulls, c'est de la laine, c'est fragile alors j'ai mis sur délicat et y'a pas d'essorage sur ce programme-là donc tu vois, il faudrait que tu programmes un essorage à part, mais pas le fort, pas celui de d'habitude, le doux, celui où il y a une seule étoile sur le bouton. Tu vois?
-...
-Ah oui. Hum, je me doutais que tu saurais pas. Bon ben tant pis, je vais repasser à la maison avec toi pour te montrer, j'arriverai juste un peu en retard à mon rendez-vous, c'est tout."
Pendant ce temps, j'avais jeté mon dévolu sur des lasagnes de saumon aux légumes étant donné que j'étais très moyennement convaincue par l'assortiment pâtes au pistou et carottes à la marocaine qui composaient entres autre l'assiette de printemps et encore moins par un crumble au filet mignon avec des noix de cajou. Je n'ai pas compulsé très longtemps le magazine de cuisine que j'avais choisi parce que cinq secondes après un petit "dring" microondesque, mes lasagnes sont arrivées, accompagnées de feuilles de salade géantes recouvertes d'une vinaigrette qui se révèlera trop salée. Mais bon, les lasagnes ne sont pas mauvaises, les légumes fondus ont très bon goût. Le saumon n'a aucun intérêt mais je m'en doutais un peu. A vrai dire, il est tellement cuit qu'on dirait un peu du thon en boîte.
Ne pouvant faire abstraction de la conversation de mes voisins, j'avais un peu de mal à me concentrer sur mon magazine de cuisine en attendant le dessert (quelle témérité! Je m'étonne moi-même), surtout que la salle s'est remplie de filles seules (en veste en velours côtelé) et qu'il y a dans l'assistance des personnes de ma connaissance. Sur le comptoir, il y a du pain perdu amandes et fleur d'oranger qui m'a l'air un peu décrépi, une tarte au citron un peu fatiguée, des sablés au chocolat et un beau clafoutis framboise et vanille qui me tente parce qu'il n'est pas entamé (et qu'il me paraît donc frais, car voyez-vous, Simon commandera lui aussi les lasagnes au saumon et après nos deux parts, elles seront rayées de la carte. C'est quand même un peu suspect, non?). Le clafoutis est tellement frais qu'il est encore tiède, il s'affaisse voluptueusement dans ma jolie assiette sauf que je ne le finirai pas parce qu'elle a oublié de mettre du sucre et j'ai juste l'impression de manger de la bouillie chaude et fade. Je trie les framboises.
Ma naïveté a des limites.
Je regrette que l'on y mange si mal parce que le lieu est vraiment agréable. Alors on peut juste venir boire un thé (d'autant que c'est ouvert jusqu'à 19heures maintenant) et rêvasser à des vacances dans la campagne anglaise en se réchauffant les mains sur une théière fleurie...


Histoire de thés
43 rue de Dinan
35000 Rennes
0299657592


Hier après-midi, après d'interminables colloques avec moi-même, j'ai décidé d'aller voir The Darjeeling limited. Je sais qu'il est sorti depuis longtemps déjà mais G. était très réticent à y aller (pour ne pas dire: il refusait catégoriquement d'y aller) et les horaires n'étaient jamais très convaincants. Mais, comme G. est à Paris et que je suis punie par l'internat à rester au bureau à relire tout un tas de fiches indigestes, je pouvais, en faisant taire ma culpabilité, aller tranquillement à la séance de 18h10 si le coeur me disait.
Le coeur me disait mais la raison m'a retenue jusqu'à 17h55, ce qui fait qu'au dernier moment, dans un élan désespéré, j'ai enfilé les premiers vêtements qui se présentaient à moi (car je travaille en mou insortable) et j'ai filé au cinéma. Il faisait super beau, j'ai cligné des yeux pendant les premiers mètres, je n'étais pas sortie depuis trois jours. Il faisait très chaud aussi, je n'étais pas au courant et j'avais encore mon manteau.
Dans la salle, il y avait un couple d'Allemands qui mangeait du pain aux céréales en faisant beaucoup de bruit.
Je suis sortie enchantée et ravie. J'ai adoré cette histoire de garçons qui ont un peu peur de grandir, qui ont du mal à s'accomplir, j'ai adoré le regard de Sweet lime, les repas dans le train, les hésitations et les doutes, les malentendus, et j'ai adoré, avouons-le, Adrien Brody, parfaitement irrésistible en migraineux à lunettes chaussant du 45 et abordant, comme Antoine Doinel en d'autres lieux et d'autres époques, avec une anxiété certaine, sa future paternité. Je crois que j'ai un truc avec les garçons qui ont un grand nez.


