vendredi 22 septembre 2006

Pâtes oumi contre les soucis


Pour pas mal de gens qui aiment suivre des principes qui ne correspondent pas forcément à leur désir, le vendredi, c'est le jour du poisson. Je n'en avais pas envie et de toute façon: je n'en n'avais pas à disposition (il aurait fallu aller aux halles, c'est à deux pas, mais aujourd'hui, voyez-vous, l'anticyclone des Açores ne pouvait rien contre le dépression qui s'enroulait autour des îles britanniques et il pleuvait très très fort et j'étais très bien au chaud et au sec derrière mon bureau) et hier, j'ai déjeuné avec E., venue tout exprès de Nantes et j'étais toute contente de lui faire découvrir les niguiris sushis et les california makis du Fuji (4 rue Derval, Rennes, 0299381200). Alors, à midi, l'humeur déjà entamée par une nouvelle matinée à travailler (et à me torturer les neurones pour rien à propos d'un désordre hydroélectrolytique), j'ai dû me résoudre à apprécier des nouilles chinoises instantanées dont la seule qualité était thermorégulatrice.
C'est le coeur un peu lourd que je me suis rendue à un cours où j'ai vu un film absolument terrifiant: imaginez un nouveau-né s'extrayant des voies génitales féminines la face la première, avec les lèvres affleurant la vulve. Oui, c'est une vision atroce, désolé.
Au retour, dans le métro, je lis les Lettres à Milena de Kafka et ça me serre le coeur d'imaginer Franz insomniaque et transi d'amour (et oui, je suis sentimentale, humhum).
Après les situations pénibles s'enchaînent: animosité d'un type de la sncf, vulgarité insultante d'un vieux libidineux sollersien croisé dans une presse, évocation par G. de tracasseries automobiles.

Comme il n'était pas décemment possible de me remettre immédiatement au bureau après cela, je décide de concasser du chocolat à pâtisser puis de répandre les morceaux sur une tartine de pain grillée déjà recouverte de beurre demi-sel. Le chocolat fond légèrement au contact du pain chaud et se mêle délicieusement avec le beurre crémeux, ça fait du bien. (J'ai voulu prendre une photo mais il m'a semblé plus urgent de passer à la dégustation tant que c'était chaud).
Quand il fut question du dîner, G. a parlé de "régression" (son vendredi ayant été également émaillé de divers soucis; je n'ai pas consulté nos horoscopes, Mars et Jupiter étaient peut-être mal positionnés) et nous sommes tombés d'accord sur le pouvoir réconfortant des Pâtes oumi.

Les pâtes oumi
Pour 2 amoureux: cette recette n'est pas très précise, je fais toujours à vue, vous adaptez selon vos goûts
environ 200g de pâtes (cette fois-ci des eliche Monoprix gourmet, mais d'autres fois des conchiglie tricolores ou des paccheri millerighe)
une saucisse de Morteau
3 gros oignons rouges de l'île de Batz
une tête d'ail passée au presse-ail
5 tomates goûteuses (si ce n'est pas la saison ou qu'elles sont insipides, autant les prendre en boîte)
de l'huile d'olive
du sirop d'érable
de la Worcestershire sauce
de la Sriracha (la sauce pimentée conditionnée dans une bouteille en plastique souple avec un bouchon vert qu'il y a sur les tables de plusieurs restaurants asiatiques)
du poivre
du sucre
du basilic frais
du parmesan à volonté

Emincer les oignons.
Les faire revenir à feu dou avec l'huile d'olive et le sirop d'érable.
Quand ils sont translucides, ajouter la Morteau que vous aurez débité en tranches un peu épaisses recoupées en quatre.
Laisser cuire un peu et ajouter les tomates coupées en morceaux.
Verser une giclée de Worcestershire sauce, une autre de Sriracha.
Poivrer. Sucrer. Ajuster.
Pendant ce temps, les pâtes auront largement eu le temps de cuire (la sauce est prête quand elle est brillante et bien réduite).
Verser une petite louche de l'eau de cuisson des pâtes dans la sauce.
Ajouter les pâtes à la sauce et remettre le tout sur le feu pendant cinq bonnes minutes.
Servir dans des assiettes chaudes avec du basilic et du parmesan.