Je suis rentrée, même mes cheveux souriaient tant ce film m'a plu, et j'ai préparé des ravioli au fromage, avec une sauce au mascarpone et au gorgonzola et un peu de jambon de parme. C'était bon, je revoyais les images du film, défiler comme un train.


Le titre n'a rien à voir avec tout ça, mais j'ai réentendu cette chanson de Souchon ce matin, sur une vieille cassette, chantée par Vincent Delerm. Et j'aime bien.

dimanche 20 avril 2008

Après les jours gris -le poulet à la mangue et au gingembre de ma maman-

Ils arrivent toujours sans prévenir.
A cause d'eux, l'oreiller est mouillé de larmes, la radio reste muette, même pour les émissions de Raphaël Enthoven ("C'est de la soupe" assène l'un de nos libraires préférés, mais moi j'aime sa voix, surtout quand il dit "Cette semaine, les nouveaux chemins de la connaissance s'intéresseront au travail et essaieront de répondre plus particulièrement à la question "A quoi cela sert-il de travailler?"" Mille réponses très raisonnables surgissent spontanément mais mon état d'esprit laisse la question en suspens) et on se lève chaque matin en ayant l'impression de n'avoir jamais dormi.
Les jours gris donnent un goût de pluie à des petits pots de crème à la vanille ratés.
Ils crispent le sourire.
Ils creusent les cernes.
Ils alourdissent chaque pas.
On n'a pas très faim.
On n'a pas envie de lire.
On travaille beaucoup, ça évite de penser.
On n'est même pas gênée de porter un collant filé.
On ne regarde pas avant de traverser.
La moindre remarque devient déplacée et le regard réprobateur de la caissière de supermarché suite au temps que vous passez à rassembler votre monnaie vous fait monter les larmes aux yeux.
Vous êtes saisie de honte en vous surprenant à contempler le vide sombre de votre état alors que vous croisez de jeunes gens qui font la manche. Vous vous détestez.
Vous n'avez pas le courage de raconter ça dans votre journal. Mais vous ne sauriez de toute façon pas exactement quoi dire. Car c'est bien le problème des jours gris; leur origine est obscure, ils sont inconsistants, immatériels mais terriblement denses, ils pèsent une tonne sur la poitrine. Mais à la question "Qu'est-ce-qui ne va pas?", vous ne savez répondre rien d'autre qu'un silence.
Ou "Je n'y ai vu que du feu, du vent/Telle qu'en moi-même et telle qu'avant/J'ai raté ma vie en deux temps/Trop occupée à faire d'autres plans"
Et puis, les jours gris disparaissent comme ils étaient apparus, on dirait que quelqu'un a soufflé dessus (d'ailleurs quelqu'un a soufflé dessus).
Vous rassemblez vos esprits, vous avez l'impression d'avoir donné le coup de pied salvateur qui fait que si vous sombrez dans les flots, il vous fera revenir à la surface. La bouffée d'air que vous inhalez vous vivifie toute entière.
J'ai dévoré de petits sandwiches au pain d'épices banane/cannelle et au sablé de Wissant pour fêter ça.
J'ai bien aimé une histoire de novices vénitiens en proie au doute.
J'ai adoré suivre les petits-déjeuners de la famille Ricorée.
J'ai feuilleté et étripé avec un bonheur sans égal les vieux magazines qui traînaient sur l'étagère du bas de mon placard. J'ai ainsi trouvé une super belle photo de Léon et Sophie Tolstoï.
J'ai pris des places pour Myth .
J'ai pris l'habitude d'ouvrir avec plaisir une jolie boîte de sardines.
J'ai essayé une chouette tunique (qui n'est pas orange et rose même si c'est la tendance cette saison nous dit-on ).
J'ai reçu une carte postale qui me parlait avec délicatesse d'Hélène Berr.
J'ai mangé, dans un restaurant au charme très désuet, les premières framboises du Maine et Loire, charnues, veloutées, acidulées. Elles allaient très bien avec quelques fraises, de la glace à la vanille et une tuile à la nougatine.
J'ai réussi le poulet à la mangue de ma maman, "aussi bien qu'elle" a dit G. en fin connaisseur.


Cette recette est un de ses classiques, qu'elle est contente que nous réclamions car elle est très simple à faire pour un résultat très réjouissant. C'est à la fois acidulé, salé, sucré et le gingembre parfume délicieusement l'ensemble. J'aime par-dessus tout noyer mon riz bien chaud de la sauce épaisse et aromatique.

Le poulet à la mangue et au gingembre de ma maman

-un poulet bien élevé
-une mangue mûre à point, épluchée et coupée en morceaux
-trois échalotes
-le jus d'un citron vert
-deux cuillérées à soupe de miel
-un gros pouce de gingembre râpé
-de l'origan (ça peut paraître bizarre, mais c'est absolument indispensable et, pour l'avoir essayé, insubstituable)
-de la ciboulette
-du sel, du poivre
-de l'huile d'olive, du beurre salé

Masser le poulet à l'huile d'olive, au sel, au poivre. Ne pas oublier d'assaisonner l'intérieur. Eparpiller de l'origan sur toute la surface de l'oiseau.
Le mettre à rôtir avec les échalotes (je suppose que chacun a sa technique particulière de rôtissage).
Un peu avant la fin de la cuisson, faire revenir la mangue dans un peu de beurre salé. Ajouter le gingembre, puis le miel et le jus de citron vert. Laisser cuire un peu.
Récupérer le jus du rôti (si vous pensez à déglacer le fond du plat à mi-cuisson, il doit y avoir en abondance) et le verser sur la mangue.
Laisser cuire le fruit pendant que vous découpez le poulet (personnellement je préfère le blanc).
Verser la sauce dans un grand bol creux, ajouter beaucoup de ciboulette ciselée.
Servir le riz, le poulet, et napper de sauce. C'est bon!


Suite à l'histoire d'eva, une brocante un dimanche sous la pluie et une boîte à chaussures qui renfermait de jolis menus, je ne résiste à vous parler d'un très joli livre trouvé dans une librairie parisienne à minuit moins le quart, un soir de printemps.
Dans Le carnet d'or de Stéphane Mallarmé, vous trouverez huit menus nés de son imagination où se croisent coquillages de mer en buisson et glace pralinée aux amandes fraîches pour le menu d'un déjeuner au bord de la mer ou truites à la Chambord et cailles au nid pour le menu d'un dîner de rentrée à Paris ("intime" est-il précisé). En bonus, quelques étonnantes recettes à découvrir.


Vendredi dernier, c'était mon dernier jour au labo! Comme je suis polie et bien élevée, j'ai mis de côté le fait que plusieurs personnes continuaient à m'appeler Saphir ou Shiraz voire Schéhérazade (ces prénoms se rapprochant très vaguement du vrai prénom de Patoumi) et je leur ai préparé un appétissant gâteau de départ (un gâteau au double yaourt à l'orange et au chocolat, sans substances létales par ailleurs, vous pouvez me croire). Je l'ai laissé dans la salle de pause avec une petite pancarte (menus travaux de découpage et d'utilisation de cure dent), précisant à l'encre rose sa nature.
Première réaction de ces gentilles personnes au moment de la découpe de mon gâteau gonflé et doré: "C'est un gâteau Alsa ça non?"
Ahem.
J'espère ne jamais remettre un orteil là-bas.

La première photo est une image de L'avventura, de M.Antonioni.

mercredi 9 avril 2008

Ni civet de bulot, ni oeufs de cent jours. Ni orchestre de bal, ni kiwi au maroilles -les petits gâteaux qu'il préfère-

Il aime les radis roses à la croque-au-sel, les extrémités des croissants, les gaufres de bord de mer, la crème caramel de sa maman, mais pas les pommes de terre.
Il aime la bavette d'aloyau saignante, avec des échalotes.
Il aime le saumon au sel grillé comme au Japon.
Il aime les yaourts avec de la confiture à l'abricot et à l'armagnac.
Il aime le café très sucré, les bananes pas trop mûres, le crumble aux pommes bien froid et la croûte de certains fromages.
Il aime les cigarettes russes, les scones au chocolat, les sorbets au citron mais pas les bonbons.
Il n'aime pas non plus le fenouil, le celeri, la cervelle et les endives. Et la daurade.
Il aime les crêpes frangipane et chocolat.
Il aime manger avec des baguettes, rajouter du piment, souvent.
Il aime le nutella un peu froid.
Il aime les fraises servies avec du sorbet au persil.
Il aime la confiture orange et melon de sa grand-mère.
Il aime la saucisse piquante de l'Italien (et préfère les canelloni aux lasagnes).
Il aime le bulgogi, les takoyakis, les nems et le mouhalabieh.
Il n'aime pas les gratins de pâtes et le riz au lait.
Il aime le chocolat chaud que l'on sert à Venise.
Il aime les Granola lors de longs trajets en voiture.
Il aime les croque-monsieur avant d'aller au cinéma.
Il aime la tranche de citron dans le verre de Perrier quand il fait si chaud l'été.
Il aime installer la petite table et des chaises sur le balcon et dîner en regardant la ville les soirs où il fait bon.
Il aime les chocolats de Madame Durand parfumés au whisky (mais il évite consciencieusement ceux au miel et au piment d'Espelette).
Il aime, certains dimanches qui passent comme un rêve, boire un thé Dragon de Fujian en dégustant des petits gâteaux au matcha délicats et parfumés.

Les petits gâteaux au thé matcha, une recette issue de La table du thé
Pour cinq gâteaux de la taille de celui de la photo (en réalité, ce sont des financiers mais comme je n'ai pas de moule idoine...)

-2 blancs d'oeufs (très bientôt, une idée pour utiliser les jaunes)
-95g de beurre salé
-37,5g de poudre d'amandes
-25g de farine tamisée
-75g de sucre glace
-1,5 cuillères à soupe rase de matcha

Préchauffer le four à 180° et y installer vos moules.
Faire fondre le beurre jusqu'à ce qu'il blondisse légèrement. Le filtrer puis le réserver.
Mélanger la poudre d'amandes, la farine, le sucre glace et le matcha puis ajouter les blancs d'oeufs et fouetter jusqu'à ce que le mélange soit bien homogène.
Verser alors le beurre en filet et continuer de mélanger.
Sortir les moules du four, les beurrer si besoin et répartir la pâte (à mi hauteur si vous utilisez des moules à muffins).
Faire cuire 4 minutes à 180° puis baisser le thermostat à 160°, faire cuire 6 minutes puis éteindre le four et y laisser les gâteaux deux minutes (ça, ce sont les ajustements de mon four à gaz, il faut un peu surveiller et éteindre le four quand la surface des gâteaux est encore un peu humide).
Démouler et laisser refroidir sur une grille (ils sont bien meilleurs froids) .


Les jours un peu gris, il aime particulièrement une soupe qui a goût d'enfance et de voyage.

La soupe qu'il préfère
-6 carottes moyennes, épluchées et coupées en rondelles
-environ deux tranches épaisses d'ananas pain de sucre coupées en morceaux
-2 oignons rouges émincés
-2 petites gousses d'ail écrasées
-un gros pouce de gingembre râpé
-un peu de sirop d'érable

Faire revenir l'oignon, l'ail et le gingembre dans de l'huile d'olive avec le sirop d'érable.
Ajouter les carottes, mélanger puis recouvrir d'eau (juste assez pour immerger les carottes).
Couvrir et laisser cuire jusqu'à ce que les carottes soient tendres.
Quand elles le sont, arrêter le feu et ajouter l'ananas.
Mixer. Goûter. Ajouter ce qui vous fait envie (épices, herbes fraîches...) mais il préfère comme ça, nature.

vendredi 4 avril 2008

Jeunes femmes modernes pour parenthèse enchantée -curry, crevettes, lychees et cumbava-


La file d'attente devant la fondation Cartier était on ne peut plus hétéroclite mais j'ai surtout retenu le visage et la silhouette d'une jeune fille sans âge, blonde, à la fois douce et l'air un peu bougon. Elle portait un jean usé et un caban noir en renouvelant complètement le caractère un peu trop déjà-vu de l'assortiment.
La guichetière quant à elle avait une jolie tunique en chambray foncé. Nous avons descendu avec précaution les marches qui menaient à la grande salle presque obscure où Patti Smith avait laissé libre cours à ses envies. J'ai beaucoup aimé ses petites photos alignées dans de grands cadres noirs, et aussi la vidéo où on la voit, portant bonnet, grosses godasses et énorme appareil polaroïd, partir se recueillir sur la tombe d'Arthur Rimbaud. Elle a la ferveur joyeuse et concentrée à la fois. Ce qui me frappe dans ce qu'elle montre, c'est qu'elle est habitée par des figures qui ont aussi peuplé mon adolescence, et qui me hantent encore. On croise, au cours de l'exposition et surtout de la sélection de livres qu'elle propose à la librairie de la fondation, Godard, Camus et L'été, Jean Genet, Virginia Woolf et Une chambre à soi, Pasolini, Proust... En s'extrayant de son petit monde, on est heureux de s'asseoir dans le jardin qui entoure le bâtiment, tout constellé de pâquerettes.
Si vous avez un torticoli, attendez un peu avant d'aller voir Sophie Calle à la BNF. Et même, si vous avez envie de savoir comment elle se remet gracieusement d'une rupture annoncée par mail en en confiant malicieusement la lecture à des femmes d'horizons aussi éloignés que peuvent l'être le métier d'astrologue et celui de pianiste, offrez-vous son livre tout rose, que l'on peut feuilleter un peu chaque jour, lors d'une pause ou avant de s'endormir. Je trouve que c'est un très bel objet. L'expo quant à elle, à laquelle a contribué (ou aurait pu s'abstenir de contribuer, je ne sais) Daniel Buren, donne un peu le vertige. C'est compliqué de suivre à la fois Arielle Dombasle s'époumonnant sur petit écran, Amira Casar (blonde) prestigiditant sur immense écran, le tout en lisant la version des faits de Chloé Delaume. Et, bien sûr, vous ne serez pas seuls dans la néanmoins très jolie salle Labrouste du site Richelieu.
Dans ce programme chargé, il est recommandé de faire une pause à ZenZoo pour siroter tranquillement un bubble tea en regardant l'une des serveuses trier un grand sac de linge.
Marie-Antoinette en nocturne n'attire pas les foules, vous vous en félicitez. Vous pouvez observer à loisirs les portraits royaux (et vous dire "Ah, mais Fersen n'était pas si beau que ça...") et ainsi remarquer comme les peintres peuvent parfois prendre des libertés avec le volume des poitrines des petites filles. Celles-ci sont d'ailleurs nombreuses dans les galeries et supplieront leur maman de céder à une gomme ovale aux couleurs de la Reine. Les mamans préfèrent souvent se laisser tenter par les macarons Ladurée proposés à la sortie (il y en a qui ne perdent pas le nord).
Il pleuvra le lendemain sur le parvis du centre Georges Pompidou. En observant la trajectoire artistique de Louise Bourgeois, vous vous sentirez emplie d'un certain optimisme en pensant que ses oeuvres les plus tardives sont peut-être les plus réussies (en tout cas, ce sont celles qui vous touchent le plus). Et son visage ridé lui aussi s'est adouci avec les années, le regard est pétillant. J'éprouve peu d'intérêt pour ses pièces un peu trop organiques mais je reste marquée par une chaise sous une cloche en verre et des robes légères sur des cintres d'os.
Bon, j'avoue en bonne midinette que je suis que j'ai également été ravie de trouver à la sortie un badge Jacqueline Lacan. J'aurais pu craquer pour Marcelle Proust aussi mais avouez que c'est un peu douteux, non?En traînant autour de l'araignée géante qui occupe en ce moment le grand hall, je surprends un jeune homme raconter avec un enthousiasme bruyant qu'il a croisé Sinclair la veille dans le Marais. Je préfère quant à moi un millier de fois feu Pierre Bourdieu.
Bientôt il est déjà l'heure de reprendre le train. Juste le temps de grignoter encore quelques biscuits à la fleur d'oranger avec une pensée émue pour un dîner délicieux au Pré Verre et hop, on se retrouve à la gare.
La prochaine fois, les épreuves seront passées et j'aurais plein de temps pour aller manger des gyozas ou des pâtisseries ou goûter un nouveau thé avec celles qui voudront.
Merci à G. pour ce weekend impromptu qui redonne plein de force pour le travail!
Merci aussi pour tous les commentaires gentils et encourageants qui donnent envie d'écrire.


J'ai une certaine velléité quant aux nourritures terrestres en ce moment et en attendant les expérimentations du weekend et pour vous épargner une recette de crumble pomme-citron, une idée de curry rapide et sapide qui m'a fait découvrir que en fait, j'aimais bien les lychees. Et vous?

Un curry crevettes et lychees
Pour deux personnes

-une vingtaine de crevetttes crues décortiquées et patiemment dénervées (radio allumée)
-20 cL de lait de coco
-une cuillère à soupe de crème fraîche
-une gousse d'ail écrasée
-2 échalotes émincées
-une cuillère à soupe rase d'un bon curry en poudre (si vous avez de la pâte, c'est mieux mais pas indispensable. Le but est de se fatiguer le moins possible)
-un petit piment rouge égrainé et émincé
-une dizaine de lychees (en boîte, ça ira très bien)
-queques tomates cerises
-deux feuilles de cumbava grossièrement déchirées
-un peu de nuoc mam
-plein de coriandre fraîche

Faire revenir l'ail et l'échalote dans un peu d'huile d'olive.
Ajouter le piment, le curry, bien mélanger et verser le lait de coco.
Ajouter les feuilles de cumbava, les tomates cerises. Laisser cuire un peu.
Au bout de 5-10 minutes, ajouter les lychees et les crevettes. Un peu avant la fin de leur cuisson, verser la crème. Bien mélanger.
Goûter et verser la quantité de nuoc mam nécessaire.
Servir bien chaud avec un peu de riz et recouvert de coriandre fraîche.